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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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rattrapa.
    — Pas
encore, murmura-t-il.
    Il avait reçu l’ordre
d’attendre. Le flanc gauche devait être le dernier à se jeter dans la bataille,
après les bataillons de Lothaire et de Pépin.
    Telles deux
immenses vagues, les armées opposées, fortes de quarante mille hommes chacune,
déferlèrent l’une contre l’autre. Il y avait là, sur une bande d’un demi-mille
de largeur, tout ce que le pays franc comptait de seigneurs et de nobles gens.
    Avec une grande
clameur, une grappe de cavaliers se détacha en désordre de l’avant-garde
impériale. Ses membres voulaient tous avoir le privilège d’être les premiers à
engager le combat sous les yeux de l’empereur.
    Gerold vit ce
mouvement anarchique d’un mauvais œil. Au train où ils galopaient, ils
atteindraient la rivière beaucoup trop vite, et seraient à coup sûr en train d’y
patauger quand leurs ennemis les rejoindraient, bien campés, eux, sur la terre
ferme de la berge.
    Ivres de vin et
de jeunesse, les cavaliers de Lothaire se ruèrent sans une hésitation dans le
lit de la rivière. Avec un formidable fracas, semblable à celui d’un os qui se
brise, les deux cavaleries entrèrent en collision. Malgré leur désavantage
 – les ennemis, perchés sur la berge, les dominaient de deux bonnes têtes
 –, les soldats de Lothaire se battirent vaillamment, tout en tentant de
maîtriser leurs montures qui glissaient sans cesse sur les roches. Ceux qui
étaient touchés tombaient à l’eau. Pris au piège de la vase et écrasés par le
poids de leurs cottes de mailles, ils étaient souvent piétinés par leurs
propres chevaux, en proie à la panique.
    La deuxième vague
de cavaliers vit trop tard ce qui la menaçait. Poussés, bousculés par ceux qui
les suivaient, ils ne purent s’arrêter à temps. Eux aussi furent forcés de
dévaler la pente boueuse de la berge et de se jeter dans l’eau teintée de sang.
Ils ne firent ainsi que repousser les survivants de la première vague vers les
lances ennemies.
    Seule l’arrière-garde
de la cavalerie, qui encadrait Lothaire, réussit à faire halte avant qu’il ne
fut trop tard. On se replia en hâte. On battit en retraite dans le plus grand
désordre, enfonçant au passage les lignes d’archers et de piétaille qui
venaient ensuite. Les fantassins, épouvantés, jetèrent leurs armes et s’enfuirent
à leur tour pour éviter d’être piétinés.
    La déroute était
totale. Les deux ailes, commandées par Gerold et par Pépin, représentaient le
dernier espoir de salut de l’empereur. De leur position, les troupes de Gerold
pouvaient éviter l’obstacle de la rivière et s’en prendre directement au roi
Louis. Le comte, jetant un coup d’œil sur la butte qui lui faisait face,
constata que Pépin et ses Aquitains se battaient déjà, le dos tourné au champ
de bataille. Le roi Charles devait les avoir pris à revers.
    Il ne fallait
plus compter sur eux pour aider Lothaire.
    Gerold considéra
de nouveau le champ de bataille. Le gros des troupes de Louis avait traversé le
ruisseau pour se lancer à la poursuite de Lothaire. Du coup, son arrière-garde était
imprudemment réduite, ce qui mettait le roi en position vulnérable. C’était la
dernière chance de l’armée impériale.
    Gerold se dressa
sur son destrier et brandit sa lance.
    — En avant !
Au nom de l’empereur !
    — Au nom de
l’empereur !
    La clameur resta
suspendue dans l’air derrière les troupes de Gerold, qui s’élancèrent à flanc
de pente dans un tourbillon de poussière et piquèrent droit sur l’étendard du
roi Louis. Celui-ci flottait, vermeil et bleu, sous le soleil estival.
    La petite escorte
restée auprès du roi resserra les rangs. Gerold et les siens arrivèrent à bride
abattue.
    Le comte tua son
premier adversaire d’un coup de lance. Frappé en plein poitrail, l’homme
bascula à bas de sa selle, entraînant la lance dans sa chute. Armé de son seul
glaive, Gerold poursuivit sa charge avec une détermination aveugle, frappant de
droite et de gauche pour se frayer un chemin, au fil de l’épée, vers l’étendard
de Louis. Ses hommes le suivaient de près.
    Pas à pas, pouce
à pouce, la garde de Louis céda devant la violence de l’assaut. Et tout à coup,
la voie fut libre. Le griffon rouge du royal étendard se dressait sous les yeux
de Gerold. Monté sur un destrier blanc, le roi Louis le regardait fixement.
    — Rendez-vous !
hurla Gerold. Rendez-vous, et vous aurez la vie

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