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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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sentit son ventre se nouer. Sa rage se troublait douloureusement de cette vérité que Tom assénait.
    — Assez, décida Corneille en la voyant blanchir. Assez, Tom ! Que tu aies raison ou non importe peu. Aide-nous plutôt à réparer ce qui peut l’être. Sais-tu où Emma a emmené l’enfant ?
    — Comment le saurais-je ? Tue-moi si tu veux, ça n’y changera rien.
    — Si, trancha Mary, écartelée. Ça servira à me soulager !
    — Attends, Mary, s’interposa Corneille. Attends.
    Leurs deux regards s’affrontèrent. Mary baissa son pistolet.
    — Viens, lui dit-elle. Nous avons à parler. Toi, ose un geste, un seul…
    Elle laissa sa menace en suspens. Tom s’écarta pour la laisser aller, la narguant d’un sourire glacé. Lorsqu’ils eurent remonté l’escalier, il s’adossa au mur de pierre, puis lentement se laissa glisser pour s’asseoir à même le sol. Ses tempes lui faisaient mal comme jamais.
     
    — C’est mon ami, Mary. Je ne peux accepter que tu l’abattes sans plaider sa cause.
    Ils avaient regagné le petit salon après avoir refermé la porte de la cave et tiré le verrou.
    — Je comprends. Mais, s’il ment, Junior sera en danger sur La Perle.
    — Je serai là pour veiller. Malgré tout, j’ai confiance en lui. Qui sommes-nous pour lui refuser une deuxième chance ? N’avons-nous jamais menti, volé, tué ?
    — C’est vrai, consentit Mary.
    Une des fenêtres de la pièce ouvrait sur le jardin où Junior jouait avec un épagneul. Son rire leur parvenait. Mary le regarda s’amuser comme il le faisait à Breda avec Toby. On aurait pu croire un instant que le temps s’était arrêté.
    Elle soupira. Elle aurait aimé pouvoir se laisser apprivoiser par la légèreté d’un moment. Elle en était incapable. Elle n’était que chaos. Le visage de Cecily fut de nouveau devant elle. Mary se tourna vers Corneille qui avait entrepris de leur servir une liqueur de farigoule.
    — Il vivra et je lui accorderai la confiance que tu lui autorises. A une seule condition.
    — Laquelle ?
    — Qu’il ne soit pour rien dans la mort de ma mère. Ma véritable soif de vengeance est née là. Regarde Junior, ajouta-t-elle.
    Son fils se faisait à présent débarbouiller le visage à grands coups de langue par le chien.
    — Je ne pourrai jamais pardonner aux Read de m’avoir volé mon innocence, et pas davantage à Emma d’avoir saccagé la sienne. Pourtant, quand je vois Junior, là, je me dis qu’il vaudrait mieux tout oublier. Que la vie peut reprendre partout. À condition d’abandonner sa haine. C’est peut-être ça l’ultime secret de Cecily. Sa dernière pirouette au seuil de la mort. Partir en souriant. Légère.
    Elle avala cul sec le verre qu’il lui tendait. Il réchauffa sa gorge. Pas son âme.
    — Je ne peux pas, Corneille. Je ne peux pas me résigner. Je ne peux pas concevoir l’oubli comme une délivrance. J’ai besoin de tuer les fantômes de ma mère et les miens. Alors, seulement, je pourrai recommencer à envisager un avenir pour Junior et pour Ann. Si Tom est coupable, je dois le condamner.
    — Je comprends. Mais souviens-toi qu’il n’y a pas de souffrance que l’amour et la patience ne puissent guérir. Peut-être que Cecily, elle, aurait pardonné. Fais ce que tu dois, Mary, mais fais-le en sachant ce que cela me coûte de te l’autoriser, concéda Corneille.
    Il s’écarta pour la laisser passer.
     
    Mary redescendit dans la cave. Seule. Corneille ne voulait pas que sa présence interfère, modifie les arguments de Tom. Il s’assit sur une chaise, face à la porte demeurée ouverte. Vigilant. Inquiet. Lucide.
    L’Homme en noir n’avait pas bougé. Ses doigts caressaient la poussière pour tromper son attente. Sa douleur à ses tempes était devenue si dense qu’il en avait le front et les yeux plissés. L’image de Cecily l’obsédait. Cecily dans sa robe rouge qui tournoyait. De plus en plus vite.
    — Je sais que tu as menti tantôt, déclara Mary calmement. C’est toi, et toi seul, que Tobias a gardé sur ma trace.
    — C’est vrai, avoua Tom.
    Lui aussi avait soudain besoin que cela s’arrête. Besoin de savoir quelle vérité se cachait derrière cette image. Il avait trop mal de cette présence insupportable dans sa tête vide. Comme si elle voulait l’emplir à elle seule, comme si elle en était la raison d’être.
    — Tobias Read m’avait chargé de vous éliminer, ta mère et toi. J’ai forcé votre porte

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