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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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honnêteté sautaient aux yeux ; il n’y avait donc rien de surprenant à
ce qu’un certain nombre de jeunes filles eussent manifesté leur désir de
l’épouser, ainsi que plusieurs parents de filles à marier.
    Ce petit coin de la société
exerçait une certaine fascination aux yeux de Muka. Le marchand de pinceaux et
sa femme le traitaient avec bonté ; la femme lui apprenait à faire la
cuisine ; elle se chargeait parfois de son blanchissage et de son raccommodage.
Tout compte fait, la vie à cet endroit lui plaisait. Tout le monde se
connaissait ; chacun cherchait de nouveaux moyens de rendre sa vie
intéressante. Il se passait toujours quelque chose, sinon une fête, des danses
de rue ou une cérémonie religieuse, du moins un enterrement ou un malade à
soigner. Ce soir-là, il passa devant chez le marchand de pinceaux alors que lui
et sa femme étaient en train de dîner. La femme fit claquer sa langue et
dit :
    — ... Où va-t-il, comme ça ?
Il donne des leçons aux enfants le matin, fait une sieste ou étudie
l’après-midi, et le soir, le voilà parti. On dirait tout à fait une
chauve-souris.
    Le mari gloussa.
    — Qu’est-ce qu’il y a de mal
à ça ? Il est célibataire. Il ne faut pas lui reprocher ses excursions
nocturnes.
    Dans les rues d’Okazaki, les sons
d’une flûte de bambou se mêlaient au bourdonnement d’insectes captifs dans des
cages de bois, aux plaintes rythmiques de chanteurs aveugles, aux cris des
marchands de melons et de sushi . Rien ici de l’agitation frénétique qui
caractérisait Edo. Les lanternes clignotaient ; les gens se promenaient en
kimono d’été. Dans la chaleur d’une belle fin de journée, tout paraissait
détendu, à sa place.
    Sur le passage de Muka, les filles
chuchotaient :
    — Le voilà encore.
    — Il ne s’intéresse à
personne, comme d’habitude.
    Quelques-unes des jeunes femmes le
saluaient puis se tournaient vers leurs amies et s’interrogeaient sur l’endroit
où il se rendait.
    Muka marchait sans se retourner,
dépassait les rues transversales où il aurait pu s’acheter les faveurs des
prostituées d’Okazaki, considérées par beaucoup comme une des principales
attractions locales au long de la grand-route de Tōkaidō. A
l’extrémité ouest de la ville, il s’arrêta, s’étira. Devant lui, les eaux
tumultueuses du fleuve Yahagi, et le pont de Yahagi, le plus long sur le Tōkaidō.
Il s’avança vers la mince silhouette qui l’attendait à la première borne.
    — Musashi ?
    Musashi sourit à Matahachi, qui
portait son habit de prêtre.
    — Le maître est revenu ?
demanda-t-il.
    — Non.
    Côte à côte, ils franchirent le
pont. Sur une colline couverte de pins, sur la rive opposée, se dressait un
vieux temple zen. Le nom de la colline étant Hachijō, l’on en était venu à
appeler le temple Hachijōji. Ils grimpèrent la pente sombre, devant le portail.
    — Comment ça va ?
demanda Musashi. La pratique du Zen doit être difficile.
    — Oh ! que oui, répondit
Matahachi d’un air abattu, en inclinant son crâne rasé, bleuâtre. J’ai souvent
songé à m’enfuir. Si je dois subir des tortures mentales pour devenir un être humain
convenable, autant passer la tête dans un nœud coulant et n’y plus penser.
    — Ne te laisse pas
décourager. Tu n’en es encore qu’au début. Ta véritable formation n’aura lieu
que lorsque tu auras convaincu le maître de te prendre pour disciple.
    — Ça n’est pas toujours
impossible. J’ai appris à me discipliner un peu. Et chaque fois que je me sens
abattu, je pense à toi. Si tu peux surmonter tes difficultés, je devrais être
capable de surmonter les miennes.
    — Voilà qui est bien. Je ne
peux rien faire que tu ne puisses faire aussi.
    — Le souvenir de Takuan
m’aide. Sans lui, on m’aurait exécuté.
    — Si tu peux supporter les
rigueurs, tu connais un plaisir plus grand que la souffrance, dit avec
solennité Musashi. Jour et nuit, heure après heure, on est ballotté par des
vagues de souffrance et de plaisir, l’une après l’autre. Si l’on essaie de
n’éprouver que du plaisir, on cesse d’être vraiment vivant. Alors, le plaisir
s’évanouit.
    — Je commence à comprendre.
    — Pense à un simple bâillement.
Celui d’une personne qui vient de travailler dur est différent de celui d’un
paresseux. Des tas de gens meurent sans connaître le plaisir que peut apporter
le bâillement.
    — Hum, j’entends ce genre

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