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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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occidentales.
    — Un Flamand ? A Venise ? s’étonna Mary.
    — Non, à Ostende.
    — Qu’allais-tu faire à Ostende ?
    — Là-bas, rien, avoua le marquis. Je me suis rendu à Breda.
    Mary arrondit ses yeux de surprise.
    — L’auberge des Trois Fers à cheval est toujours telle que tu l’avais décrite. En fermant les yeux dans la cour, j’ai même eu un moment l’impression d’y entendre le rire des enfants.
    — Pourquoi ce pèlerinage, marquis ? Que pouvait-il t’apporter ?
    — Tout. Rien. J’en ai eu besoin. Cela va te sembler stupide, mais, sitôt remis, j’ai sillonné tous les lieux que tu avais foulés, tous ceux qui avaient compté pour toi. Je me suis rendu sur la tombe de Niklaus, j’ai vu ton notaire, espérant qu’il aurait, lui, des nouvelles de toi puisque Forbin n’en avait pas.
    — Tu me cherchais…
    — Je n’ai jamais cessé de te chercher, dans mes toiles, dans mes rêves, dans chacun de mes pas vers la guérison. Je me disais que si tu n’étais pas morte, ta vengeance contre Emma accomplie, c’était à Breda que tu serais revenue. C’était là-bas que tu avais été heureuse. C’était là-bas, forcément, que tu aurais ramené ton fils. Je n’imaginais certainement pas te trouver en pleine mer, ajouta-t-il en l’embrassant furtivement, du bout des lèvres, l’œil rieur.
    Celui de Mary était d’océan.
    — Allons, viens, ou je vais finir par croire que l’amour ne te vaut rien, alors qu’il me ressuscite. Son capitaine va te plaire, assura-t-il.
    — A condition que ce soit toujours le même, le reprit Mary. En quatre ans, beaucoup de choses peuvent chang e r.
    — Ce Vanderluck ne paraissait pas du genre à s’en laisser conter, assura Baletti en riant, ivre de vie comme il l’avait rarement été.
    Il se retourna vers Mary, qui s’était immobilisée.
    — Hans Vanderluck ? demanda-t-elle, interloquée.
    — Peut-être, je ne me souviens pas de son prénom, avoua le marquis. L’aurais-tu connu ?
    Elle ne répondit pas, mais fut la première à gagner le quai et à chercher un canot qui pourrait les amener à bord.
     
    — Holà ! du navire, cria le marquis en parvenant à sa coque. Pouvons-nous monter ?
    — Pour quel motif ? s’enquit un matelot.
    — Rencontrer le capitaine Vanderluck. Je suis le marquis de Baletti.
    Le matelot s’écarta du bord, puis revint quelques minutes plus tard.
    — Vous pouvez monter, annonça-t-il en déroulant l’échelle de corde.
    — Dois-je être jaloux de ce Vanderluck ? murmura Baletti à l’oreille de Mary, comme elle se précipitait pour grimper.
    Elle répondit par un regard tendre et se hissa avec vélocité.
    Il y avait autant de chances de retrouver Hans Vanderluck à Charleston que d’aborder Baletti en pleine mer des Caraïbes. Elle ne se faisait guère d’illusions. Mais le simple fait d’entendre prononcer le nom du parrain de Junior lui avait donné l’envie de le vérifier.
    Baletti était à ses côtés lorsqu’il surgit de sa cabine, les cheveux argentés en bataille, sa barbe épaisse également, ensommeillé encore.
    — Marquis, déclara-t-il en se dirigeant vers eux. Quelle heureuse surprise !
    Il s’immobilisa à un mètre et son regard s’éclaira d’un tel étonnement qu’il en sembla figé.
    — Morbleu ! jura-t-il. Si ce n’est pas Mary Olgersen que je vois là, je veux bien être damné !
    — Contente de te revoir, Hans ! s’exclama Mary en se précipitant dans les bras qu’il ouvrait.
     
    — Maud est morte des suites d’une fausse couche, raconta Hans tandis qu’ils prenaient un petit déjeuner à bord du Sergent James. J’avais amassé une jolie fortune et James, mon fils, était mousse sur un corsaire, comme je l’avais été moi-même avec mon père, avant la guerre de la Grande Alliance. A l’une de ses escales, je lui ai parlé de mon projet d’affréter un navire et de partir pour les Indes occidentales. Il s’est enthousiasmé. Le beau-père de Maud, qui m’avait accordé sa confiance en me prenant comme associé après nos épousailles, accepta que je le quitte et me prêta l’argent qui me manquait. J’étais sur le port, à la recherche d’un navire à acquérir, lorsque j’ai appris que celui-ci était à vendre.
    — Pourquoi le vendais-tu ? s’étonna Mary en se tournant vers Baletti.
    — Je pensais ne plus en avoir besoin.
    — Il te fallait bien pourtant regagner Venise.
    — Ce n’était pas mon

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