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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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que
s’obscurcissait le ciel du soir, Otsū commença à éprouver un net malaise.
Des feuilles mortes, agitées par le vent, vinrent se poser sur ses genoux.
Rêveuse, elle en ramassa une et la tourna entre ses doigts. Folie ou
pureté : elle était l’image même de la virginité.
    Un violent ricanement se fit
soudain entendre derrière le sanctuaire ; Otsū se releva d’un bond.
    — Ne bouge pas, Otsū !
ordonna une voix rauque, épouvantable.
    Otsū, le souffle coupé, se
boucha les oreilles.
    Plusieurs ombres, sorties de
derrière le sanctuaire, entourèrent sa forme tremblante. Elle avait beau fermer
les yeux, elle voyait distinctement l’une d’elles, plus effrayante et plus
vaste, semblait-il, que les autres, la sorcière à cheveux blancs qu’elle avait
si souvent vue dans ses cauchemars.
    — ... Merci, Mambei, dit
Osugi. Et maintenant, bâillonnez-la avant qu’elle ne se mette à crier, et
emmenez-la à Shimonoshō. Vite !
    Elle parlait avec l’autorité
effrayante du roi des Enfers en train de condamner un pécheur. Les quatre ou
cinq hommes étaient, semblait-il, des brutes de village ayant un lien quelconque
avec le clan d’Osugi. En vociférant leur assentiment, ils se jetèrent sur Otsū
comme des loups se disputent une proie, et la ligotèrent de manière à ne
laisser libres que ses jambes.
    — Prenez le raccourci.
    — En avant !
    Osugi demeura en arrière afin de
régler Mambei. Tout en extrayant l’argent de son obi, elle dit :
    — Bravo de l’avoir amenée. Je
craignais que vous n’y réussissiez pas.
    Puis elle ajouta :
    — ... N’en soufflez mot à
personne.
    Avec une expression satisfaite,
Mambei fourra l’argent dans sa manche.
    — Oh ! ça n’était pas si
difficile, assura-t-il. Votre plan a fonctionné à merveille.
    — Ah ! ça valait le coup
d’œil. Elle avait peur, hein ?
    — Elle ne pouvait même pas
s’enfuir. Elle restait là, debout. Ha ! ha ! Mais peut-être...
c’était plutôt mal de notre part.
    — Qu’y a-t-il de mal à
ça ? Si seulement vous saviez par quoi je suis passée...
    — Oui, oui ; vous m’avez
tout raconté.
    — Allons, je ne dois pas
perdre mon temps ici. A un de ces jours. Venez nous voir à Shimonoshō.
    — Attention, ce chemin n’est
pas commode ! cria-t-il en se mettant à redescendre le long escalier
sombre.
    Osugi entendit haleter, tournoya
sur elle-même et s’écria :
    — Mambei ! C’était
vous ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
    Pas de réponse.
    Osugi courut au sommet de
l’escalier. Elle laissa échapper un petit cri puis retint son souffle en
scrutant l’ombre debout à côté du corps tombé, et le sabre ruisselant de sang,
dans la main de l’ombre.
    — ... Qui... qui va là ?
    Pas de réponse.
    — ... Qui êtes-vous ?
    Sa voix était sèche, fatiguée,
mais les ans n’avaient pas diminué son audace. Le rire secoua légèrement les
épaules de l’homme.
    — C’est moi, espèce de
vieille sorcière.
    — Qui êtes-vous ?
    — Vous ne me reconnaissez
pas ?
    — Je n’ai jamais entendu
votre voix de ma vie. Un voleur, je suppose.
    — Aucun voleur ne se
soucierait d’une vieille femme aussi pauvre que vous.
    — Pourtant, vous m’avez
guettée, n’est-ce pas ?
    — Oui.
    — Moi ?
    — Je viens de vous le dire.
Je n’aurais pas fait tout le chemin de Mikazuki pour tuer Mambei. Je viens vous
donner une leçon.
    — Quoi ?
    L’on eût dit que le gosier d’Osugi
se rompait.
    — ... Vous vous trompez
d’adresse. Et d’abord, qui êtes-vous ? Je m’appelle Osugi. Je suis la
douairière de la famille Hon’iden.
    — Ah ! que c’est bon de
vous entendre dire ça ! Ça fait renaître toute ma haine. Sorcière !
Avez-vous oublié Jōtarō ?
    — Jō... Jō...
tarō ?
    — En trois ans, un nouveau-né
cesse d’être un bébé pour devenir un enfant de trois ans. Vous êtes un vieil
arbre ; je suis un jeune arbre. Je regrette, vous ne pouvez plus me
traiter en marmot pleurnicheur.
    — Sûrement, je rêve. Vous
êtes vraiment Jōtarō ?
    — Vous devriez payer pour
tout le tort que vous avez fait à mon maître à longueur d’années. Il ne vous a
évitée que parce que vous êtes vieille et qu’il ne voulait pas vous faire de
mal. Vous en avez profité, allant partout, même à Edo, répandre sur lui des
bruits malveillants comme si vous aviez une raison légitime de vous venger de
lui. Vous avez été jusqu’à empêcher sa nomination à un

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