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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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littéralement rebondir loin de ceux de Musashi. Au lieu
de le foudroyer du regard, il était vaincu par les yeux de son adversaire.
Quand il essaya de nouveau, il fut pris d’un étourdissement. Il lui semblait
que sa tête ne lui appartenait plus. Ses mains, ses pieds, tout son corps
tremblaient.
    — ... Regarde mes yeux !
ordonna Musashi avec une grande sévérité.
    Le regard d’Iori avait fui de
nouveau. Alors, en se concentrant sur les yeux de son maître, il oublia le
sabre qu’il tenait à la main. Le court morceau de bois incurvé semblait devenu
aussi pesant qu’une barre d’acier.
    — ... Les yeux, les
yeux ! dit Musashi en s’avançant légèrement.
    Iori domina son désir de reculer,
qu’on lui avait reproché des douzaines de fois. Mais lorsqu’il essaya de suivre
l’exemple de son adversaire en s’avançant, ses pieds restèrent cloués au sol.
Incapable aussi bien d’avancer que de reculer, il sentait s’élever sa
température corporelle. « Qu’est-ce qui m’arrive ? » Cette
question jaillit en lui comme un feu d’artifice. Sentant cette explosion
d’énergie mentale, Musashi hurla :
    — ... Attaque !
    En même temps, il abaissait les
épaules, reculait, esquivait avec une agilité de poisson. Haletant, Iori bondit
en avant, tournoya... et vit Musashi debout à l’endroit où il s’était lui-même
tenu.
    Alors, l’affrontement reprit tout
comme avant, maître et disciple gardant un silence absolu.
    Bientôt, l’herbe fut trempée de
rosée, et le croissant de lune domina les cryptomerias. A chaque coup de vent,
les insectes s’arrêtaient momentanément de chanter. L’automne était venu, et
les fleurs sauvages, peu spectaculaires durant le jour, maintenant frémissaient
avec grâce, comme la robe plumeuse d’une divinité qui danse.
    — ... Assez, dit Musashi en
abaissant son sabre.
    Comme il le tendait à lori, ils
entendirent une voix du côté du boqueteau.
    — ... Je me demande qui
c’est, dit Musashi.
    — Sans doute un voyageur
perdu qui demande asile pour la nuit.
    — Cours voir.
    Tandis qu’Iori contournait en hâte
la maison, Musashi s’assit sur la véranda de bambous, à regarder la plaine. La
lumière qui baignait l’herbe était celle de l’automne. Quand Iori revint,
Musashi lui demanda :
    — ... Un voyageur ?
    — Non, un visiteur.
    — Un visiteur ?
Ici ?
    — Hōjō Shinzō.
Il a attaché son cheval, et vous attend derrière.
    — Cette maison n’a en réalité
ni devant ni derrière, mais je crois qu’il serait mieux de le recevoir ici.
    Iori contourna la cabane en
courant et en criant :
    — S’il vous plaît, par
ici !
    — Quelle joie ! s’écria
Musashi dont les yeux exprimaient son ravissement de voir Shinzō
complètement guéri.
    — Je suis désolé de vous
avoir laissé sans nouvelles si longtemps. Je suppose que vous vivez ici pour
fuir le monde. J’espère que vous me pardonnerez de surgir ainsi à l’improviste.
    Les salutations échangées, Musashi
invita Shinzō à le rejoindre sur la véranda.
    — Comment m’avez-vous
trouvé ? Je n’ai dit à personne où je suis.
    — Zushino Kōsuke. Il m’a
dit que vous aviez terminé la Kannon promise, et envoyé Iori la lui livrer.
    — Ha ! ha ! Je
suppose qu’Iori a trahi le secret. Peu importe. Je ne suis pas assez vieux pour
renoncer au monde et prendre ma retraite. Pourtant, en effet, je me suis dit
que si je quittais la scène pendant deux mois, les bavardages malveillants se
calmeraient. Alors, il y aurait moins de risques de représailles contre Kōsuke
et mes autres amis.
    Shinzō baissa la tête.
    — Je vous dois des
excuses : tous ces ennuis à cause de moi.
    — Pas vraiment. C’était là
une cause secondaire. La véritable racine de l’affaire a trait aux rapports
entre Kojirō et moi.
    — Avez-vous su qu’il avait
tué Obata Yogorō ?
    — Non.
    — Yogorō, en apprenant
ce qui m’était arrivé, a résolu de se venger lui-même. Il ne faisait pas le
poids devant Kojirō.
    — Je l’avais prévenu...
    L’image du jeune Yogorō,
debout sur le seuil de la maison de son père, demeurait vivante dans l’esprit
de Musashi. « Quel dommage ! » se dit-il.
    — Je comprends ce qu’il
ressentait, reprit Shinzō. Les élèves étaient tous partis, et son père
était mort. Il a dû penser qu’il était le seul à pouvoir le faire. En tout cas,
il semble être allé chez Kojirō. Personne, pourtant, ne les a

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