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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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demandé en lui relevant le menton.
    Un instant, son regard lui avait redonné le goût de celui de Mary, à tel point qu’elle aurait pu s’abreuver à cette bouche avec la même soif.
    — J’avais envie de voir les navires, avait avoué Ann. Père refuse toujours de m’y emmener.
    — Ce n’est pas la place d’une jeune fille de ton rang ! avait fulminé Cormac.
    — Que m’importe mon rang s’il m’empêche de faire ce qu’il me plaît !
    C’était Emma qui, la plus proche, l’avait giflée.
    — Je peux comprendre votre frustration, pas votre impertinence, lui avait-elle asséné.
    — Que savez-vous de mes frustrations ? l’avait-elle narguée encore, vexée.
    Une seconde gifle l’avait empourprée, laissant Emma plus troublée par cet affrontement qu’offusquée.
    — Monte dans ta chambre, avait grincé Cormac, et présente-toi décente au dîner.
    Ann ne s’était pas fait prier.
    A peine la porte s’était-elle refermée sur sa fille que William s’était dressé contre Emma.
    — Ne vous immiscez plus jamais entre elle et moi, avait-il grondé, rouge de colère.
    — Si vous n’étiez pas aussi intransigeant, je n’aurais pas eu à le faire. Que vous coûte de la laisser se distraire ?
    — Elle le fera lorsqu’elle sera mariée ! Je refuse qu’elle salisse le nom que je lui ai donné.
    — Parce que vous vous en imaginez digne ? Vous qui auriez croupi dans un cachot si je ne vous en avais pas tiré.
    — Après avoir œuvré pour qu’on m’y jette !
    Marie Brenan s’était levée d’un bond, larmoyante et défaite.
    — Assez ! avait-elle hurlé. Assez !
    La colère de Cormac s’était brisée dans le désarroi de sa femme. Il en était toujours infiniment épris.
    — Calme-toi, lui avait-il susurré à l’oreille en la reconduisant sur le sofa.
    Elle s’était effondrée en sanglots dans ses bras.
    — Je n’en puis plus de toutes ces questions qu’elle pose, avait-elle hoqueté, de ces nouvelles manies. Je ne la comprends plus.
    — Quelles questions, quelles lubies ? s’était étonnée Emma.
    — Depuis quelques semaines, cela n’arrête pas. C’est parti d’un pendentif. Celui qu’elle portait à son cou lorsque vous nous l’avez amenée.
    — Tais-toi, lui avait ordonné sèchement Cormac, faisant redoubler les tremblements de la malheureuse.
    Emma avait serré les poings sur une bouffée de rage.
    — Qu’elle se taise ? Mais vous rêvez, mon cher. J’exige de savoir. J’en ai le droit.
    — Ce droit, vous l’avez perdu depuis longtemps.
    — Détrompez-vous. A tout moment je peux faire éclater la vérité.
    Cormac avait ricané :
    — Quelle vérité ?
    — Ann ne m’a pas été confiée, avait poursuivi Emma, elle a été enlevée et il ne serait pas difficile de prouver que vous avez été ses ravisseurs.
    Marie Brenan l’avait regardée comme si elle avait eu le diable devant elle. Cormac était devenu livide.
    — A présent que vous voilà calmés, avait lâché Emma avec cruauté, vous allez terminer de me raconter ce que vous m’avez caché.
    — Nous laisserez-vous en paix ensuite ? avait gémi Marie Brenan.
    Emma s’était penchée au-dessus d’elle.
    — Tant que vous me servirez, ma chère. Et à l’unique condition que vous n’oubliez jamais ni l’un ni l’autre ce que vous me devez.
    Marie Brenan s’était blottie plus fort encore entre les bras de son époux, laissant Emma aller se servir un verre de rhum. Celle-ci était revenue avec un second verre qu’elle avait tendu à la malheureuse.
    — Je ne vous veux aucun mal, Marie, avait-elle susurré, radoucie. Je protège mes intérêts et ceux d’Ann. Je tiens à elle autant que vous l’aimez.
    Marie Brenan avait hoché la tête et Emma avait affronté le regard brisé de Cormac sans indulgence, avant de s’installer dans un fauteuil en face d’eux.
    — Je vous écoute, Marie. Vous parliez de ce pendentif.
    — Je l’en ai débarrassée très vite après que nous sommes arrivés ici, me rendant compte qu’Ann le conservait toujours serré dans sa petite main jour et nuit. Je l’ai détaché de son cou alors qu’elle dormait. Ce fut un drame pendant quelques jours, puis, peu à peu, elle s’est apaisée et a accepté celui que je lui ai offert pour le remplacer. Il y a quelques semaines, nous nous préparions toutes deux pour le bal chez l’ambassadeur. William voulait la présenter officiellement et prendre ainsi la mesure des

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