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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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fois où elle avait redressé la tête. Emma ne l’aurait pas à ce jeu-là. Elle était Mary Read. Et Mary Read pliait devant l’amour, pas devant la haine.
    Lorsque la porte s’ouvrit enfin, un sourire léger étira ses lèvres gercées. Au lieu d’Emma, pourtant, ce furent deux de ses gardiens qui entrèrent avant de refermer le battant. L’un d’eux éleva une lanterne et sa lumière força Mary à plisser les yeux.
    — Tu vois bien qu’elle n’est pas crevée ! lança-t-il.
    Mary pensa aussitôt qu’ils s’étaient inquiétés de son apathie. Ils l’en détrompèrent sur-le-champ.
    — Tant mieux. J’aime pas la viande froide.
    Le cœur de Mary s’accéléra. Elle tenta de se redresser pour se défendre de ce qu’elle pressentait, mais son corps endolori et ankylosé refusa de se détendre comme elle l’aurait souhaité.
    — C’est ça, excite-toi, ma belle, on a de quoi te calmer, ricana le second en s’avançant, tandis que l’autre posait sa lanterne.
    Mary chercha des yeux une arme à leur dérober, elle n’en vit aucune. Elle se souvint de ce jour sur le navire de Shovel. La ruse l’avait servie. Elle laissa les deux hommes s’agenouiller près d’elle. A défaut d’armes, ils avaient les clés. Enhardi par son comportement, le premier remonta ses jupons sur ses cuisses. Mary rassembla son énergie et se détendit brusquement pour mieux lui asséner un coup de genou entre les jambes, lui coupant net le souffle et l’envie. Une gifle la cueillit, assortie d’un juron. Le second, moins lourdaud que son compagnon, s’empressa de l’immobiliser en récupérant à terre les bracelets de fer, auxquels ils n’avaient pas jugé bon de l’enchaîner.
    Mary eut beau faire, se tordre, se cambrer, cogner tant et tant, le souffle court de l’air qui lui manquait, elle se retrouva entravée et contrainte.
    — Tu vas payer ça, ma belle ! grinça l’homme puant d’alcool en se couchant sur elle.
    Il n’eut pas le temps de la pénétrer que la porte grinça de nouveau.
    — Allons, messieurs, objecta une voix féminine, ce n’est pas ainsi qu’il faut jouir d’une dame. Écarte-toi, ordonna-t-elle en repoussant le gardien du pied.
    Il obtempéra. Trop vite au goût de Mary pour n’avoir pas été payé. Cette coïncidence était trop évidente.
    — Je savais bien que je te manquerais, ricana-t-elle.
    — Déshabillez-la, lança seulement Emma de Mortefontaine. Déshabillez-la et sortez.
    Sans aucun ménagement, les deux hommes lui arrachèrent ses vêtements, puis les emportèrent en refermant la porte derrière eux. Etendue nue à même le sol gelé, écartelée par les poignets, Mary sentit la rage lui battre les tempes, tandis que, lentement, dans le clair-obscur mouvant de la lanterne, Emma se dénudait à son tour.
    — Où est l’œil de jade ? susurra-t-elle en s’agenouillant, superbe, à ses côtés, glissant une caresse sur la peau frissonnante de Mary.
    — Demande à Baletti, ricana Mary, c’est à lui que je l’ai donné.
    — Tu mens, mon amour. Tu mens, je le sais. Qu’importe, gémit Emma en se penchant au-dessus de son visage. Je vais te redonner le goût de la vérité. Ensuite, tu m’appartiendras.
    — Jamais. Tu ne m’inspires que dégoût et haine, dit-elle en détournant la tête, refusant son baiser.
    Emma glissa une main dans ses boucles rousses, les caressa un instant, puis les froissa dans son poing.
    — Cela me suffira pour jouir de toi. Encore et encore, jusqu’à ce que tu sois mienne, dans le plaisir ou dans les larmes. Ensuite, ensuite seulement, je déciderai si je peux te libérer et te rendre ta fille ou s’il vaut mieux te laisser crever là, tandis que je me régalerai d’elle.
    — Ann est morte, répéta encore Mary.
    — Ann est en vie en Caroline-du-Sud, chuchota Emma. Je te le jure sur toutes ces vies que j’ai prises pour pouvoir t’aimer. Donne-moi ce que j’attends, Mary, et je te le prouverai. Supplie-moi, gémit-elle, excitée par sa capture, excitée par ce corps qui se refusait sous ses doigts avides.
    — Jamais, éructa Mary.
    Elle serra les dents et les poings, et, ne pensant qu’au front percé de Niklaus pour ne pas céder à ce chantage, n’eut d’autre choix que de laisser Emma s’amuser d’elle.
    Deux heures plus tard, elle n’avait ni gémi ni pleuré, et Emma de Mortefontaine demeurait frustrée malgré le plaisir dont elle s’était inondée. Elle se rhabilla en silence.
    — Chaque

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