Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
se lever. Mary écarquilla les yeux en découvrant qu’une table avait été dressée, éclairée par les bougies d’un chandelier. Deux couverts s’y trouvaient.
    — Tu m’attendais vraiment ?
    — Je connais cette ville comme ma poche, avoua Clément, et tes manières m’ont intrigué. Ceci aussi, ajouta-t-il en extirpant de sa poche une bourse en cuir.
    Mary la reconnut aussitôt, c’était celle qu’on lui avait volée.
    — Ça aussi, c’était toi ? Qui es-tu, Clément Cork, pour détrousser les gens et ensuite les inviter à dîner ?
    — Une sorte de Robin des Bois, sans doute. Mais ne t’y fie pas. D’ordinaire, je ne rends jamais ce que j’emporte, ajouta-t-il en lui tendant son pécule.
    Mary le récupéra sans tarder.
    — Je suppose que je dois te remercier.
    Pour toute réponse, il s’écarta d’elle et s’en fut décrocher de la broche les quatre pigeons qui y tournaient. Il les posa sur un plat d’argent.
    — Assieds-toi, Mary Oliver Read. Je suis aussi curieux de toi que tu l’es de moi. Cela nous réserve une fort agréable soirée, tu ne crois pas ?
    Mary hocha la tête et s’attabla sans hésiter.
    — C’est vraiment chez toi, ici ? lui demanda-t-elle en détachant un morceau brûlant pour le porter à ses lèvres.
    — Bien sûr que non ! Si mes souvenirs sont exacts, cette demeure est fermée depuis au moins quatre ans. J’ai vu que tu t’y intéressais. Le reste était facile.
    — Tu aurais aussi bien pu me rendre mon argent tout de suite, cela m’aurait évité de souffrir de la faim et du froid, remarqua Mary avec une pointe d’amertume.
    — J’ai besoin de temps pour savoir si les gens que je rencontre sont dignes ou non de mon amitié.
    — Et ?
    — Et quoi ?
    — Je suppose que tout ceci a un sens. Pour l’instant, il m’échappe.
    — Comment peut-on se rendre dans une ville inconnue, habillé comme un gentilhomme, avoir des allures de mercenaire, afficher un regard sanguinaire et se laisser détrousser aussi stupidement ? Tu pouvais être une riche personne encanaillée pour le carnaval, incapable de tenir une épée, et, en ce cas, très stupide d’accrocher tes sonnantes à ta ceinture, ou alors un malandrin prétentieux, suffisamment sûr de lui pour oser pareille inconscience. Dans les deux cas, il m’était plaisant de piquer ton orgueil.
    Mary sourit. Clément était fin raisonneur. C’était faux, certes, mais habilement constaté.
    — Tu es débrouillard et méfiant comme un voleur, poursuivit-il, possédant quelque fortune puisque tu as visité un banquier, mais pas assez pour qu’il accepte de te prêter sur ton nom et ta mise. Tu sais te servir de tes armes et réagir au danger.
    — Comment pourrais-tu en juger ? Je ne les ai pas utilisées.
    — Si, une fois. Je voulais vérifier. J’ai lancé un caillou à quelques pas de l’encoignure où tu t’étais réfugié pour dormir. Tu t’es redressé aussitôt en dégainant ton pistolet.
    Mary hocha la tête. Elle se souvenait en effet avoir eu le sommeil agacé à plusieurs reprises.
    — Habitude de soldat, concéda-t-elle.
    Cork la fixa un instant en plissant les yeux. Mary lui sourit sans malice.
    — Je crois que tu es à Venise avec une intention particulière, que j’ignore encore, et pour laquelle discrétion et florins sont de rigueur. Je sais aussi qu’on peut être le plus malin des brigands et perdre la tête dans la folie du carnaval. Les tarentelles ôtent aux mains le pouvoir de saisir l’épée. Les tailles virevoltent et les tire-bourses sont habiles à les approcher. Je ne pouvais faire moins que de m’excuser, acheva Cork.
    — Dans l’espoir de satisfaire ta curiosité ?
    — Je ne suis pas parfait.
    — J’avoue que je suis impressionnée, consentit Mary. J’ai en effet des raisons de me trouver ici, mais ne veux y mêler personne. C’est une question d’honneur. De vengeance aussi.
    Cork hocha la tête.
    — En quoi puisse t’aider ? demanda-t-il simplement.
    — Tu m’apprendrais l’italien ?
    — Considère que c’est déjà fait.
     
    Clément Cork tint parole. Depuis qu’il œuvrait auprès du marquis de Baletti, ses manières avaient changé. Non qu’il soit revenu dans le droit chemin. Il était toujours pirate et heureux de l’être, usant des mêmes moyens qu’autrefois pour repérer ses proies. Baletti l’y aidait, ravi d’excéder ceux qui tiraient profit de l’esclavage et du trafic. Sa cible

Weitere Kostenlose Bücher