La nièce de Hitler
semblait trop intime et trop important dans
ces circonstances.
— Naturellement.
— Chapitre deux, lut-il. « Années d’étude
et de souffrance à Vienne. » Une citation, Fräulein Raubal : « X
était alors le gardien fidèle qui ne m’abandonna jamais, la compagne qui
partagea tout avec moi. Chaque livre que j’achetais éveilla son intérêt ; une
représentation à l’Opéra me valait sa compagnie le jour suivant ; c’était une
bataille continuelle avec mon amie impitoyable. » À qui est-ce que je fais
référence ?
Elle secoua la tête.
— Eh bien, ce n’est pas à qui, mais à
quoi. La faim. Faire de la faim un être humain m’a semblé un procédé littéraire
fascinant. C’est bizarre que tu ne te souviennes pas de ce passage, dit Hitler
en continuant à feuilleter son ouvrage. Qui produit neuf dixièmes de toutes les
ordures littéraires, du chiqué artistique et des stupidités théâtrales dans le
monde ?
Elle hésita.
Il leva le livre pour montrer un paragraphe.
— Je le dis page soixante-cinq.
— L’Amérique ? hasarda-t-elle.
— Les Juifs. Et les meilleures choses
dans les arts, les sciences ou la technologie sont produites par… ?
Elle eut envie de l’irriter en répondant « les
Juifs », mais il était d’humeur ombrageuse.
— Je n’en ai aucune idée.
— Ah bon ? Et pourquoi, je me le
demande ? Les Aryens, lui souffla-t-il.
Il regarda d’autres pages, puis s’arrêta sur
un paragraphe.
— Le but suprême de l’existence de l’homme
n’est pas le maintien de l’État ou du gouvernement, mais… quoi ?
— Je n’ai que la réponse de mes cours de
religion.
— Nous parlons de mes idées à moi. De Mein
Kampf. Un livre qui sera un jour la Bible du peuple allemand. Le but
suprême de l’existence de l’homme est la préservation de sa propre espèce. Chapitre
trois. Mais nous savons tous deux que tu n’es pas allée si loin, lui dit-il
avec un de ses faux sourires.
Elle le regarda d’un air glacial.
— Voulez-vous que je vous dise
précisément où je me suis arrêtée ?
Avec la rapidité d’un coup de fusil, il devint
blanc de rage.
— Tu oses me parler sur ce ton ? hurla-t-il.
Tu oses ?
Elle fut immédiatement au bord des larmes, et
lui était un géant, archaïque et incontrôlé, un ouragan de colère. Sentant son
estomac se contracter sous une vague de terreur et d’incertitude, elle croisa
les bras et baissa humblement la tête. Elle eut l’impression qu’il avait
transformé ses os en cire molle.
— Pardon, oncle Adolf, dit-elle. Mais
vous me mettiez mal à l’aise.
— Et toi, tu m’as offensé ! Tu as eu
la témérité de me défier ? Moi, Adolf Hitler ?
Elle savait que désormais les choses étaient
tellement hors de proportion que tout était possible. On la renverrait en
Autriche. On l’enfermerait. On la renierait.
— Je ne peux que m’excuser à nouveau, dit-elle
d’une toute petite voix.
— Viens ici, répondit-il.
Obéissante, elle se leva du fauteuil recouvert
de tissu à fleurs et, dans son hébétude, faillit trébucher en allant vers lui. Allait-il
la frapper ? Allait-il lui faire demander pardon à genoux ? Elle avait
l’impression qu’il pouvait la tuer d’un regard. Elle le vit serrer les genoux
et l’entendit lui ordonner de se courber dessus.
— Vous allez me donner la fessée ? demanda-t-elle
avec un gloussement de mépris qui l’étonna elle-même.
Il leva la main gauche d’un geste brusque et l’attrapa
par les cheveux si violemment qu’elle fit ce qu’il demandait ; serrant
très fort ses yeux mouillés de larmes et bloquant les genoux, elle se pencha en
avant, tandis que d’une main son oncle lui attrapait fermement le poignet, que
de l’autre il remontait sa jupe plissée jusqu’à la taille et la frappait si
fort sur la fesse gauche qu’elle fit un bond en avant. Le second coup la cingla
à travers sa culotte de satin rose. Et le troisième fut comme du feu. Mais ensuite
son oncle sembla hésiter, et le quatrième coup fut bien plus doux. Elle sentit
le changement s’insinuer en Hitler alors qu’il hésitait encore, et pendant un
instant elle eut peur qu’il ne la caresse. Elle était sûre que sa main flottait
au-dessus de sa culotte, effleurant une courbe dans les airs, puis il la
recouvrit doucement de sa jupe plissée ; elle sut alors que le pouvoir
avait changé de mains.
Elle se releva et lui fit face, mais il évita
son
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