La parfaite Lumiere
de dieux,
Oh !
combien j’espère voir leur danse... »
Soudain, s’apercevant que Musashi
avait continué sa route, il renonça à sa danse pour le rattraper à toutes
jambes.
La lumière du matin pénétrait à
peine la forêt où ils entraient maintenant. Ici, aux abords du sanctuaire
intérieur, les crvptomerias étaient d’une circonférence énorme, et tous à peu
près de la même hauteur.
D’une seconde à l’autre, la terre
parut trembler sous leurs pieds. Un cri épouvantable ; une cascade d’échos
aigus. Iori se boucha des mains les oreilles et plongea dans les bambous.
— Iori !
Couche-toi ! commanda Musashi de l’ombre d’un grand arbre. Ne bouge même
pas si l’on te piétine !
La pénombre lugubre semblait
infestée de lances et de sabres. A cause du cri, les assaillants crurent
d’abord que la balle avait atteint sa cible ; mais point de corps en vue.
Incertains de ce qui s’était passé, ils s’immobilisèrent.
Iori se trouvait au centre d’un
cercle d’yeux et de lames dégainées. Dans le silence de mort qui suivit, la
curiosité l’emporta en lui. Il leva lentement la tête au-dessus des bambous. A
quelques pieds seulement, une lame de sabre, tendue de derrière un arbre,
attrapa un rayon de soleil. Perdant tout contrôle, Iori cria à pleine
voix :
— Sensei ! Il y a quelqu’un de caché là !
Tout en criant, il se releva d’un
bond et s’élança vers un abri. Le sabre jaillit de l’ombre et resta suspendu
comme un démon au-dessus de sa tête. Mais un instant seulement. Le poignard de
Musashi vola droit à la tête de l’agresseur et se ficha dans sa tempe.
— Ya-a-h !
L’un des prêtres chargea Musashi
avec sa lance. Musashi la saisit et l’empoigna solidement d’une main.
Un autre cri d’agonie retentit. Se
demandant si ses assaillants se battaient entre eux, Musashi s’efforçait d’y
voir clair. L’autre prêtre visa soigneusement avec sa lance, et se précipita
vers lui. Musashi attrapa aussi cette lance, qu’il immobilisa sous son bras
droit.
— Sautez-lui dessus,
maintenant ! cria l’un des prêtres, en se rendant compte que Musashi avait
les mains occupées.
D’une voix de stentor, Musashi
cria :
— Qui êtes-vous ?
Nommez-vous, ou je vous considérerai tous comme des ennemis. C’est honteux de
répandre du sang sur ce sol sacré, mais il se peut que je n’aie pas le choix.
Musashi fit tournoyer les lances
autour de lui et envoya les deux prêtres en différentes directions ; il
dégaina et acheva l’un d’eux avant qu’il eût cessé de rouler. En tournant sur
lui-même, il se trouva face à trois autres lames, alignées en travers de
l’étroit sentier. Sans reprendre haleine, il s’avança vers elles, menaçant, pas
à pas. Deux autres hommes sortirent de l’ombre et prirent place, épaule contre
épaule, à côté des trois premiers. Tandis que Musashi s’avançait et que ses
adversaires reculaient, il aperçut l’autre prêtre lancier qui avait récupéré
son arme et poursuivait Iori.
— ... Arrête, assassin !
Mais sitôt que Musashi se fut
détourné pour porter secours à Iori, les cinq hommes poussèrent un hurlement et
chargèrent. Musashi se précipita au-devant d’eux. Cela ressembla à la collision
de deux vagues furieuses, mais dont les embruns étaient de sang. Musashi ne
cessait de tourbillonner d’un adversaire à l’autre à la vitesse d’un typhon.
Deux cris à vous glacer le sang, puis un troisième. Ils s’abattaient comme des
arbres morts, chacun fendu par le milieu du torse. Musashi avait son long sabre
dans la main droite, son sabre court dans la main gauche. En poussant des cris
de terreur, les deux derniers firent demi-tour et prirent la fuite, Musashi sur
leurs talons.
— ... Où allez-vous comme
ça ? cria-t-il, et il fendit en deux la tête de l’un avec le sabre court.
Le sang noir jaillit dans l’œil de
Musashi. Par réflexe, il leva la main gauche à son visage, et, à cet instant,
entendit derrière lui un étrange son métallique. Il donna un coup de son long
sabre afin de détourner le cours de l’objet, mais l’effet de son acte fut très
différent de son intention. Voyant la boule et la chaîne entourant la lame,
près de la garde du sabre, il fut saisi d’inquiétude. Musashi venait d’être
pris au dépourvu.
— Musashi ! cria Baiken
en tendant la chaîne. Tu m’as oublié ?
Musashi le considéra quelques
instants avant de
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