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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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saisit à la sortie du bain. La brise de mer les cinglait à travers leurs vêtements trempés.
    Ils coururent sur la grève pour se réchauffer, avant de finir par se laisser choir entre deux rochers assez volumineux et hauts pour les protéger, en riant comme des enfants.
    — Je suis épuisé, lâcha Baletti, le souffle court.
    — Moi de même, avoua Mary en s’agenouillant à ses côtés.
    Sans façon, elle délaça sa chemise et tira sur ses pans pour l’extirper de son pantalon.
    — Que fais-tu ?
    — Ça ne se voit pas, marquis ? Je me déshabille. Et je te conseille d’en faire autant, si tu ne veux pas être glacé au matin. La brise va sécher nos vêtements sur les rochers.
    Il hocha la tête, ému de ce corps nu que le clair-obscur lui offrait, incapable d’en détourner son regard.
    Mary s’en grisa. Elle se refusa pourtant à le provoquer. Elle étendit ses vêtements comme elle l’avait suggéré et s’allongea sur le sable en fermant les yeux, le cœur écartelé de battements désordonnés. Silencieuse. Offerte.
    Quelques minutes passèrent qu’elle se retint de troubler puis le marquis bougea et elle osa un coup d’œil. Voyant qu’il se ralliait à son idée, elle referma ses paupières et attendit qu’il s’étende à ses côtés.
    Les rochers leur servaient d’écrin, le cliquetis des navires dans la rade répondait au murmure du vent dans les voiles. Elle était bien.
    — Tu crois qu’ils vont nous traquer ? risqua Baletti.
    — Non, ils ont mieux à faire. La ville est grande. A moins de se retrouver nez à nez avec un des membres de l’état-major, nous ne risquons rien. Demain, nous nous renseignerons pour savoir si le nom d’Emma est connu dans le comté.
    — Tu disais vrai le jour de nos retrouvailles, chuchota-t-il après un court instant de silence. Tu as changé, Maria.
    Elle sourit légèrement, mourant d’envie de se glisser contre lui, si proche. Elle pouvait percevoir son coude contre sa tempe, son visage surélevé au-dessus du sien. Elle sentait aussi sa crainte de ne pouvoir supporter une étreinte. Elle ne voulait rien brusquer.
    — J’appréhendais de découvrir ton univers, j’appréhendais mes limites, continua Baletti. Tu les as repoussées chaque jour, m’enseignant tout ce que tu savais, pour chasser mes doutes, mes peurs, l’angoissante horreur de mon apparence.
    — Tu en fis de même à Venise. J’étais tout autant vulnérable et blessée.
    — Il n’empêche, Maria. Sans toi, je n’aurais pas pu atteindre Charleston.
    — Tu as bien gagné le Yucatán.
    — J’ai eu de la chance. Mais pour traverser les Bahamas et atteindre ce pays, elle m’aurait abandonné. Grâce à toi, j’ai recouvré cette force et cette assurance qui m’avaient quitté. Je me sens revivre, Maria. Partout, ajouta-t-il en glissant une main caressante, et pourtant timide, sur son ventre.
    Mary lui sourit en ouvrant les yeux, laissant ceux de Baletti les capturer.
    — Aime-moi, murmura-t-elle.
    — Et si je ne savais plus ? Il y a si longtemps…
    — Tu sauras, marquis. Et si ce n’était, je t’apprendrais.
    Elle l’attira doucement à elle et s’offrit avec tout l’amour qui lui restait.
     
    Ils se rhabillèrent au petit jour, les yeux cernés par leur nuit de veille, mais étourdis de félicité. Cette étreinte n’avait en rien ressemblé à celles d’autrefois. Elle s’était faite douceur, patience, respect de leurs blessures réciproques. Mary avait suivi du doigt ces boursouflures sur son corps, ces chairs épaisses et granuleuses, si sensibles au toucher qu’elles le faisaient frissonner. Il les avait écorchées souvent dans la mâture, avec les cordages. Il ne s’en était jamais plaint, repoussant les limites de son courage, pour la mériter.
    — Je te dois tout, avait-il murmuré avant qu’elle ne s’écarte enfin de lui. Cette renaissance quand je n’y croyais plus, ce goût de vivre que j’avais perdu… Je t’aime, Maria. Plus encore qu’hier. Telle que tu es.
    — Moi aussi, marquis. Voilà pourquoi nous allons terminer ce que nous avons commencé.
    En se redressant pour regagner le port où déjà l’on s’activait, Baletti tendit le doigt vers un navire hollandais qui mouillait.
    — Le Sergent James  ! s’exclama-t-il.
    — Tu le connais ?
    — Et comment ! J’ai vendu ce bateau à un Flamand il y a quatre ans. Il en avait assez de la terre ferme et voulait faire fortune aux Indes

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