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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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sauve !
    En guise de
réponse, Louis abattit son glaive, qui heurta celui de Gerold. Ils s’affrontèrent
d’homme à homme, égaux en force et en habileté. Soudain, un cheval tout proche
fit un violent écart, frappé par une flèche. L’étalon de Gerold se déroba.
Louis profita de son avantage pour viser le cou du comte. Celui-ci se baissa à
temps et enfonça son épée sous l’aisselle du roi, entre ses côtes.
    Louis eut un
hoquet. Un flot de sang lui vint à la bouche. Son corps se tordit, glissa vers
le sol.
    — Le roi est
mort ! s’écrièrent à l’unisson les hommes de Gerold, exultants. Louis est
à terre !
    Le corps du
souverain traînait au sol, encore retenu à sa monture par un de ses étriers.
Son cheval se cabra. Le heaume royal se détacha, révélant un visage plat, au
nez camus  – un visage complètement inconnu.
    Gerold étouffa un
juron. Un tel stratagème était indigne d’un roi. Ce n’était pas Louis qu’il
venait d’estoquer, mais un imposteur destiné à les leurrer !
    Il n’eut pas le
temps de se lamenter. Déjà, les troupes de Louis encerclaient les siens. Épaule
contre épaule, ses hommes et lui tentèrent de forcer leur barrage en se
protégeant les uns les autres.
    Une tache de
verdure fugitivement entraperçue redoubla l’ardeur de Gerold. Plus que quelques
pas, et ils auraient le champ libre pour se replier au galop.
    Un ennemi se
dressait encore sur son passage, plus solide qu’un chêne. Gerold prit
promptement sa mesure. C’était un robuste gaillard, au torse large et aux bras
puissants. Il portait une masse  – une arme de force, non d’habileté.
Gerold feignit de partir à gauche. L’homme ayant répondu à son geste, il
changea vivement de direction en portant un coup d’épée à son bras droit. Avec
un juron, l’homme fit passer la masse dans sa main gauche.
    Derrière lui,
Gerold perçut un sifflement meurtrier, semblable au froissement d’ailes d’un
oiseau. Il ressentit une violente douleur au moment où la flèche lui
transperçait l’épaule. Impuissant, il vit son épée lui glisser entre les
doigts.
    Son adversaire
leva de nouveau sa masse, et l’abattit presque aussitôt. Gerold eut le réflexe
de fuir, mais il était trop tard.
    Le coup l’atteignit
avec un fracas épouvantable, l’expédiant sur-le-champ dans un monde de
ténèbres.
     
     
    Les étoiles
brillaient d’une imperturbable beauté au-dessus de la plaine noire de cadavres.
Vingt mille hommes avaient péri ce jour-là  – nobles, vassaux, fermiers,
artisans, pères, fils, frères  – au nom de la grandeur révolue de l’empire,
et aussi pour sauver ses derniers espoirs de survie.
    Gerold ouvrit les
paupières. Pendant un long moment, il ne put que contempler les étoiles,
incapable de se rappeler ce qui s’était passé. Une odeur puissante lui envahit
peu à peu les narines. Une odeur désagréable, écœurante, et familière.
    L’odeur du sang.
    Il s’assit. Ce
mouvement provoqua une formidable douleur entre ses tempes, et cette douleur
lui rendit la mémoire. Il porta la main gauche à son épaule droite. La flèche y
était restée logée. Il devait s’en débarrasser au plus tôt pour éviter l’infection.
Il l’empoigna par la tige et arracha sa pointe d’un coup sec.
    La souffrance lui
arracha un cri, et il dut rassembler toute son énergie pour ne pas perdre
connaissance. Au bout d’un long moment, la douleur s’atténua, et il prit
conscience de ce qui l’entourait. La terre, autour de lui, était jonchée des
vestiges répugnants de la bataille : glaives abandonnés, écus fendus,
membres tranchés, étendards lacérés, cadavres froids.
    De la colline où
campaient Charles et Louis descendait la rumeur d’une célébration victorieuse.
Les plaisanteries et les rires rauques flottaient, incongrus, dans le profond
silence de la plaine. La lumière du camp des vainqueurs pleuvait en pâles
lambeaux sur le champ de bataille. Aucun son ne venait du camp de l’empereur,
sur la butte opposée. Pas une torche ne brûlait là-haut. Tout était sombre et
silencieux.
    Lothaire était
vaincu. Ses troupes, ou ce qu’il en restait, s’étaient éparpillées dans les
bois environnants en quête d’un refuge.
    Gerold se leva,
luttant contre une forte nausée. À quelques pas, il reconnut son étalon bai,
horriblement mutilé. Ses pattes postérieures s’agitaient en l’air. Il avait été
éventré d’un coup de lance. Ses entrailles

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