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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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donations, les autorités du temple prenaient les grands moyens. Il
avait l’avantage d’être intimement familier des comportements des
bandits ; il était en outre un spécialiste reconnu du fléau d’armes. En sa
qualité de créateur du style Yaegaki, il eût peut-être attiré l’attention d’un daimyō
s’il n’avait eu pour frère Tsujikaze Temma. Jadis, tous deux avaient terrorisé
la région située entre le mont Ibuki et le district de Yasugawa. Que les temps
eussent changé n’avait pour Baiken aucun sens. A ses yeux, la mort de Temma des
mains de Takezō avait constitué la cause suprême de toutes ses difficultés
subséquentes.
    Okō avait depuis longtemps
mis Baiken au courant de leurs griefs contre Musashi, en exagérant sa rancœur
afin de cimenter son amitié avec lui. Il avait répondu en fronçant le sourcil
et en disant : « Un de ces jours... »
    Okō venait de raconter à Tōji
comment elle avait aperçu Musashi de la maison de thé, puis l’avait perdu de
vue dans la foule. Plus tard, sur une intuition, elle était allée au Kannon’in
où elle était arrivée à l’instant précis où Musashi et Iori en partaient pour
se rendre au sanctuaire extérieur. Renseignement qu’elle s’était hâtée de
communiquer à Baiken.
    — C’est donc ça, dit Tōji,
encouragé de savoir qu’un allié digne de confiance était déjà acquis.
    Il n’ignorait pas que Baiken, en
se servant de son arme favorite, avait vaincu tous les hommes d’épée au récent
tournoi du sanctuaire. S’il s’attaquait à Musashi, il avait de bonnes chances
de gagner.
    — ... Qu’est-ce qu’il a
répondu quand tu lui as dit ça ?
    — Qu’il viendra dès qu’il
aura fini ses rondes.
    — Musashi n’est pas fou. Si
nous n’y prenons garde...
    Tōji frémit et poussa un
grognement inintelligible. Okō suivit son regard vers l’homme endormi sur
le banc.
    — ... Qui est-ce ?
demanda Tōji.
    — Un simple client, répondit Okō.
    — Réveille-le et fais-le
partir.
    Okō délégua cette tâche à la
servante, qui alla à l’angle opposé secouer l’homme jusqu’à ce qu’il se mît sur
son séant.
    — Dehors, dit-elle sans
ménagement. On ferme.
    Il se leva, s’étira et dit :
    — J’ai fait un bon somme.
    Souriant tout seul et clignant de
ses grands yeux, il se déplaçait vite, mais avec souplesse, tandis qu’il
enveloppait ses épaules de la natte, coiffait son chapeau de vannerie et
ajustait son paquetage. Il mit son bâton sous son bras, dit : « Merci
bien », s’inclina et sortit rapidement. A ses vêtements et à son accent, Okō
jugea qu’il n’était pas l’un des paysans de l’endroit ; mais il paraissait
assez inoffensif.
    — Drôle de bonhomme,
dit-elle. Je me demande s’il a réglé sa note.
    Okō et Tōji étaient en
train de relever les stores et de mettre la boutique en ordre quand Baiken
entra, accompagné de Kuro.
    — Content de vous voir, dit Tōji.
Passons dans la pièce du fond.
    En silence, Baiken ôta ses
sandales et les suivit tandis que le chien flairait partout en quête de
nourriture. La pièce du fond n’était qu’un appentis délabré, aux murs
badigeonnés d’une simple couche de plâtre grossier. De la boutique on
n’entendait pas ce qui s’y disait. Quand la lampe fut allumée, Baiken déclara :
    — Ce soir, devant la scène de
danse, j’ai surpris Musashi en train de dire au garçon qu’ils monteraient
demain matin au sanctuaire intérieur. Plus tard, je suis allé vérifier au Kannon’in.
    Okō et Tōji avalèrent
leur salive en regardant par la fenêtre ; le pic sur lequel se dressait le
sanctuaire intérieur se détachait sur le ciel étoilé.
    Sachant à qui il avait affaire,
Baiken avait conçu un plan d’attaque et mobilisé des renforts. Deux prêtres,
gardiens du trésor, avaient déjà accepté d’apporter leur aide, et étaient partis
en avant avec leurs lances. Il y avait en outre un homme de l’école Yoshioka,
qui dirigeait au sanctuaire un petit dōjō. Baiken calculait qu’il
pourrait mobiliser une dizaine de pillards, des hommes qu’il avait connus à Iga
et qui travaillaient maintenant dans le voisinage. Tōji porterait un
mousquet tandis que Baiken aurait son fléau d’armes.
    — Vous avez déjà fait tout
ça ? demanda Tōji qui n’en croyait pas ses oreilles.
    Baiken fit un large sourire, mais
n’ajouta rien.
     
    Un mince croissant de lune planait
haut au-dessus de la vallée, caché à la

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