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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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désespérée, réalisa-t-il devant la taille de l’émeraude.
    — Plus que tu ne crois.
    — D’accord. Que veux-tu ? En dehors du mariage.
    — Des vêtements d’homme pour me changer. Je ne peux rester ici.
    — Tu ne voudrais pas les miens, aussi ? s’amusa-t-il.
    — Peu m’importe, du moment que tu te hâtes. Ces relents de vinasse me donnent la nausée.
    — C’est vrai, ma foi, que tu n’es guère affriolante. Attends-moi, miss Cormac, je vais voir ce que je peux faire.
    Elle fouilla son regard.
    — Ça va, assura-t-il. Je n’ai qu’une parole.
    Elle s’écarta pour le laisser passer. Il revint dix minutes plus tard.
    — J’avais dit des vêtements d’homme, se plaignit-elle en découvrant des jupons et un corset.
    — Je n’ai pas le tempérament d’un meurtrier. Et mes compagnons ne sauraient se dévêtir pour satisfaire ton caprice.
    Ann ne perdit pas de temps. Elle s’écarta de lui, s’enfonça dans l’ombre de la futaille et entreprit aussitôt de se changer.
    — Tu as l’œil, dit-elle. Ils sont presque à ma taille.
    — Isabella a ta carrure.
    — Qui est Isabella ?
    — La putain à qui j’ai dû les emprunter.
    Ann sursauta, la voix s’était rapprochée dans son dos et son corset n’était pas encore lacé.
    — Ecarte-toi, ordonna-t-elle d’une voix blanche.
    Il n’en fit rien.
    — Détends-toi, je viens t’aider, pas te violer.
    — Qui me le prouve ?
    — James Bonny préfère les dames consentantes.
    Ann le laissa tirer sur les lacets pour les resserrer.
    — C’est ton nom ?
    — Oui, damoiselle Cormac.
    — Pour où appareilles-tu ?
    — New Providence.
    — Sur quel navire ?
    — Le Charleston Bay. Tu veux aussi connaître le tonnage et le nom du capitaine ?
    Il remonta ses doigts jusqu’à sa nuque, et Ann se mit à frissonner.
    — Que fais-tu ? demanda-t-elle, troublée.
    — Je me paie, dit-il simplement.
    Ann retint d’une main le pendentif qu’il venait de détacher. La porte s’ouvrit et l’aubergiste descendit les marches avant que James Bonny ait pu le récupérer.
    Vive comme l’éclair, Ann en profita pour lui filer entre les doigts, bousculant l’aubergiste, tout aussi surpris de ces jeux dans sa cave que le matelot l’avait été.
     
    « Deux heures, se dit-elle en enfilant les ruelles. J’ai deux heures pour trouver une idée. »
    Sa première réaction en sortant de l’auberge avait été de s’immobiliser pour contempler le port de Charleston. Mais elle ne jouit pas longtemps de cette image. James Bonny, remis de sa surprise, allait certainement la courser.
    Elle avisa des vêtements de garçon qui pendaient à une fenêtre. Ils étaient mouillés encore. Elle grimpa sur une caisse, pria le ciel pour que son matelot s’égare dans une autre ruelle et, avisant une encoignure, ôta prestement les habits qu’il lui avait donnés. Pour l’usage qu’elle voulait en faire, ceux qu’elle venait de dérober seraient bien plus utiles.
    Elle attacha ses cheveux avec une dentelle qu’elle arracha du corset et ressortit de l’impasse en prenant un air détaché. James Bonny ne l’avait pas assez détaillée, dans la lueur de la lanterne, pour la reconnaître au milieu de la foule.
    Elle longea le quai encombré de gens, de voitures et de chargement, en quête du Charleston Bay pour y monter, avec la ferme intention de s’y cacher. La réaction de James Bonny lui avait révélé la faiblesse de son plan. Qui voudrait s’embarrasser d’une épouse et des ennuis que sa parentèle lui attirerait ? Il valait mieux fuir. Pourquoi pas New Providence ? Elle cherchait depuis un quart d’heure le moyen de gagner le bord du navire sans éveiller l’attention, envisageant toutes les hypothèses, lorsqu’une main la saisit au collet.
    — Tu n’es pas encore assez maligne pour moi, susurra la voix de James Bonny à son oreille.
    Elle se mit à trembler et, d’autorité, referma la main sur son collier. D’une poigne musclée, James Bonny la retourna et l’accula contre le mur. Ann serra plus fort son poing et affronta son regard noir, farouche.
    Celui de James Bonny s’enflamma, s’attarda à le sonder. Il soupira bruyamment et lui prit la main sans douceur.
    — Où m’emmènes-tu ? demanda Ann, désappointée. Il ne répondit pas mais l’entraîna à une telle allure qu’elle s’en retrouva essoufflée. Il ne s’arrêta que devant l’église de Charleston, cette église où elle avait

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