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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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enquête a été ouverte, ici, à Venise. Cette fois, je ne peux plus rien contrôler.
    — Souhaitez-vous que je fasse cesser tout commerce ?
    — Non, grinça l’ambassadeur. Je ne veux pas qu’on m’empêche de jouir de mes amusements, je ne veux pas qu’on m’agace, je ne veux pas qu’on me juge !
    — Que voulez-vous, en ce cas ?
    — Je veux la mort du chevalier de Forbin ! explosa l’ambassadeur en trépignant.
    S’il n’avait été aussi déterminé, Cork aurait ri de voir les sursauts graisseux de cette masse informe emprisonner le chiot qui s’était mis à japper pour s’en dégager.
    — Rien que cela, répondit-il en se laissant choir dans un fauteuil. Et comment comptez-vous vous y prendre ? Je vous rappelle que Forbin est difficile à atteindre.
    — La ruse, grinça Hennequin de Charmont en relâchant l’animal qui venait de le mordre. Seule la ruse peut le faire tomber.
    Il ricana, s’approcha de Cork et l’empoigna au collet pour le redresser, les yeux exorbités. Lui imposant son souffle acide, il lui raconta ce qu’il avait imaginé.
     
    *
     
    — La rumeur devra être répandue par les Impériaux eux-mêmes, répéta Cork au marquis de Baletti chez lequel il s’était précipité sitôt que l’ambassadeur l’eut renvoyé.
    Baletti se frotta le menton d’une main ennuyée. Il se félicita que Mary soit absente. Même si Cork se rendait chez lui par un passage souterrain partant de son cabinet et ressortant dans une abbaye, il n’en restait pas moins qu’il aurait été gêné de la mêler à tout cela. Mary avait changé. Elle se montrait douce et tendre, et il la sentait peu à peu s’apaiser, rechercher sa compagnie. Il n’avait pas menti en prétendant l’aimer. A vouloir l’apprivoiser, il s’était pris à son propre piège. La meilleure manière qu’il avait de lui prouver sa sincérité était celle-là. Lui offrir tout et plus encore : ce plaisir qu’elle réclamait dans ses bras, cette discrétion qu’elle espérait et, bientôt, cet ultime secret qui était le sien et que nul, pas même Emma de Mortefontaine, n’avait véritablement percé. Il ferma les yeux et chassa la vision qui l’endeuillait pour se concentrer sur ce que venait de lui apprendre Clément.
    — Forbin est orgueilleux, déclara-t-il. Si on lui assure que le château de Potrée abrite une réserve conséquente de munitions et qu’elle est peu gardée, il est évident qu’il se hâtera vers lui.
    — Les Impériaux le prendront alors en tenaille tandis qu’il canonnera un leurre, termina Cork.
    — Il faut l’avertir, décida Baletti. Je pourrais laisser traîner l’information pour que Mary s’en charge. Mais il m’ennuie qu’elle en soit informée. Elle s’inquiéterait pour son fils.
    — J’ai peut-être la solution, lâcha Cork après un instant de réflexion. Un matelot de Forbin est un ami d’enfance. Il m’a sauvé la mise une fois auprès de son capitaine, ce qui m’a laissé à penser qu’il a quelque influence sur lui.
    — Coutume d’amatelotage ?
    — Je le suppose. Je vais me débrouiller pour le prévenir. L’escadre de Forbin est actuellement au mouillage. Il me sera facile de trouver Corneille.
    — Cela va t’exposer, nota Baletti.
    — L’ambassadeur va trop loin. Forbin doit s’en sortir sans dommage et le fils de Mary aussi.
    Baletti fouilla le regard sombre de Cork.
    — Tu tiens à elle, n’est-ce pas ?
    — Comme à toutes les autres dont le mystère me touche. Je ne l’ai pas aimée, marquis, seulement désirée. Je ne nie pas que cela aurait pu être, mais cela n’a pas été. Je suis heureux de votre entente.
    — Il y a longtemps que je n’avais pas été aussi attentif, et proche de quelqu’un, avoua Baletti. Je ne veux plus qu’elle souffre.
    — Faites-moi confiance, marquis. Je vais agir pour que cela n’arrive pas.
    — Hâte-toi en ce cas. Les rumeurs vont vite, elles pourraient bien te précéder.
     
    *
     
    Clément Cork fit diligence et parvint à Ancône le lendemain soir. Il lui fallut peu de temps pour trouver les matelots de La Galatée. Une taverne leur servait de repère. On y jouait aux dés, on riait fort dans les effluves d’alcool tout autant que de tabac, et la réputation des filles de joie n’était pas surfaite. Si elles savaient compter les pièces qu’on leur glissait dans le corsage, elles savaient aussi satisfaire l’appétit des matelots, depuis trop longtemps en mer.
    Il

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