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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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d’épée de cette
envergure n’est sorti de l’école Ono. Je crois savoir pourquoi. Beaucoup
d’entre vous sont des vassaux héréditaires du shōgun. Vous avez laissé
votre rang vous monter à la tête. Après un peu d’entraînement, vous commencez à
vous féliciter d’être maîtres de l’« invincible style Ittō ».
Vous êtes trop contents de vous.
    — Halte-là, monsieur,
protesta Hyōsuke d’une voix tremblante. Ce n’est pas juste. Nous ne sommes
pas tous arrogants et paresseux. Nous ne négligeons pas tous nos études.
    — Assez ! cria Tadaaki
en lui lançant un regard furieux. Le laxisme de la part des élèves reflète le
laxisme de la part du maître. Je suis en train de confesser ma propre honte, de
me juger moi-même... La tâche que vous avez devant vous consiste à éliminer le
laxisme, à faire de l’école Ono un centre où les talents juvéniles se puissent
développer comme il faut. Elle doit devenir un lieu de formation pour l’avenir.
Faute de quoi, mon départ pour céder la place à une réforme sera inutile.
    La sincérité de cette déclaration
commençait enfin à faire son effet. Les élèves, tête basse, méditaient les
paroles de Tadaaki ; chacun réfléchissait sur ses propres défauts.
    — Hamada... dit Tadaaki.
    Toranosuke répondit :
« Oui, monsieur », mais fut manifestement pris par surprise. Sous le
regard froid de Tadaaki, lui-même baissa les yeux.
    — Lève-toi.
    — Oui, monsieur, dit-il sans
bouger.
    — Lève-toi !
Immédiatement.
    Toranosuke se leva. Les autres
regardaient en silence.
    — ... Je te chasse de
l’école.
    Il observa une pause afin de
donner plus de poids à ses paroles.
    — ... Mais, ce faisant,
j’espère qu’il arrivera un jour où tu auras amendé ton comportement, appris la
discipline et saisi la signification de l’Art de la guerre. Peut-être alors
pourrons-nous redevenir maître et disciple. Et maintenant, dehors !
    — M-maître, pourquoi ?
Je ne me souviens pas d’avoir fait quoi que ce soit pour mériter cela.
    — Tu ne t’en souviens pas
parce que tu ne comprends pas l’Art de la guerre. Si tu y réfléchis longtemps,
attentivement, tu verras.
    — Dites-moi, je vous en prie.
Je ne saurais partir avant.
    Les veines saillaient à son front.
    — Soit. La lâcheté est la
plus honteuse faiblesse dont un samouraï puisse être accusé. L’Art de la guerre
met strictement en garde contre elle. C’est une règle absolue, dans notre
école, que tout homme coupable de lâcheté doive être expulsé... N’empêche que
toi, Hamada Toranosuke, après la mort de ton frère, tu as laissé passer
plusieurs semaines avant de défier Sasaki Kojirō. Entre-temps, tu as tenté
de te venger sur un insignifiant marchand de pastèques. Et hier, tu as fait
prisonnière la mère âgée de cet homme, et l’as amenée ici. Tu appelles ça une
conduite digne d’un samouraï ?
    — Mais, monsieur, vous ne
comprenez pas. Je l’ai fait pour débusquer Kojirō.
    Il allait se lancer dans un
plaidoyer passionné mais Tadaaki l’arrêta net.
    — Voilà précisément ce que
j’entends par lâcheté. Si tu voulais combattre Kojirō, que n’es-tu allé
droit chez lui ? Que ne lui as-tu envoyé un message de défi ? Que
n’as-tu décliné ton nom et ton intention ?
    — M-m-mon Dieu, j’y ai bien
pensé, mais...
    — Pensé ? Rien ne devait
t’empêcher de le faire. Mais tu as eu recours à la ruse lâche d’inciter autrui
à t’aider à attirer ici Kojirō pour pouvoir l’attaquer en masse. En
comparaison, l’attitude de Kojirō était admirable.
    Tadaaki observa une pause.
    — ... Il est venu seul, me
voir en personne. Refusant de rien avoir à faire avec un lâche, il m’a défié
pour la raison que l’inconduite d’un disciple est l’inconduite de son maître...
Le résultat de l’affrontement entre son épée et la mienne a révélé un crime
honteux. Maintenant, j’avoue humblement ce crime.
    Il régnait dans la salle un silence
de mort.
    — ... Et maintenant,
Toranosuke, à la réflexion, te prends-tu encore pour un samouraï sans
honte ?
    — Pardonnez-moi.
    — Hors d’ici !
    Les yeux baissés, Toranosuke
recula de dix pas et s’agenouilla par terre, les bras devant lui, prêt à
s’incliner.
    — Je vous souhaite la
meilleure santé du monde, monsieur... Ainsi qu’à vous autres.
    Il avait une voix blanche. Il se
releva et sortit tristement du dōjō. Tadaaki se

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