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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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cheveux.
    Tandis qu’elle le faisait, il
reprenait souffle. Son torse ruisselait de sueur.
    Un vieux dicton lui revint à
l’esprit : il est facile de surpasser un prédécesseur, mais difficile
d’éviter d’être surpassé par un successeur. Il avait joui des fruits du dur
entraînement de sa jeunesse, en se complaisant dans la connaissance du fait que
son style Ittō n’était pas moins florissant que le style Yagyū. Entretemps,
la société avait donné naissance à de nouveaux génies comme Kojirō. S’en
rendre compte lui causait un choc amer, mais il n’était pas homme à l’ignorer.
Quand Omitsu eut terminé, il lui dit :
    — ... Donne à notre jeune
hôte de l’eau pour se rincer la bouche, et raccompagne-le à la salle de
réception.
    Autour de lui, les élèves étaient
livides. Certains refoulaient leurs larmes ; d’autres considéraient leur
maître avec ressentiment.
    — ... Nous nous assemblerons
dans le dōjō, dit-il. Maintenant.
    Lui-même ouvrit le cortège.
Tadaaki prit place sur le siège élevé, en face, et contempla en silence les
trois rangs de ses disciples assis devant lui. Enfin, il baissa les yeux et
déclara doucement :
    — ... J’ai bien peur d’avoir
vieilli, moi aussi. Quand je regarde en arrière, il me semble que ma meilleure
époque d’homme d’épée était celle où j’ai vaincu ce démon de Zenki. Au moment
où cette école a été fondée et où l’on a commencé à parler du groupe Ono sur la
pente de Saikachi, en qualifiant le style Ittō d’invincible, j’avais déjà
dépassé mon apogée d’homme d’épée.
    La signification de ces paroles
était si étrangère à leur mode de pensée habituel que les élèves n’en croyaient
pas leurs oreilles. La voix de Tadaaki s’affermit, et il regarda en face leurs
visages remplis de doute et de mécontentement.
    — ... A mon avis, c’est là
une chose qui arrive à tous les hommes. L’âge nous gagne à notre insu. Les
temps changent. Les disciples surpassent leurs maîtres. Une génération plus
jeune ouvre une voie nouvelle... Il en devrait aller ainsi car le monde ne
progresse que grâce au changement. Pourtant, c’est inadmissible dans le domaine
du sabre. La Voie du sabre devrait être une voie qui ne permet pas à l’homme de
vieillir... Ittōsai... Je ne sais pas s’il est encore en vie. Voilà des
années que je suis sans nouvelles de mon maître. Après Koganegahara, il a pris
la tonsure et s’est retiré dans les montagnes. Son but, disait-il, était
d’étudier le sabre, de pratiquer le Zen, de chercher la Voie de la Vie et de la
Mort, de gravir le grand pic de l’illumination parfaite... Maintenant, c’est
mon tour. Après aujourd’hui, je ne pourrais plus me présenter la tête haute
devant mon maître... Je regrette de n’avoir pas vécu une vie meilleure.
    — M-m-maître !
interrompit Negoro Hachikurō. Vous dites que vous avez perdu ; mais
nous ne croyons pas que vous seriez vaincu par un homme comme Kojirō dans
des conditions normales, même s’il est jeune. Aujourd’hui, il devait y avoir
quelque chose qui n’allait pas.
    — Quelque chose qui n’allait
pas ? répéta Tadaaki en hochant la tête et en s’esclaffant. Tout allait
bien. Kojirō est jeune. Mais ce n’est pas pour cela que j’ai perdu. J’ai
perdu parce que les temps ont changé.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Ouvrez vos oreilles et vos
yeux.
    De Hachikurō, son regard
passa aux autres visages silencieux.
    — ... Je vais tâcher d’être
bref, car Kojirō m’attend. Je veux que vous prêtiez une oreille attentive
à mes idées et à mes espérances d’avenir.
    Alors, il leur apprit que de ce
jour, il se retirait du dōjō. Son intention n’était pas de prendre sa
retraite au sens ordinaire, mais de suivre l’exemple d’Ittōsai et de
partir en quête de l’illumination.
    — ... Telle est ma première
grande espérance, leur déclara-t-il.
    Ensuite, il demandait à Itō Magobei,
son neveu, de prendre en charge son fils unique, Tadanari. Magobei avait aussi
le devoir de relater les événements de la journée au shōgunat, et
d’expliquer que Tadaaki avait décidé de se faire moine bouddhiste. Après quoi,
il dit :
    — ... Le fait d’avoir été vaincu
par un cadet ne me laisse pas de profonds regrets. Ce qui me trouble et me
cause de la honte est ceci : des combattants nouveaux tels que Sasaki sont
en train d’apparaître en d’autres lieux, mais pas un seul homme

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