La parfaite Lumiere
faire valoir à Kyoto,
voilà quelques années. Il a donné une exhibition de sa brutalité et de sa
couardise au cours de son combat contre l’école Yoshioka, à Ichijōji. Couardise
n’est pas un mot assez bas pour ses pareils. Soit, ses adversaires étaient
supérieurs en nombre, mais qu’a-t-il fait ? Il a tourné les talons à la
première occasion. Etant donné son passé et son ambition outrecuidante, je le
considère comme un être méprisable... Ha ! ha ! Si un homme qui passe
sa vie à étudier l’Art de la guerre est un expert, alors, je suppose que
Musashi est un expert. Mais un maître du sabre... non, pas ça.
De toute évidence, il considérait
l’éloge de Musashi comme un affront personnel ; pourtant, son insistance à
gagner à son point de vue tout le monde et n’importe qui était si véhémente que
même ses plus fervents admirateurs commencèrent à se poser des questions.
Finalement, le bruit se répandit qu’il y avait une longue inimitié entre
Musashi et Kojirō. Bientôt, des rumeurs d’affrontement circulèrent.
Ce fut sur l’ordre du seigneur
Tadatoshi que Kojirō finit par lancer un défi. Au cours des mois qui
s’étaient écoulés depuis, tout le fief Hosokawa avait bourdonné de spéculations
quant à la date où le combat aurait lieu et quant à son issue.
Iwama Kakubei, maintenant assez
âgé, venait voir Kojirō matin et soir, à la moindre occasion. Un soir, au
début du quatrième mois, alors que même les fleurs doubles des cerisiers roses
étaient tombées, Kakubei traversa le jardin de Kojirō, dépassant les
azalées rouge vif qui fleurissaient à l’ombre des rocailles. On l’introduisit
dans une chambre intérieure, éclairée uniquement par la lumière déclinante du
soleil couchant.
— Ah ! maître Iwama,
quel plaisir de vous voir ! dit Kojirō, debout sur le seuil, en train
de nourrir le faucon qu’il tenait sur son poing.
— J’ai des nouvelles pour
vous, dit Kakubei sans s’asseoir. Aujourd’hui, en présence de Sa Seigneurie, le
conseil du clan a discuté du lieu du combat, et est parvenu à une décision.
— Prenez un siège, dit un
serviteur de la pièce voisine.
Avec un simple grognement en guise
de remerciement, Kakubei s’assit et poursuivit :
— Un certain nombre
d’emplacements ont été proposés, dont Kikunonagahama et la berge de la rivière
Murasaki, mais on les a tous rejetés parce qu’ils étaient trop petits ou trop
accessibles au public. Nous pourrions élever une clôture en bambou, bien
sûr ; pourtant, même cela n’empêcherait pas la berge d’être envahie par
une foule en quête de sensations.
— Je vois, répondit
Kojirō qui regardait toujours attentivement les yeux et le bec du faucon.
Kakubei, qui s’attendait à ce que
son rapport fît plus d’effet, en fut tout déconfit. Contrairement aux usages de
la part d’un invité, il dit :
— Entrez donc. Impossible de
parler de ça si vous restez là-bas.
— Une minute, dit
Kojirō, désinvolte. Je veux finir de nourrir cet oiseau.
— C’est le faucon que le
seigneur Tadatoshi vous a donné après que vous êtes allés chasser ensemble,
l’automne dernier.
— Oui. Il s’appelle Amayumi.
Plus je m’habitue à lui, plus il me plaît.
Il jeta le reste de la nourriture,
et, enroulant le cordon à pompon rouge attaché au cou de l’oiseau, dit au jeune
serviteur qui se tenait derrière lui :
— ... Tiens, Tatsunosuke...
remets-le dans sa cage.
L’oiseau passa d’un poing à
l’autre, et Tatsunosuke traversa le spacieux jardin. Au-delà de l’habituelle
butte artificielle s’étendait une petite pinède, bordée de l’autre côté par une
clôture. La propriété longeait la rivière Itatsu ; beaucoup d’autres
vassaux Hosokawa demeuraient dans le voisinage.
— Pardonnez-moi de vous faire
attendre, dit Kojirō.
— Je vous en prie. Je ne suis
pas un véritable étranger. Quand je viens ici, j’ai l’impression d’être chez
mon fils.
Une servante d’une vingtaine
d’années entra et versa gracieusement le thé. Jetant un coup d’œil au visiteur,
elle l’invita à en prendre une tasse. Kakubei hocha la tête avec
admiration :
— Je suis content de vous
voir, Omitsu. Vous êtes toujours si jolie !
Elle rougit jusqu’à son col de
kimono.
— Et vous, vous vous moquez
toujours de moi, répliqua-t-elle avant de se glisser rapidement hors de la
pièce.
— Vous déclarez que plus vous
vous habituez à
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