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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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mieux. J’ai besoin de quelqu’un pour remplacer George. Tu feras l’affaire.
    — A vos ordres, fit-il, ravi de cette promotion.
    — Je ne veux aucune trace de tout ceci, tu as compris ?
    — Et les domestiques ? Ils nous ont vus entrer avec lui.
    — J’ai dit aucune trace, répéta Emma. Brûle tout s’il le faut.
    Il hocha la tête et Emma sortit de son cabinet en enjambant le cadavre de l’homme qu’elle venait d’occire sans pitié. Elle en avait vraiment plus qu’assez de cette petite garce de Mary ! Elle héla sa domestique.
    — Fais préparer mes malles. Qu’elles soient prêtes dans une demi-heure.
    — Bien, Madame, répondit celle-ci en se troublant du sang qui tachait les doigts de sa maîtresse. Que dois-je faire pour le blessé ?
    — Ce n’est pas ton problème, ma fille.
    — Bien, Madame.
    La domestique, terrorisée, se dépêcha de s’enfuir dans l’escalier pour obéir aux ordres qu’on lui avait donnés, évitant soigneusement la porte fermée du cabinet, mitoyen de la chambre à coucher.
    Elle venait de terminer sa corvée, en tremblant et en sursautant au moindre bruit, lorsqu’elle avisa un homme qui, accoudé au chambranle de la porte, la fixait.
    Elle tenta de lui sourire, mais son œil, aussi froid que l’acier et le poignard qu’il venait de révéler, la glaça.
    — Pitié ! supplia-t-elle en tombant à genoux.
     
    Emma montait dans son carrosse, pressée de s’éloigner, lorsqu’elle l’entendit hurler.
    — Allons, dit-elle à Gabriel, il vaut mieux ne pas traîner.
    Il hocha la tête et donna un coup de rêne aux chevaux pour les faire avancer. Emma regarda par la vitre s’éloigner son hôtel particulier de Saint-Germain-en-Laye. Elle n’éprouva aucun regret à l’idée de n’y revenir jamais.
     
    *
     
    Lorsque Mary parvint à Toulon, ce fut pour apprendre que La Perle venait de lever l’ancre pour une croisière de plusieurs mois en Méditerranée. Malgré l’envie qu’elle avait de serrer Junior dans ses bras, elle se réconforta de l’idée que c’était mieux pour ses projets. Elle rédigea une longue lettre à l’attention de Forbin, lui racontant ce qui s’était passé à Paris et son intention de gagner Venise, le laissant juge d’annoncer ou non ces terribles nouvelles à son fils.
    Puis elle s’embarqua pour la Sérénissime, bien décidée à percer le secret de ce marquis de Baletti, de maître Dumas, de cet étrange crâne de cristal, et de ces raisons qui avaient pu véritablement conduire Emma à autant de cruauté alors qu’elle avait prétendu l’aimer. A force de tourner et retourner ces questions dans sa tête, elle en était arrivée à la conclusion que l’orgueil blessé de son ancienne maîtresse ne pouvait seul expliquer et justifier cet acharnement. Elle avait lu et relu cent fois la lettre de Baletti à celui qu’il appelait son père. L’explication était ailleurs. Sa vengeance ne pouvait plus seulement se satisfaire de sang.
    Mary regarda s’éloigner les côtes de France en inspirant les embruns qui caressaient son visage. Le roulis du navire s’imposa à ses pieds et elle en retrouva aussitôt le plaisir. La mer lui avait manqué.

6
     
     
    L a beauté des dentelles de pierre embrasées du couchant était à couper le souffle. Cette vision somptueuse acheva de rasséréner Mary. Elle se sentait mieux. Durant la quinzaine qu’avait duré sa traversée, elle s’était apaisée, aidée par le décor que la Méditerranée lui offrait. Elle s’était régénérée.
    Son sommeil était redevenu serein, et les cernes violacés qui ombraient ses yeux, se creusant chaque jour davantage depuis la mort de Niklaus, avaient disparu. L’idée que Junior, sur La Perle, puisse aussi avoir récupéré la convainquit d’avoir fait le bon choix. Mary se sentait de nouveau libre d’agir, de penser, de haïr et de tuer.
    Un des matelots, ayant fait de fréquents séjours à Venise, lui avait donné les informations nécessaires pour s’y repérer et quelques notions d’italien. C’était peu, mais suffisant dans un premier temps.
    Une barque l’amena à terre avec d’autres marins, chargés de prévenir les clients de l’armateur de l’arrivée du navire. Mary les abandonna sur le quai.
    Elle s’avança sur la place Saint-Marc, faisant s’envoler une dizaine de pigeons qui tournoyèrent un moment avant de se poser plus loin. Mary les suivit du regard, se laissant pénétrer par la douceur de

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