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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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être ce mystérieux crâne de cristal, Mary possédait au moins une piste pour surprendre Emma là où elle s’y attendait le moins. Elle se dirigea vers le vestibule et fronça les sourcils devant la clé qui verrouillait encore la porte de l’intérieur. Un frisson la parcourut. Quel être pouvait disparaître ainsi de chez lui ? Les fenêtres alentour étaient fermées. Et maître Dumas, tout alerte qu’il fût pour son grand âge, ne pouvait être sorti par celle du premier. Pour quelle absurde raison, d’ailleurs ? Elle frémit encore. Ne racontait-on pas sur lui d’étranges choses ?
    Mary Read ne chercha pas d’autre explication. Elle en avait lu et vu assez. Elle tourna la clé et sortit, le cœur battant, en se disant que maître Dumas était à la hauteur de sa réputation.
    Toute à ses réflexions, elle remonta une ruelle qui la ramenait vers son auberge, tentant de rassembler dans son esprit troublé les informations qu’elle avait glanées. Elle réalisa trop tard qu’elle était malfamée. Etroite et sinueuse, on ne pouvait y circuler qu’à pied et elle s’était fait réflexion la veille qu’il valait mieux l’éviter.
    — Mordiou ! jura-t-elle entre ses dents.
    Elle avait beau être armée, il était préférable de s’en détourner tant qu’il était encore temps. Elle pivota pour le faire et se trouva nez à nez avec George.
    — Je savais bien, grinça celui-ci, que je ne m’étais pas trompé.
    Mary fit un écart et, avant qu’il ait sorti son arme, avait déjà dégainé la sienne et son pistolet.
    George ricana, révélant deux hommes à ses côtés. Mary risqua un œil derrière elle. Les tire-bourses ne faisaient pas mine de bouger.
    — Rends-toi, Mary Read, lança George, la forçant à reculer dans la ruelle sombre, afin que leur altercation ne fasse pas accourir la police.
    — Plutôt crever ! répliqua Mary en se mettant en garde.
    Elle avait plus à gagner qu’à perdre dans un affrontement. Les trois hommes étaient vigoureux, mais cherchaient ses ouvertures sans tactique. Mary se félicita de ses mois dans l’armée.
    En quelques minutes, le premier s’écroulait, piqué au cœur, et le deuxième voyait sa main droite sévèrement abîmée. Ne resta plus que George.
    Malgré ce qu’avait recommandé Emma, George n’avait aucune envie de lui ramener Mary vivante. Il était temps qu’il débarrassât sa maîtresse de ses regrets et de cette passion destructrice. Mais Mary était coriace. Encore heureux qu’Emma ait jugé indispensable de les nantir d’une épée, sans quoi cette diablesse n’aurait fait d’eux qu’une bouchée. George ne pourrait même pas compter sur l’aide des malandrins. Ils avaient déguerpi aussitôt l’escarmouche entamée. Les gueux ne se mêlaient pas des querelles des autres. Ils avaient bien assez à faire des leurs.
     
    Apercevant le blessé qui s’enfuyait, Mary réalisa que ses complices étaient peut-être encore aux aguets. Elle para une attaque, puis une autre, avant de trouver enfin la feinte qu’elle cherchait. Devant la botte secrète de son ancien maître d’armes, George se retrouva penaud et désarmé.
    — Qu’avez-vous fait d’Ann ? exigea de savoir Mary, le regard furieux et meurtrier.
    Elle avait besoin d’une confirmation pour pouvoir envisager son deuil.
    — Tu t’imaginais quoi ? ricana George, se vengeant ainsi de ces heures où Emma l’avait aimé par procuration. Ta fille était là, juste devant ton cher époux, au moment où Emma a tiré. Elle ne pouvait pas la garder, ainsi aliénée.
    Mary en avait assez entendu. Elle hurla, de rage et de douleur mêlées, perforant le cœur de George avec le sentiment que c’était le sien qu’elle trouait. Puis elle détala pour tenter désespérément de se soustraire à ces images que son imagination lui imposait.
     
    *
     
    Emma s’emporta tant de la perte de George qu’elle acheva d’un coup de poignard en plein cœur le blessé venu à son rapport. L’homme glissa sur le tapis. Les deux hommes qui l’avaient accompagné se gardèrent de tout commentaire. George les avait recrutés pour leur cruauté, leur efficacité et leur discrétion. L’un d’entre eux, avenant de visage, retint l’attention d’Emma.
    — Toi, comment t’appelles-tu ?
    — Gabriel, répondit-il en soutenant son regard.
    Emma ricana, mauvaise, atteinte plus qu’elle ne l’aurait voulu par la perte de George.
    — Tu n’as rien d’un archange. Tant

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