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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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pour tout arrêter. Peut- être...
    Elle secoua la
tête. À quoi bon se raccrocher à un espoir aussi ténu ?
    Gerold ne
rentrera pas avant deux bonnes semaines. Et le mariage aura lieu dans deux
jours.
    Son salut ne
dépendait plus que d’elle-même. Elle refusait de se marier.
    J’irai voir
Fulgence. Je lui parlerai, je le persuaderai de l’impossibilité de cette
alliance.
    Elle était
certaine que l’évêque n’avait pas signé cet acte de bon cœur. Par le biais de
mille petites attentions, il avait fait comprendre à Jeanne qu’il l’appréciait
et tirait un grand plaisir de ses progrès scolaires  – d’autant plus qu’ils
avaient le don de mettre Odo en rage.
    Richild a dû
trouver un moyen de le forcer à céder.
    Si elle
réussissait à lui parler, elle avait une chance de le convaincre d’annuler le
mariage, ou du moins de le reporter jusqu’au retour de Gerold.
    Et s’il refuse
de me recevoir ? Étant donné les circonstances, c’est fort possible.
    Fulgence dira
la messe dimanche. Auparavant, il se rendra en grande procession jusqu’à la
cathédrale. Je l’approcherai, je me jetterai à ses pieds s’il le faut. Peu
importe. Il devra s’arrêter, et il m écoutera. Je l’y forcerai.
    — Crois-tu
qu’il me reste une chance ? demanda-t-elle au loup en le regardant au fond
des yeux. Cela sera-t-il suffisant pour me sauver ?
    L’animal pencha
la tête, comme s’il cherchait à comprendre. Cette mimique avait toujours
beaucoup fait rire Gerold. Jeanne enfouit de nouveau son visage au creux de l’épaule
musculeuse de son loup blanc.
     
     
    Les tabellions et
autres officiers cléricaux apparurent les premiers, marchant en grande
procession vers la cathédrale. Derrière eux, et à cheval, venaient les membres
du clergé, diacres et sous-diacres, tous splendidement mis. Odo chevauchait
parmi eux, habillé d’une simple robe brune, l’air hautain et réprobateur.
Lorsque son regard tomba sur Jeanne, debout au milieu de la masse de mendiants
et de requérants en tout genre qui attendaient l’évêque, ses lèvres minces se
retroussèrent en un malveillant sourire.
    L’évêque parut enfin,
drapé de soie blanche, à cheval sur un magnifique palefroi caparaçonné de
pourpre. Les principaux dignitaires du palais épiscopal le talonnaient :
le trésorier, le chambellan, l’aumônier. La procession fit halte, aussitôt
cernée par une meute de miséreux en haillons réclamant l’aumône au nom de saint
Étienne, patron des indigents. Mal à l’aise, l’aumônier se mit en devoir de
leur distribuer de menues pièces.
    Jeanne en profita
pour s’approcher de l’endroit où l’évêque attendait, sur son cheval piaffant d’impatience.
    Elle tomba à
genoux.
    — Monseigneur,
entendez ma supplique !
    — Je connais
l’affaire, coupa Fulgence sans la regarder. J’ai rendu mon jugement. Je n’entendrai
pas cette requête.
    Il éperonna son
palefroi, mais Jeanne bondit et s’empara de la bride pour l’immobiliser.
    — Ce mariage
est ma ruine, lui glissa-t-elle rapidement et à mi-voix, afin de n’être
entendue de nul autre que lui. Si vous ne pouvez rien faire pour l’empêcher,
consentirez-vous du moins à le reporter d’un mois ?
    Fulgence tenta d’avancer,
mais Jeanne tira de plus belle sur la bride. Deux gardes s’avancèrent. L’évêque
leur fit signe de rester à l’écart.
    — Une
demi-lune, monseigneur. Je vous en implore, accordez-moi une demi-lune !
    Et en dépit de sa
détermination, elle éclata en sanglots.
    Fulgence était un
être faible, aux nombreux défauts, mais il ne manquait pas de cœur. Son regard
s’adoucit. Il caressa de la main les boucles d’or de Jeanne.
    — Ma fille,
je ne puis rien pour toi. Tu dois te résigner à ton sort, ce qui, somme toute, est
assez naturel pour une femme.
    Il se pencha sur
elle et ajouta dans un souffle :
    — J’ai pris
mes renseignements sur le jeune homme qui sera bientôt ton époux. C’est un beau
et bon garçon. Tu n’auras pas de mal à le supporter.
    Il fit un nouveau
signe aux gardes. Ils prirent la bride des mains de Jeanne et la repoussèrent
dans la foule des manants, qui s’ouvrit sur son passage. S’efforçant toujours
de refouler ses larmes, elle entendit fuser des rires de toutes parts. Un peu
plus loin, elle aperçut Jean. Quand elle se dirigea vers lui, il battit en
retraite.
    — Va-t’en,
maudite ! s’écria-t-il. Je te déteste !
    — Mais...
pourquoi ? Que

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