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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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m’écoutez ?
    — Oui. Continue.
     
    « A partir du moment où
elle reçoit l’enfant dans son sein,
    Durant neuf mois,
    Allant, venant, s’asseyant,
dormant,
    Elle est visitée par la
souffrance.
    Elle cesse d’aimer comme
d’habitude manger, boire et
    [s’habiller,
    Pour s’inquiéter seulement d’une
heureuse délivrance. »
     
    — Je suis fatigué, gémit Jūrō.
Ça suffit comme ça, vous ne trouvez pas ?
    — Non. Continue à chanter.
Nous t’écoutons.
     
    « Les mois sont remplis, et
suffisants les jours.
    A l’époque de la naissance, les
vents du karma la hâtent.
    La douleur tenaille les os de la
mère.
    Le père aussi tremble d’effroi.
    Famille et serviteurs, inquiets,
se morfondent.
    Lorsque l’enfant est né et a
roulé sur l’herbe,
    La joie sans bornes du père et
de la mère
    Egale celle d’une pauvresse
    Qui a trouvé le joyau magique et
tout-puissant.
    Lorsque l’enfant pousse les
premiers cris,
    La mère a le sentiment de
renaître elle-même.
    Sa poitrine devient le lieu de
repos de l’enfant ;
    Ses genoux, son terrain de
jeu ;
    Ses seins, sa source de
nourriture ;
    Son amour, sa vie elle-même.
    Sans sa mère, l’enfant ne peut
se vêtir ou se dévêtir.
    Même si la mère a faim,
    Elle ôte la nourriture de sa
propre bouche pour la donner
    [à son
enfant.
    Sans la mère, l’enfant ne
saurait être nourri... »
     
    — Qu’est-ce qui se
passe ? Pourquoi est-ce que tu t’arrêtes ?
    — Une minute, s’il vous
plaît.
    — Voyez donc ! Il pleure
comme un bébé.
    — Oh ! bouclez-la.
    Tout avait commencé comme un
passe-temps quelconque, presque une farce, mais la signification des paroles du
sutra pénétrait en eux. Outre le lecteur, trois ou quatre auditeurs ne
souriaient pas, les yeux au loin.
     
    « La mère va travailler au
village voisin.
    Elle tire l’eau, fait le feu,
    Pile le grain, prépare la
farine.
    Le soir, à son retour,
    Avant d’arriver à la maison,
    Elle entend pleurer le bébé,
    Et l’amour la remplit.
    Sa poitrine se soulève, son cœur
crie,
    Le lait jaillit, elle ne peut le
supporter.
    Elle court à la maison.
    Le bébé, voyant de loin sa mère
approcher,
    Fait travailler son esprit,
secoue la tête
    Et gémit après elle.
    Elle se penche,
    Prend les deux mains de
l’enfant,
    Pose ses lèvres sur les siennes.
    Il n’y a pas de plus grand amour
que celui-là.
    L’enfant, à deux ans,
    Quitte le sein maternel.
    Mais sans son père il ne saurait
pas que le feu peut brûler.
    Sans sa mère il ne saurait pas
qu’un couteau peut vous
    [trancher
les doigts.
    A trois ans, on le sèvre et il
apprend à manger.
    Sans son père, il ne saurait pas
que le poison peut tuer.
    Sans sa mère, il ne saurait pas
que la médecine guérit.
    Quand les parents vont dans
d’autres maisons
    Et qu’on leur offre de
merveilleuses friandises,
    Ils ne les mangent pas mais les
empochent
    Pour les rapporter à l’enfant
afin qu’il se réjouisse... »
     
    — Encore à larmoyer ?
    — Je ne peux pas m’en
empêcher. Je viens de me rappeler quelque chose.
    — Arrête. C’est contagieux.
    Chez ces marginaux, la
sentimentalité à l’égard des parents était strictement prohibée car exprimer de
l’affection filiale, c’était se faire traiter de faible, d’efféminé ou pire
encore. Pourtant, il eût été doux au vieux cœur d’Osugi de les voir en cet instant.
La lecture du sutra, peut-être à cause de la simplicité de la langue, les
atteignait au fond de l’âme.
    — C’est tout ? Il n’y en
a plus ?
    — Si, il y en a encore
beaucoup.
    — Alors ?
    — Une minute, veux-tu ?
    Jūrō se leva, se moucha
bruyamment et s’assit pour entonner le reste :
     
    « L’enfant grandit.
    Le père apporte de l’étoffe pour
l’habiller.
    La mère lui peigne ses boucles.
    Les parents lui donnent tout ce
qu’ils ont de beau
    En ne gardant pour eux que ce
qui est vieux et usé.
    L’enfant prend femme
    Et amène à la maison cette
étrangère.
    Les parents se font plus
distants.
    Les nouveaux mariés sont intimes
l’un avec l’autre.
    Ils restent dans leur propre
chambre à causer
    [joyeusement
ensemble. »
     
    — C’est assez ça, interrompit
une voix.
     
    « Les parents vieillissent.
    Leur esprit s’affaiblit ;
leurs forces diminuent.
    Ils n’ont que l’enfant sur qui
s’appuyer,
    Sa seule femme pour s’occuper
d’eux.
    Mais l’enfant ne vient plus les
voir,
    Ni la nuit ni le jour.
    Leur chambre est

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