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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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avec cette intention. J’ai serré son cou, croyant qu’elle dormait, poursuivit-il.
    Mary sentit son index se crisper sur la détente du pistolet qu’elle braquait sur lui.
    — Mais je ne l’ai pas tuée, mentit Tom. Elle était déjà morte à mon arrivée. Je l’ai regretté, crois-moi.
    — Pourquoi, ricana Mary, tu aurais préféré jouir de son agonie ?
    — Je la connaissais. D’avant. D’avant ce jour où j’ai été blessé, perdant la mémoire. Elle faisait partie de mon passé. J’en ai été sûr dès l’instant où je l’ai vue. Cela n’a cessé de m’obséder depuis. D’avant, il ne me reste que cela. Et mon prénom : Tom.
    — Tom… C’était le prénom de mon père.
    L’Homme en noir blêmit.
    — Ton père ?
    — Il a disparu peu de temps après ma naissance. Ni Cecily ni le capitaine du navire sur lequel il était marin n’ont su ce qu’il était devenu. Il n’a jamais reparu et Cecily m’a élevée seule. Jusqu’à ce qu’elle m’impose à la famille Read comme de leur sang. Nous n’avions pas d’autre choix pour survivre.
    — Ton père… répéta Tom, ébranlé par cette évidence, tandis que la douleur, comme une déferlante, s’emparait de sa cicatrice.
    Il porta ses mains à ses tempes pour les écraser, et ferma les yeux sur une plainte, lugubre, gutturale, qui franchit le seuil de la porte et précipita Corneille dans l’escalier.
    Mary demeura là, immobile, hésitante et désemparée par sa douleur, se demandant ce qu’elle cachait, et qui se trouvait en réalité derrière le masque de cet homme sans mémoire.
     
    Ses souvenirs rattrapaient à présent l’Homme en noir, semblant vouloir lui cracher sa vérité au visage, comme une punition. Ce n’était qu’une succession d’images dans un tourbillon effréné et insupportablement douloureux : Cecily dans cette robe rouge qui virevoltait, un nourrisson dans les bras. Cecily qui s’approchait de lui pour l’embrasser et lui souhaiter une bonne journée. Le cliquetis des mâts des navires sur le port tandis qu’il s’y dirigeait en sifflant. Les tire-bourses qui avaient surgi. Son refus de leur abandonner sa paie. Sa tête qui explosait comme un fruit mûr, et puis de nouveau Cecily. Cecily qui l’attirait à lui en souriant, pour le supplier de l’aimer, heureuse de le retrouver enfin. Ses mains à lui, ses grosses mains calleuses, refusant d’accepter cette vérité. Ses mains qui avaient serré, serré jusqu’à la faire taire.
    La douleur devint intolérable, lui broyant l’âme et le cœur. Il tourna la tête vers Corneille, pétrifié sur les marches, puis fixa Mary de toute la force de son désespoir.
    Il ne pourrait pas vivre avec ça. Non, il ne pourrait pas ! Il ferma les yeux. Puis se déplia d’un bond, pour se jeter au-devant de cette arme qui pouvait seule le délivrer, en hurlant comme un damné.
    Mary tira. A bout portant, instinctivement, pour se défendre de cette attaque.
    L’Homme en noir s’agenouilla dans la poussière. Il fixa Mary avec reconnaissance, puis tomba en avant, à ses pieds, un sourire aux lèvres, comme Cecily qu’il allait retrouver.
     

5
     
     
    M ary parvint à Paris trois jours seulement avant la date du rendez-vous que lui avait fixé Emma de Mortefontaine.
    Elle avait tenu Junior à l’écart de la mort de Tom, refusant de l’impliquer davantage dans sa vengeance. Corneille et Jacques avaient discrètement enseveli le corps dans le jardin à la nuit tombée.
    — Crois-tu qu’il était ton père ? avait demandé Corneille en guise d’oraison funèbre.
    — Il ne l’a pas été, avait-elle répondu sans hésiter, se souvenant des moments privilégiés que Niklaus avait consacrés à ses enfants.
    Qu’il ait été l’amant de Cecily et peut-être l’homme qui l’avait engendrée ne pouvait remplacer ce lien qui n’avait pas été. Pour elle, il demeurerait Tom. Et Tom lui avait fait plus de mal qu’il n’en avait jamais souffert.
    C’était mieux ainsi. Beaucoup mieux.
     
    Au matin suivant, le petit déjeuner pris, Mary avait hâté son départ, refusant de tarder davantage. Junior s’était dandiné sur sa chaise, pressé de retourner jouer avec son nouvel ami qui jappait désespérément derrière la porte.
    L’enfant l’avait pourtant accompagnée jusqu’à l’écurie, le chien à ses côtés. Lorsque Mary avait voulu l’embrasser et lui recommander sagesse et patience, il avait dressé son buste avec

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