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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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n’insista pas.
    Ils se séparèrent à la sortie de la propriété et Mary écarta son cheval de leur groupe, le laissant filer vers la ville.
    Baletti et Hans s’immobilisèrent à quelques encolures, d’un même geste.
    — C’est ma guerre aussi, déclara Hans. Niklaus était mon ami.
    Baletti hocha la tête et, abandonnant les autres, ils firent faire demi-tour à leurs chevaux pour la suivre à distance. En cas de besoin, Mary pourrait compter sur leur soutien.
     
    Il restait trois heures avant le lever du jour. C’était bien suffisant pour Mary. Elle ne voulait aucun mal à ce William Cormac, seulement des réponses. Le même silence régnait sur sa maisonnée que sur celle d’Emma. Visiblement, les puissants ne craignaient pas les brigands à Charleston. Mary renonça à forcer la porte, avisant une fenêtre ouverte à l’étage. Un chèvrefeuille grimpait sur la façade, enroulé sur un claustra qui permettait d’atteindre le balcon. Elle s’y hissa avec agilité, attachant sa monture en dessous.
    Poussant les battants de la fenêtre, elle se retrouva dans un cabinet sombre. Elle se dirigea à tâtons, avançant prudemment pour ne rien renverser. Ses doigts accrochèrent un chandelier. Elle sortit son briquet, le battit et donna de la lumière.
    La pièce était cossue. Visiblement, William Cormac était riche et puissant. Au moins, se dit-elle, sa fille, si tant était qu’elle le fût, n’aurait manqué de rien.
    Le cœur battant, elle ouvrit la porte et se dirigea à l’instinct, attirée par une odeur de tabac froid. Elle poussa une porte entrebâillée, s’agaça de l’entendre grincer, et se glissa dans la pièce, l’arme au poing.
    Elle n’eut pas le temps de s’en servir qu’un coup de pied habilement porté à son bras l’envoya chuter à terre.
    — Ne bougez pas, ordonna une voix d’homme, ne bougez pas ou je tire.
    Mary se contenta de tourner la tête dans sa direction puis de relever sa lanterne pour le dévisager.
    — William Cormac, je présume ?
    — Vous présumez bien.
    — Je viens vous parler d’Ann, déclara simplement Mary.
    William Cormac abaissa son pistolet braqué.
     
    Le jour se levait sur la plantation. Le chant des esclaves montait. William Cormac regarda Mary Read partir au galop, depuis le perron où il l’avait raccompagnée. Il se sentait en paix pour la première fois depuis longtemps, malgré les aveux de cette femme étonnante. Malgré la souffrance qu’il avait lue dans ses yeux, face à tout ce qu’il lui avait raconté à son tour. Enfin, il savait. Enfin, il avait une alliée.
    Ils s’étaient séparés sur une promesse. Celle d’empêcher Emma de nuire encore. Quel que soit celui des deux qui la rencontrerait le premier, Emma de Mortefontaine était condamnée.
    Sur le seuil de sa porte, Mary Read lui avait tendu une main franche.
    — Merci, avait-elle dit. Merci de l’avoir aimée, vous et votre femme.
    — Je n’en ai pas de mérite, milady. Ann fut la plus belle chose qui nous soit arrivée. Malgré tout ce que cela vous a coûté. Retrouvez-la. Et dites-lui mon affection. Elle reste ma fille. Si vous y consentez.
    Mary Read avait hoché la tête. Il l’avait sentie bouleversée. On ne pouvait changer ce qui avait été.
    Elle avait enfourché sa monture et, sans se retourner, l’avait quitté.
    — Mais que faites-vous donc levé à cette heure ? s’étrangla la domestique qui venait de descendre l’escalier pour prendre son service.
    William Cormac referma la porte et réprima un bâillement.
    — Je prends le frais, Margaret, répondit-il en souriant, mais rassurez-vous, je vais me coucher.
    Elle demeura perplexe, d’autant que son maître s’étirait en remontant l’escalier, puis en ressentit une pointe de jalousie, imaginant qu’il venait de reconduire sa nouvelle maîtresse. Elle soupira en se dirigeant vers les cuisines. Un homme tel que lui ne pourrait jamais aimer une servante, mais elle se promit d’essayer, et s’empressa d’aller préparer son petit déjeuner pour le lui apporter.
     
    *
     
    Ann défiait le vent à la proue de La Revanche. Habillée en homme, les jambes ceinturées par des bottes sur son pantalon, un gilet aussi écarlate que celui de Rackham sur sa chemise blanche, elle se sentait fière de sa victoire.
    Ils quittaient l’île des Pins où elle avait abandonné Petit Jack aux bons soins d’une nourrice dans la cabane qui les abritait avec son pirate.
    Elle ne voulait plus

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