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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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conscient, bien que le mouvement dût être aussi libre que s’il
était purement réflexe.
    Le style « aux deux
sabres » devait être de cette nature : conscient mais en même temps
aussi automatique qu’un réflexe, tout à fait libéré des restrictions qu’impose l’action
consciente. Depuis quelque temps, Musashi tentait d’unir en un principe valable
ce qu’il savait d’instinct avec ce qu’il avait appris par des moyens
intellectuels. Maintenant, il était près de le formuler en mots, et cela le
rendrait célèbre dans tout le pays pour des générations.
    Deux baguettes de tambour, un seul
son. Le joueur de tambour était conscient de la gauche et de la droite, de la
droite et de la gauche, mais en même temps il en était inconscient. Là, devant
ses yeux, s’étendait le domaine bouddhique de l’interpénétration libre. Musashi
se sentait illuminé, comblé.
    Les cinq danses sacrées, ayant
commencé par le chant du maître de la danse, se poursuivirent par les
évolutions des danseurs. Il y eut la danse large et majestueuse d’Iwato, puis
la danse d’Ara Mikoto no Hoko. Les mélodies des flûtes s’accélérèrent ;
des clochettes tintèrent selon un rythme animé. Musashi leva les yeux vers
Iori, et dit :
    — Tu n’es pas prêt à
partir ?
    — Pas encore, répondit Iori
d’un air absent.
    Il avait l’impression d’être un
des danseurs.
    — Ne rentre pas trop tard.
Demain, nous faisons l’ascension du pic pour aller au sanctuaire intérieur.
     
     
     
Le serviteur du démon
     
    Les chiens de Mitsumine étaient
d’une race sauvage, sans doute le fruit du croisement de chiens apportés par
des immigrants de Corée, plus de mille ans auparavant, avec les chiens sauvages
des montagnes de Chichibu. Ils parcouraient les pentes montagneuses en se
nourrissant comme des loups d’autres bêtes sauvages de la région. Mais étant
donné qu’on les considérait comme des messagers de la divinité, et que l’on en
parlait comme de ses « serviteurs », les fidèles rapportaient souvent
chez eux des images gravées ou sculptées de ces animaux en tant que
porte-bonheur.
    Le chien noir de l’homme qui
suivait Musashi était de la taille d’un veau.
    Tandis que Musashi entrait au
Kannon’in, l’homme se retourna, dit : « Par ici », et fit un
signe de sa main libre.
    Le chien gronda, tira sur sa
laisse – un morceau de corde épaisse – et se mit à flairer.
Fouettant de la laisse le dos du chien, l’homme lui dit :
    — ... Chut, Kuro, la paix.
    L’homme avait la
cinquantaine : solide, mais souple, à l’exemple de son chien il ne
semblait pas tout à fait apprivoisé. Mais il était bien habillé. Avec son
kimono, qui ressemblait à une robe de prêtre ou au costume de cérémonie d’un
samouraï, il portait une obi étroite, plate, et un hakama de chanvre.
Ses sandales de paille, semblables à celles que les hommes chaussaient pour les
fêtes, étaient munies de lanières neuves.
    — Baiken ?
    La femme reculait pour éviter le
chien.
    — Couché ! ordonna
Baiken en frappant rudement l’animal sur la tête. Je suis content que tu l’aies
repéré, Okō.
    — Alors, c’était bien
lui ?
    — Aucun doute là-dessus.
    Ils restèrent là quelques instants
à regarder en silence, par une déchirure des nuages, les étoiles ; ils
entendaient sans vraiment l’écouter la musique des danses sacrées.
    — Qu’est-ce que nous allons
faire ? demanda-t-elle.
    — Je trouverai bien quelque
chose.
    — Nous ne pouvons laisser
passer cette occasion.
    Okō fixait Baiken d’un regard
interrogateur.
    — Tōji est à la
maison ? demanda-t-il.
    — Oui ; il s’est enivré
de saké à la fête et s’est endormi.
    — Réveillez-le.
    — Et vous ?
    — J’ai à faire. Après mes
tournées, je passerai chez vous.
    Devant le portail principal du
sanctuaire, Okō se mit à trotter.
    La plupart des vingt ou trente
maisons étaient des magasins de souvenirs ou des maisons de thé. Il y avait
aussi quelques petits restaurants d’où fusaient des voix enjouées de fêtards.
De l’auvent de la masure où pénétra Okō pendait une enseigne où on lisait
« Maison de repos ». Assise sur un des tabourets de la salle du
devant au sol en terre battue, une jeune servante faisait un petit somme.
    — Encore à dormir ? dit Okō.
    La fille, craignant d’être
grondée, secoua vigoureusement la tête.
    — ... Je ne parle pas de
toi... mon

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