Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
Venez ici, et maintenez-le. Il a beau n’être qu’un enfant, je ne
tolérerai pas cela.
    Epouvanté, Sahei se précipita pour
obéir. Mais Iori parvint à tirer son sabre et à en frapper le bras de
Kojirō. Ce dernier l’envoya d’un coup de pied au milieu de la pièce, et
sauta d’un pas en arrière.
    Sahei fit demi-tour en poussant
des cris d’égorgé. Il atteignit Iori à l’instant où le garçon se relevait d’un
bond.
    — Vous, ne vous mêlez pas de
ça ! lui cria Iori, puis, regardant Kojirō droit dans les yeux, il
lui lança : « Bien fait ! » et se précipita au-dehors.
    Kojirō ramassa une perche de
portefaix qui se trouvait à portée de sa main, et la lança en direction du
garçon ; il fit mouche, et l’atteignit au jarret. Iori mordit la
poussière.
    Sur l’ordre de Sahei, plusieurs
hommes se jetèrent sur Iori et le traînèrent au hangar à eau chaude où un
serviteur détachait le kimono et le hakama de Kojirō.
    — Je vous en prie, pardonnez
cet outrage, suppliait Sahei.
    — Nous ne savons comment nous
excuser, dit l’un des employés.
    Sans leur accorder un regard,
Kojirō prit des mains du serviteur une serviette humide et s’essuya le
visage. On maintenait Iori au sol, les bras étroitement serrés derrière lui.
    — Lâchez-moi, suppliait-il en
se tordant de douleur. Je ne m’enfuirai pas. Je suis fils de samouraï. Je l’ai
fait exprès, et je subirai mon châtiment en homme.
    Kojirō acheva de mettre de
l’ordre dans ses vêtements et sa chevelure.
    — Lâchez-le, dit-il
tranquillement.
    Ne sachant comment prendre
l’expression placide du samouraï, Sahei bégaya :
    — Vous... vous êtes sûr que
ça ira ?
    — Oui. Mais – ce
mot rendait le son d’un clou que l’on enfonce dans une planche –, bien que
je n’aie pas la moindre intention d’avoir affaire à un simple enfant, si vous
croyez devoir le punir je puis vous suggérer une méthode. Versez-lui sur la
tête une pleine louche d’eau bouillante. Il n’en mourra pas.
    — De l’eau bouillante !
    Sahei eut un recul à cette idée.
    — Oui. Si vous voulez le
laisser libre, c’est très bien aussi.
    Sahei et ses hommes se regardèrent
entre eux d’un air incertain.
    — Nous ne pouvons laisser
pareil crime impuni.
    — Il a le diable au corps.
    — Il a de la chance de s’en
tirer vivant.
    — Apportez une corde.
    Alors qu’ils entreprenaient de le
ligoter, Iori les repoussa :
    — Qu’est-ce que vous
faites ? s’écria-t-il.
    Assis par terre, il
continua :
    — ... Je vous ai dit que je
ne m’enfuirais pas, n’est-ce pas ? Je subirai mon châtiment. J’avais une
raison de faire ce que j’ai fait. Un marchand peut présenter des excuses. Moi
pas. Un fils de samouraï ne va pas pleurer pour un peu d’eau chaude.
    — Très bien, dit Sahei. Tu
l’auras voulu.
    Il se retroussa la manche, emplit
une louche d’eau bouillante et s’avança lentement vers Iori.
    — Ferme les yeux, Iori.
Sinon, tu deviendras aveugle, dit une voix qui venait de l’autre côté de la
rue.
    Sans oser regarder à qui cette
voix appartenait, Iori ferma les yeux. Il se rappelait une histoire que Musashi
lui avait racontée un jour à Musashino. Elle concernait Kaisen, un prêtre zen
que révéraient fort les hommes de guerre de la province de Kai. Quand Nobunaga
et Ieyasu attaquèrent le temple de Kaisen et l’incendièrent, le prêtre s’assit
calmement à l’étage supérieur du portail, et, tout en brûlant vif, prononça ces
mots : « Si l’illumination annule ton cœur, le feu est frais. »
    « Ce n’est qu’une petite
louche d’eau chaude, se dit Iori. Je ne dois pas penser comme ça. » Il
essaya désespérément de devenir un vide sans ego, libéré de l’illusion, sans
chagrins. Peut-être, s’il eût été plus jeune ou beaucoup plus vieux... mais à
son âge, il faisait trop partie du monde où il vivait.
    Quand cela viendrait-il ?
Durant un moment d’hébétude, il prit la sueur qui lui dégouttait du front pour
de l’eau bouillante. Une minute paraissait un siècle.
    — Tiens, mais c’est
Sado ! dit Kojirō.
    Sahei et tous les autres se
détournèrent, les yeux fixés sur le vieux samouraï.
    — Qu’est-ce qui se passe,
ici ? demanda Sado en traversant la rue, Nuinosuke à son côté.
    Kojirō se mit à rire et dit
avec désinvolture :
    — Vous nous surprenez dans un
drôle de moment. Ils sont en train de punir ce garçon.
    Sado examina

Weitere Kostenlose Bücher