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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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thé, Otsūru
préparait Iori pour le voyage : kimono, hakama , guêtres, chapeau de
vannerie – le tout flambant neuf. C’était la première fois de sa vie
qu’il portait un hakama .
    Ce soir-là, au moment où le Tatsumimaru déploya ses ailes noires pour voguer sous des nuages dorés par le soleil
couchant, Iori regarda derrière lui un océan de visages : celui d’Otsūru,
celui de la mère d’Otsūru, celui de Sahei, ceux d’un groupe nombreux qui
assistait à leur départ, le visage de la ville de Sakai.
    Avec un large sourire, il ôta son
chapeau de vannerie et l’agita dans leur direction.
     
     
     
Le maître de calligraphie
     
    A l’entrée d’une étroite allée du
quartier des poissonniers d’Okazaki, l’enseigne indiquait :
« Illumination pour les jeunes. Leçons de lecture et d’écriture », et
portait le nom de Muka, selon toute apparence un des nombreux rōnins
appauvris mais honnêtes qui gagnaient leur vie en faisant profiter de leur éducation
d’hommes de guerre les enfants de roturiers.
    Le curieux amateurisme de la calligraphie
amenait un sourire aux lèvres des passants ; pourtant, Muka déclarait
qu’il n’en avait pas honte. Chaque fois que l’on en parlait, il
répondait : « De cœur, je suis encore un enfant. Je m’exerce en même
temps que les enfants. »
    L’allée aboutissait à un bosquet
de bambous au-delà duquel s’étendait le manège de la Maison de Honda. Par beau
temps, il était toujours couvert d’un nuage de poussière : les cavaliers
s’y entraînaient souvent de l’aube au crépuscule. Le lignage militaire dont ils
étaient si fiers était celui des célèbres guerriers Mikawa, la tradition qui
avait produit les Tokugawa.
    Muka se leva de sa sieste de la
mi-journée, alla au puits tirer de l’eau. Son kimono sans doublure d’un gris
uni, son capuchon gris auraient pu être l’habit d’un quadragénaire ; or,
il n’avait pas trente ans. Après s’être lavé la figure, il entra dans le boqueteau
où il abattit un épais bambou d’un seul coup de sabre.
    Après avoir lavé le bambou au
puits, il rentra. Des stores pendus d’un côté protégeaient contre la poussière
du manège ; mais comme la lumière venait de cette direction l’unique pièce
paraissait plus petite et plus sombre qu’elle ne l’était en réalité. Une
planche reposait à plat dans un coin : au-dessus d’elle pendait un
portrait anonyme d’un prêtre zen. Muka disposa le morceau de bambou sur la
table et ficha dans le centre creux une fleur de liseron.
    « Pas mal », pensa-t-il
en reculant pour examiner son œuvre.
    Il s’assit à sa table, prit son
pinceau et se mit à s’exercer en employant pour modèles un manuel de caractères
officiels assez carrés de Ch’u Sui-liang et un calque de la calligraphie du
prêtre Kōbō Daishi. De toute évidence, il avait progressé de façon
régulière au cours de l’année qu’il avait passée là, car les caractères qu’il
traçait maintenant étaient fort supérieurs à ceux de l’enseigne.
    — Je vous dérange ?
demanda la voisine, épouse d’un marchand de pinceaux à écrire.
    — Entrez donc, répondit Muka.
    — Rien qu’un instant. Je me
demandais... Voilà quelques minutes, j’ai entendu un grand bruit. On aurait dit
quelque chose qui se cassait. Vous l’avez entendu ?
    Muka se mit à rire :
    — Ce n’était que moi :
je coupais un morceau de bambou.
    — Ah ! ça m’inquiétait.
Je me demandais s’il ne vous était rien arrivé. Mon mari dit que les samouraïs
qui rôdent par ici veulent vous tuer.
    — S’ils le faisaient, ça
n’aurait pas d’importance. De toute façon, je ne vaux pas trois sous.
    — Ne soyez pas aussi
insouciant. Des tas de gens se font tuer pour des choses qu’ils ne se
rappellent même pas avoir commises. Pensez à la tristesse de toutes les filles,
s’il vous arrivait malheur.
    Elle retourna à ses fourneaux sans
demander comme elle faisait souvent : « Pourquoi ne vous mariez-vous
pas ? Ce n’est pas que vous n’aimez pas les femmes, n’est-ce
pas ? » Muka ne donnait jamais de réponse claire ; pourtant il
en avait révélé assez pour laisser entendre qu’il ferait une belle prise. Ses
voisins savaient qu’il était un rōnin de Mimasaka qui aimait l’étude et
avait quelque temps vécu à Kyoto, Edo et près d’Edo. Il affirmait vouloir
s’établir à Okazaki pour diriger une bonne école. Sa jeunesse, son assiduité,
son

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