Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
leur agitation, ce spectacle privait momentanément les élèves de
mouvement et d’émotion.
    Mais alors, deux pu trois d’entre
eux s’avancèrent derrière Kojirō.
    — Halte ! cria Tadaaki,
irrité.
    Sa voix, rude à vous glacer le
sang, pas du tout la voix paternelle dont ils avaient l’habitude, pétrifia ses
élèves.
    On donnait souvent à Tadaaki
jusqu’à dix ans de moins que ses cinquante-quatre ou cinquante-cinq ans, et
l’on considérait sa taille comme moyenne alors qu’en réalité elle était un peu
inférieure à la moyenne. Ses cheveux étaient noirs encore, son corps petit mais
solidement bâti. Les mouvements de ses longs membres n’avaient aucune raideur,
aucune gaucherie.
    Kojirō n’avait pas encore
frappé... à la vérité, il ne l’avait pu.
    Toutefois, Tadaaki avait dû
immédiatement se rendre à l’évidence : il affrontait là un terrifiant
homme d’épée. « C’est un autre Zenki ! » se dit-il avec un
imperceptible frisson.
    Zenki, c’était le dernier
combattant qu’il avait rencontré, ayant pareille envergure et pareille
ambition. Or, cela se passait jadis, dans sa jeunesse, alors qu’il voyageait
avec Ittō et menait la vie d’un shugyōsha . Zenki, fils d’un
batelier de la province de Kuwana, avait été le disciple principal d’Ittōsai.
Comme Ittōsai prenait de l’âge, Zenki s’était mis à le considérer de haut,
allant jusqu’à proclamer que le style Ittō était sa propre invention.
    Zenki avait causé beaucoup de
peine à Ittōsai : plus il devenait habile au sabre, plus il nuisait à
autrui. « Zenki, c’est la plus grande erreur de ma vie, se lamentait Ittōsai.
Quand je le regarde, je vois un monstre qui incarne tous les défauts que j’aie
jamais eus. Le regarder me pousse à me haïr moi-même. »
    Comme par ironie, Zenki rendit
service au jeune Tadaaki – en tant que mauvais exemple – en
l’incitant à de plus grands exploits qu’il n’en eût accompli sans lui. Enfin,
Tadaaki affronta ce diabolique prodige à Koganegahara (Shimōsa) et le
tua ; sur quoi Ittōsai lui décerna son certificat de style Ittō
et lui donna le livre des instructions secrètes.
    L’unique défaut de Zenki avait été
que son adresse technique était gâtée par un manque d’éducation. Il n’en allait
pas de même pour Kojirō. Son intelligence et sa culture éclataient dans
son art de l’épée.
    « Je ne puis gagner ce
combat », pensait Tadaaki, lequel ne s’estimait en aucune manière
inférieur à Munenori. A la vérité, il n’avait pas une très haute opinion des
talents de Munenori.
    Tandis qu’il fixait des yeux son
impressionnant adversaire, une autre vérité se fit jour dans son esprit :
« Les années ont passé », se dit-il avec mélancolie.
    Ils se tenaient immobiles ;
on ne voyait pas la plus légère modification. Pourtant, Tadaaki et Kojirō
dépensaient de l’énergie vitale à un rythme effrayant : la sueur
ruisselait de leurs fronts, l’air jaillissait de leurs narines dilatées, leur
peau devenait blanche, puis bleuâtre. Bien qu’un mouvement parût imminent, les
épées restaient brandies, immobiles.
    — ... Je renonce, dit Tadaaki
en reculant brusquement de plusieurs pas.
    Ils étaient convenus que ce ne
serait pas un combat jusqu’à une décision. L’un et l’autre pouvaient se retirer
en se reconnaissant pour vaincus. Kojirō bondit comme une bête de proie,
asséna de haut en bas un coup de la « Perche à sécher » avec une
force et une rapidité d’ouragan. Tadaaki esquiva de justesse, mais son toupet
tranché vola dans les airs. Il exécuta cependant une brillante riposte en
emportant une quinzaine de centimètres de la manche de Kojirō.
    — Lâche ! s’écrièrent
les élèves, la face empourprée de rage.
    En profitant de la capitulation de
son adversaire pour déclencher un assaut, Kojirō avait violé le code
éthique du samouraï. Tous les élèves s’élancèrent vers Kojirō.
    Il réagit en fuyant à la vitesse
d’un cormoran jusqu’à un grand jujubier, à une extrémité du jardin, derrière le
tronc duquel il se cacha à demi. Ses yeux allaient et venaient avec une
intimidante rapidité.
    — Vous avez vu ?
criait-il. Vous avez vu qui a gagné ?
    — Ils l’ont vu, dit Tadaaki.
Ecartez-vous ! ordonna-t-il à ses hommes en remettant son sabre au
fourreau et en regagnant la véranda de son cabinet de travail.
    Il convoqua Omitsu, et lui dit de
lui attacher les

Weitere Kostenlose Bücher