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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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celui que j’ai connu. Si nous devions y tomber tous deux, qui s’occuperait de Junior ?
    Forbin passa une main lasse dans ses cheveux grisonnants.
    — Peste soit de ce dilemme !
    — Je vous rapporterai ce dont il s’agit. Fidèlement. Comme autrefois.
    — Comme autrefois, accepta Forbin.
     
    *
     
    A minuit sonnant au gros bourdon de l’église, Corneille descendit les marches d’un escalier moussu pour rejoindre la crypte. Sans hésiter, il se dirigea vers la chandelle posée près d’un autel. Cork était assis, les pieds ballants. Il sauta de son siège improvisé pour s’avancer vers lui.
    — Te voilà seul, l’ami. Je suppose que Forbin n’a aucune confiance en moi.
    — Il a quelque raison pour cela, tu ne crois pas ?
    — Et toi ? demanda Cork en revenant s’installer sur la pierre.
    Corneille se jucha à ses côtés, la chandelle entre eux.
    — Tu te souviens à Brest ? Lorsque l’abbé nous cherchait pour notre service d’enfants de chœur ?
    — Parbleu, si je m’en souviens. Nous tremblions de peur devant les gisants, mais préférions nous glisser près d’eux plutôt que remplir son office.
    — C’est là que nous avons pris notre premier butin.
    — C’est là que nous avons juré de devenir pirates.
    Corneille soupira. Des images passèrent dans sa mémoire, semblables à celles qui cueillaient Clément Cork. L’escalier secret dans la nef, la petite crypte et la cassette. La cassette emplie de doublons espagnols, juste à côté du squelette armé encore d’une lance. Ils avaient hurlé, puis s’étaient serrés l’un contre l’autre avant de faire leur repaire de l’endroit. Cork était devenu pirate. Corneille avait croisé la route de Forbin parce que son père, matelot à son bord, l’y avait fait engager. Leurs chemins, si longtemps convergents, s’étaient séparés jusqu’à Calais…
    — Te souviens-tu de cette femme et du trésor dont je t’avais parlé avant que tu ne gagnes la Méditerranée ? demanda enfin Corneille, rompant le silence.
    — Une fieffée garce, qui t’a abandonné pour le chercher seule, te laissant penaud et désemparé. Oui, je m’en souviens. Tu t’en es guéri, apparemment. C’est ce vieux souvenir qui t’y fait repenser ?
    — En partie, répliqua Corneille.
    Il fut tenté de tout lui dire, mais devait savoir d’abord s’il pouvait ou non lui faire confiance. Il enchaîna :
    — Travailles-tu vraiment pour l’ambassadeur ?
    — Oui et non. Je suis son bras, c’est vrai, mais pour mieux le faire tomber. J’œuvre auprès d’un patricien qui veut dénoncer ce commerce et a besoin de preuves.
    — Baletti ?
    Cork tourna vers lui un visage surpris.
    — Tu le connais ?
    Corneille hocha la tête.
    — Tu aimais l’or, la rapine et les femmes, Clément. Pas l’odeur du sang, si je m’en souviens.
    — C’est toujours vrai. C’est pourquoi je suis venu vous informer du complot qui se trame contre Forbin.
    — Un complot ? s’exclama Corneille, repoussant à plus tard ce qu’il voulait lui faire dire.
    — L’ambassadeur est ulcéré des soupçons de ton commandant. Encouragé par Baletti, le doge commence à douter, même s’il se drape dans sa dignité.
    — Forbin, il est vrai, ne passe pas un jour sans écrire à Hennequin de Charmont, s’étonnant de ce qu’il soit aveugle et sourd.
    — As-tu entendu parler du château de Potrée ?
    — Les Impériaux y ont placé des armes et des munitions en quantité, affirma Corneille.
    — La rumeur est fausse. C’est un piège pour perdre Forbin. Il ne faut pas qu’il y tombe. Il serait pris en tenaille et ne pourrait s’en sauver.
    — Comment le sais-tu ?
    — L’ambassadeur m’a chargé de l’affaire. Baletti m’a encouragé à la faire échouer. Par esprit de justice mais aussi à cause d’une femme. Le marquis est amoureux.
    — De Mary, bien sûr, lâcha Corneille comme une évidence.
    Cork et lui se dévisagèrent.
    — J’ai l’impression que tu en sais plus que moi à son sujet. Je me trompe ?
    Corneille jaugea encore un instant Cork.
    — Ton maître, ce Baletti, a-t-il du sang sur les mains ?
    — Baletti ? Si tu le connaissais, Corneille, tu n’oserais même pas y penser. C’est l’être le plus intègre et altruiste que j’aie jamais rencontré. Qu’est-ce qui te le fait penser ?
    — Il est l’associé d’une femme démoniaque, Emma de Mortefontaine.
    — Emma, grinça Cork. C’est la

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