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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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capitaine. Ils changent de cap.
    — Parfait. Ils seront bientôt à portée de tir.
    Un simple coup d’œil lui permit de vérifier que les hommes se tenaient prêts. Sur le pont, enroulés dans des couvertures, les fusils chargés étaient à portée, de même que les sabres et les grenades.
    — Il faut qu’ils ne se doutent de rien.
    — Pas de danger, répondit la Tenaille.
    Corneille s’empara de la longue-vue. Les marchands n’avaient pas l’air, en effet, de s’inquiéter de leur approche. Il retourna dans la batterie pour donner ses dernières consignes. L’équipage s’y trouva rassemblé.
    — Je ne veux voir aucune arme sur vous, aucun signe belliqueux. Nous sommes des marchands en détresse, ne l’oubliez pas. Nous ne l’aurons pas sans combattre, déclara-t-il. C’est un gros gibier pour le Bay Daniel. Nous sommes du même tonnage, mais nous avons l’avantage de la ruse et de notre pugnacité. Si toutefois vous avez des objections à le prendre…
    — Aucune, capitaine, assura une voix. On le veut tous pour Mary. Pas vrai, les gars ?
    « Pour Mary ! » fut leur cri de guerre.
    — Alors, il va falloir nous battre. Jusqu’au sang. Gabiers, affairez-vous, il ne faut pas manquer notre approche. Dès que nous lui collerons au flanc, mettez les voiles à contre, cela nous stoppera net. Servants de canons, il vous faudra mettre en batterie au plus vite. Sou-venez-vous qu’en déposant les roues vous avez gagné en élévation mais perdu en recul. Vous ne pourrez pas recharger. Vous n’aurez droit qu’à une volée par bâbord. Visez pour démâter.
    — Il est dommage de l’abîmer, grimaça Benoît.
    — Je sais, mais je ne veux prendre aucun risque. Des mercenaires sont peut-être à bord. Aussi je veux vous voir mitrailler depuis les hunes.
    — On l’aura, capitaine, lança Christophe Raymond.
    — Je vous sais courageux et déterminés. Mais ne présumez pas de votre supériorité. Duncan m’a prévenu que la vigilance s’était renforcée auprès des navires de la Compagnie des Indes occidentales.
    — Nous avons bien eu ce galion !
    — A trois navires, je vous le rappelle. Leur nombre est équivalent au nôtre sur cette frégate. On ne les intimidera pas. Faites ce que vous devez et nous aurons une belle victoire. Pour tous ceux qui resteront au combat et pour elle. Pour Mary, ajouta-t-il en levant son sabre.
    — Pour Mary pirate ! répondirent-ils en chœur une nouvelle fois.
     
    Ils étaient prêts. Tous. Le marchand se rapprochait. Corneille, à la barre, avait pris une allure débonnaire et les matelots vaquaient comme à l’accoutumée. Dans la batterie pourtant, serrés contre les canons, retenant souffle et mots, on attendait. De même, couchés sur les hunes, des hommes, invisibles pour les longues-vues, étaient parés à tirer.
    — Holà, du Bay Daniell l’apostropha le commandant de la frégate. Des ennuis ?
    — Une dysenterie s’est déclarée. Nous manquons d’eau. Pouvez-vous nous en donner ?
    Ils étaient proches, mais pas assez pour mettre leur plan à exécution. La réponse tarda un instant. Pas suffisamment pour être anormale. Et cependant, l’instinct de Corneille le prévint du danger. Les deux navires glissèrent en une parallèle parfaite.
    — Morbleu, réalisa-t-il. Nous sommes joués.
    Il n’eut pas le temps de donner ses ordres que le sabord de la frégate s’ouvrait, anticipant d’un centième le geste de ses propres batteries. Les boulets se mirent à pleuvoir sur le pont, perçant et brûlant. Des feux s’allumèrent de part et d’autre.
    — Les chiens ! hurla Corneille.
    Répondant à leur provocation, Benoît avait dégagé les sabords et ripostait pour briser le mât de misaine de l’ennemi.
    — Gabiers, laissez filer ! hurla Corneille.
    Eux aussi avaient compris. De leur cale, des uniformes anglais avaient jailli. Le marchand était également un leurre. Un corsaire déguisé.
    En un instant, Corneille se vit rattrapé par le piège qu’il avait imaginé. Les canons de la frégate grondaient. Une fumée épaisse emplissait l’air, le rendant à peine respirable. Les tirailleurs en devenaient impuissants. Et puis, soudain, un craquement sinistre succéda à un hurlement. Corneille releva la tête. Trouant la fumée des incendies et de la canonnade, le mât d’artimon s’effondra, atteint par les boulets ramés de l’adversaire. Il se coucha avec sa voilure dans les eaux sombres, plongeant le Bay

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