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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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son cou bronzé, de ses seins ronds et
sa taille au fin duvet blond sur ses avant-bras.
    — Écoutez, oncle Adolf ! Des chants !
    Et elle se leva de la couverture comme si elle
devait absolument voir d’où cela provenait.
    À dix mètres, de l’autre côté des tilleuls, sans
se douter que leur Führer était là, cinq membres braillards des Chemises brunes,
le visage rougi de coups de soleil, étaient installés à une table de
pique-nique en compagnie de deux prostituées pompettes qui ne semblaient pas de
la première fraîcheur, et levaient des chopes de bière en beuglant des Trinklieder. Médusée, Geli regarda une femme effrontée aux cheveux couleur
de Weißbier qui, tout en chantant, laissait son voisin démangé par le
désir fouiller furtivement sous sa jupe, tandis qu’elle joignait les doigts de
ses deux mains avec ceux de l’homme assis en face d’elle.
    — On est invisibles, ou quoi ?
    La question de Geli resta sans réponse.
    Dès la chanson finie, un plaisantin ivre assis
au bout de la table souleva prestement le chandail d’une blonde décolorée plus
corpulente, dont les énormes seins ressemblaient à des mappemondes. Elle se
dépêcha de se recouvrir, mais Heinrich Hoffmann resta ostensiblement bouche bée
avant de sourire à Hitler par-dessus sa coupe de Champagne.
    — Où sommes-nous donc ? demanda-t-il.
À Berlin ?
    Hitler rougit comme si un secret venait d’être
révélé, et porta son regard au loin, vers une course d’avirons sur le Hintersee.
Il arracha des brins d’herbe qu’il mâchonna. Henny fixait toujours les cinq
hommes et les prostituées, comme s’il s’agissait d’un moment important dont
elle voulait graver les détails dans sa mémoire.
    Mal à l’aise, rouge de confusion, Geli se
débarrassa de ses chaussures et, poussant une porte qu’elle s’était fabriquée
dans son esprit, parcourut une centaine de mètres sur de l’herbe ombragée, drue
et fraîche sous ses pieds. Le soleil blanchissait l’azur du ciel et faisait
scintiller l’eau verte, comme si c’était un écrin contenant un fouillis de
bracelets d’or. Elle entra dans la vase tiède du lac, souleva le bas de sa robe
pour patauger un peu plus loin, puis s’arrêta pour regarder avec un amusement
enfantin des petits poissons s’agglutiner soudain autour de ses chevilles et la
mordiller avec de légers chatouillis.
    — Ravissante ! s’exclama Heinrich
Hoffmann.
    Elle se retourna et vit le petit photographe
blond aux épaules carrées, au milieu des roseaux gris de la rive qui lui
arrivaient à la taille, en train d’embobiner la pellicule dans son Stirnschen.
    — Vous m’avez prise en photo ?
    — Bien sûr. Ne bougez pas.
    Hoffmann se pencha un peu en avant et en prit
une autre.
    — Mes chaussures sont trempées, dit-il en
embobinant la pellicule. Regardez dans l’eau comme tout à l’heure, poursuivit-il
en clignant de l’œil dans le viseur, mais vous entendez un bruit et vous
tournez juste la tête, avec étonnement. Comme ça, fit-il avec un geste féminin.
    — Comme ça ?
    — Exactement. Les yeux brillants. Essayez
de faire bouffer vos cheveux.
    Elle obéit, et il prit la photo.
    — Parfait, dit-il. Ça va ?
    — Euh, je ne suis pas modèle.
    Il en prit une autre.
    — Mais si ! Vous êtes une magicienne !
Cette stature, cette ligne, ces traits slaves, ce sourire, ces dents blanches !
    Hoffmann se pencha et Geli entendit le
déclencheur se refermer comme des ciseaux.
    — Mais je me demandais…, dit-il en
réfléchissant. Pourriez-vous m’en montrer plus, s’il vous plaît ?
    — Plus ?
    Hoffmann prit l’appareil dans sa main droite
pour donner ses instructions en agitant les doigts de sa main gauche près de sa
cuisse.
    — Remontez votre robe un peu plus haut, ma
chérie.
    — Vous êtes sûr, Herr Hoffmann ?
    — Tout à fait sûr.
    Elle s’exécuta, mais il insista.
    — Encore plus haut. Vous portez une
culotte ?
    Elle écarquilla les yeux.
    — Alors, remontez votre robe jusqu’à
votre culotte, Geli. Aussi haut qu’un maillot de bain, que nous puissions
admirer la beauté de cette jeune cuisse vigoureuse, de cette croupe pleine.
    — Pleine voulant dire grosse ?
    Elle releva le bas de sa robe jusqu’à ce qu’elle
sente le tissu au niveau de l’aine.
    — Attirante, dit-il. Appelant la caresse.
Voulez-vous vous pencher un petit peu pour moi ?
    Elle le fit.
    — J’ai l’impression d’être une

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