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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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blanc visage d’Otsū au milieu
d’elles. De Matahachi, toujours en train de mâchonner quelque chose, et de
l’oncle Gon, qui allait et venait d’un air important. Il sentait vaguement le
visage de sa mère inquiète qu’il fût dehors aussi tard, et qui venait le
chercher.
    Les musiciens, vêtus de costumes
insolites destinés à simuler l’élégance de la garde impériale de jadis,
prenaient place sur la scène. A la lueur des feux, leurs clinquants atours,
scintillants de brocart d’or, évoquaient les robes mythiques de l’âge des
dieux. Le battement des peaux de tambour légèrement détendues résonnait à
travers la forêt de cryptomerias, puis les flûtes préludèrent. Le maître de la
danse s’avança, portant un masque de vieillard. Cette face inhumaine, sur
laquelle une bonne partie de la laque avait pelé aux joues et au menton,
remuait lentement tandis qu’il chantait les paroles de Kamiasobi, la
danse des dieux :
     
    Sur
la montagne sacrée de Mimuro.
    A
la clôture divine,
    Devant
la grande déité
    Les
feuilles de l’arbre sakaki
    Croissent
en profuse abondance,
    Croissent
en profuse abondance.
     
    Le rythme des tambours reprit, à
quoi d’autres instruments se joignirent. Bientôt, chants et danses se mêlèrent
en un rythme vif, syncopé.
     
    D’où
vient cet épieu ?
    C’est
l’épieu de la demeure sacrée
    De
la princesse Toyooka qui est au ciel
    — L’épieu
de la demeure sacrée.
     
    Musashi connaissait certains des
chants. Enfant, il les avait chantés, porté un masque et pris part à la danse
au sanctuaire de Sanumo.
     
    Le
sabre qui protège le peuple,
    Le
peuple de tous les pays,
    Suspendons-le
joyeusement devant la divinité,
    Suspendons-le
joyeusement devant la divinité.
     
    La révélation frappa comme la
foudre. Musashi regardait les mains de l’un des joueurs de tambour en train de
manier deux courtes baguettes. Le souffle coupé, il cria presque :
    — C’est ça ! Deux
sabres !
    Saisi par cette voix, Iori quitta
des yeux la scène juste assez longtemps pour regarder au-dessous de lui et
dire :
    — Ah ! vous voilà.
    Musashi ne leva même pas les yeux.
Il regardait fixement droit devant lui, non point dans un ravissement rêveur,
comme les autres, mais avec une expression pénétrante qui faisait presque peur.
    « Deux sabres, répéta-t-il.
C’est le même principe. Deux baguettes de tambour, mais un seul son. » Il
croisa les bras plus serré, et scruta chaque mouvement du joueur de tambour.
    D’un certain point de vue, c’était
la simplicité même. Les gens naissaient avec deux mains ; pourquoi ne pas
se servir des deux ? En fait, on ne se battait qu’avec un seul sabre et
souvent une seule main. Cela s’expliquait dans la mesure où tout le monde
pratiquait de même. Mais si un seul combattant se servait simultanément de deux
sabres, quelle chance aurait de gagner un adversaire qui n’en utiliserait qu’un
seul ?
    Contre l’école Yoshioka, à Ichijōji,
Musashi s’était découvert son sabre long dans la main droite, son sabre court
dans la gauche. Il avait empoigné les deux armes d’instinct, inconsciemment,
chaque bras occupé au maximum à le protéger. Dans un combat de vie et de mort,
il avait réagi d’une façon qui n’était pas orthodoxe. Et voici que tout d’un
coup cela semblait naturel, sinon inévitable.
    Si deux armées se faisaient face
au combat, il serait inimaginable, suivant les règles de l’Art de la guerre,
que chacune se servît d’un seul flanc tout en laissant l’autre inactif. N’y
avait-il pas là un principe que l’homme d’épée isolé ne pouvait se permettre
d’ignorer ? Dès Ichijōji, il avait paru à Musashi que l’emploi des
deux mains et des deux sabres constituait la méthode normale, humaine. La seule
coutume, aveuglément suivie à travers les siècles, l’avait fait paraître
anormale. Il eut le sentiment d’être parvenu à une indéniable vérité : la
coutume avait fait paraître non naturel le naturel, et vice versa.
    Alors que la coutume était affaire
d’expérience quotidienne, se trouver à la frontière entre la vie et la mort
n’avait lieu que de rares fois au cours d’une existence. Pourtant, le but
suprême de la Voie du sabre était de pouvoir se tenir à tout moment au seuil de
la mort : regarder fermement la mort en face devrait être une expérience
aussi familière que toutes les autres expériences quotidiennes. Et ce processus
devait être

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