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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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avait subtilement déversé le contenu du cabochon de jade de sa bague dans celle de lady Cormac.
    — Vous ennuie-t-il que le saint homme se joigne à nous ? avait demandé celle-ci.
    — Pas le moins du monde. Nous reprendrons cette conversation plus tard.
    Le pasteur s’avançait déjà.
    — Mes chères, les avait-il saluées en leur baisant les mains.
    La conversation était devenue insipide aux yeux d’Emma. Comme tous les notables de Charleston, elle gaspillait une part de ses subsides pour la paroisse et s’en trouvait remerciée en indulgences dont elle n’avait que faire. Il y avait longtemps que son âme appartenait au diable et qu’elle n’entretenait de relation avec le Très-Haut que pour asseoir sa réputation.
    Le seul intérêt de la présence de cet homme à leurs côtés avait été dans l’alibi qu’il lui avait fourni. Tous trois avaient devisé plaisamment en buvant leur chocolat. Marie Brenan avait siroté le sien sans en laisser la moindre goutte. Moins d’une heure après qu’Emma eut pris congé d’elle, les premières contractions la tordaient en deux. Le temps d’envoyer quérir le médecin, Marie Brenan avait passé. Emma ne pouvait pas être inquiétée. Elle avait tiré parti des élixirs de Baletti. Ce qui pouvait guérir pouvait tuer. Elle en avait désormais la preuve.
    William Cormac allait de nouveau devoir se plier à sa seule et unique volonté s’il ne voulait pas perdre sa fille et tout ce qu’il possédait.

25
     
     
    —  C ’est une frégate, assura Corneille.
    Il n’avait pas besoin de longue-vue pour l’affirmer. Sa ligne le lui disait.
    — Coque de noyer, vous avez bien vu, capitaine, assura la Tenaille en ôtant l’instrument de son œil. Que faisons-nous ?
    — Suivons-le, j’ai besoin d’action pour apaiser mes nerfs, déclara-t-il.
    La Tenaille obtempéra.
    — Amenez le vent par le travers ! hurla-t-il.
    On s’activa aussitôt dans la mâture.
    Corneille sortit sa pipe de sa poche et la bourra sans quitter des yeux le navire. Il avait repris la mer. C’était mieux pour les matelots, et pour lui aussi. Mary vivait mais elle demeurait trop faible pour naviguer. Jambe-Torte l’avait confiée à Gave-Panse et au docteur de la Tortue, recommandant de fortes doses de poudre de jésuite pour la remonter. La fièvre avait baissé, mais elle l’épuisait encore.
    Une semaine plus tard, on l’avait estimée hors de danger, à condition qu’elle demeure à terre. Junior avait refusé de la quitter, même pour chercher son trésor.
    — Il ne sert à rien que tu restes là à te morfondre à mon chevet, avait tempêté Mary. Appareille, Corneille. Appareille et prends le vent pour moi.
    Pour elle, il aurait fait n’importe quoi.
     
    — C’est bien un marchand, confirma la Tenaille quelques heures plus tard.
    — Eh bien, nous allons le prendre. Par la ruse, puisque nous sommes à taille égale. Inutile de risquer nos hommes.
    La Tenaille hocha la tête. Tous en avaient besoin. Depuis qu’il avait quitté le port, y abandonnant Mary et Junior, l’équipage était d’humeur morose. Même les frères Raymond avaient fait taire leurs chants.
    Un peu d’activité ferait du bien aux hommes.
    — Fais descendre le Jolly Roger et mettre en place un pavillon d’assistance. Nous pourrons ainsi l’approcher sans méfiance.
    Corneille s’accouda au bastingage du gaillard d’arrière et hurla :
    — Branle-bas de combat !
    Un cri de joie lui répondit aussitôt.
    En quelques minutes, tout s’organisa. On grimpa les fusils dans les hunes, vérifia les couleuvrines de pont, s’assura des gargousses à portée tout en les camouflant sous des bâches. Corneille descendit dans la batterie.
    — Nettoyez les boulets, insista-t-il, je veux qu’ils volent droit et loin, et remplacez les pierres à fusil. Nous ne pouvons pas nous permettre la moindre erreur. Benoît, continua-t-il, fais caler les canons et les mettre au sabord. Volets fermés. Déposez aussi les roues des affûts.
    — A vos ordres, capitaine.
    On acheva de ranger les branles dans les coffres, tandis que la meule crissait dans un coin, affûtant les lames tour à tour. Corneille vérifia les grenades dans une caisse.
    — Tout est en place, capitaine, lui lança l’Antoine.
    — Rassemblement des hommes dans quinze minutes, ordonna Corneille avant de regagner l’air libre et de rejoindre la Tenaille sur le gaillard d’arrière.
    — Ils nous ont aperçus,

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