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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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saisir une occasion. Même lorsqu’un homme
prend des précautions, il advient souvent que son adversaire les prévoie et
trouve moyen de les déjouer. Il vaut beaucoup mieux aborder la situation avec
un esprit ouvert, et agir en toute liberté.
    Comprenant la logique de cet
argument, Kakubei ne parla plus de se rendre à Funashima.
    Convoquée par Kojirō, Omitsu
leur servit du saké ; les deux hommes burent et bavardèrent jusque tard
dans la soirée. D’après la façon détendue dont Kakubei sirotait son saké, il
était évident qu’il était content de vivre et qu’il estimait que ses efforts
pour aider Kojirō se trouvaient récompensés. Pareil à un père fier de son
fils, il déclara :
    — Je crois que nous pouvons
mettre Omitsu au courant. Quand cette affaire sera terminée, nous pourrons
inviter ici ses parents et amis à la cérémonie de mariage. Il est bel et bon de
vous consacrer à votre épée, mais vous devez aussi fonder une famille en vue de
perpétuer votre nom. Quand vous serez marié, j’aurai le sentiment d’avoir
accompli mon devoir envers vous.
    A la différence du joyeux vieux
vassal aux nombreuses années de service, Kojirō ne manifestait aucun signe
d’ébriété. Mais de toute manière, ces jours-là, il était enclin au silence. Une
fois que l’on se fut décidé sur le combat, Kakubei avait suggéré – et
Tadatoshi avait accepté – de décharger Kojirō de ses fonctions.
D’abord, il avait joui de ces loisirs inhabituels ; mais à mesure
qu’approchait la date et que des gens de plus en plus nombreux venaient le
voir, il se sentait obligé de les recevoir. Ces temps derniers, les moments où
il pouvait se reposer s’étaient faits rares. Pourtant, il répugnait à se
claquemurer et à faire interdire sa porte. S’il agissait ainsi, les gens
croiraient qu’il avait perdu son sang-froid.
    L’idée lui vint d’aller chaque
jour dans la campagne, son faucon au poing. Par beau temps, parcourir champs et
monts avec ce seul oiseau pour compagnon lui faisait du bien à l’esprit.
    Quand les vifs yeux d’azur du
faucon repéraient dans le ciel une victime, Kojirō le lâchait. Alors, ses
propres yeux, non moins vifs, le suivaient tandis qu’il s’élevait pour fondre
sur sa proie. Jusqu’à ce que les plumes se missent à pleuvoir, il retenait son
souffle, pétrifié, comme si lui-même eût été le faucon.
    — Bon ! Voilà qui est
bien ! s’exclamait-il au moment où le faucon tuait.
    Cet oiseau de proie lui avait beaucoup
appris ; résultat de ces parties de chasse : le visage de Kojirō
exprimait chaque jour un peu plus de confiance.
    Le soir, en rentrant chez lui, il
était accueilli par les yeux d’Omitsu, gonflés de larmes. Les efforts qu’elle
faisait pour les cacher le blessaient. Selon lui, être vaincu par Musashi
n’était pas concevable. Néanmoins, la question de savoir ce qu’il adviendrait
de la jeune fille s’il était tué se glissait dans son esprit.
    Il en allait de même pour l’image
de sa mère morte, à laquelle il n’avait guère accordé une pensée depuis des
années. Et chaque soir, en s’endormant, il avait la vision des yeux d’azur du
faucon et des yeux gonflés d’Omitsu, mêlée étrangement au souvenir fugace du
visage de sa mère.
     
     
     
Avant le treizième jour
     
    Shimonoseki, Moji, la ville à
château de Kokura... depuis plusieurs jours, bien des voyageurs étaient arrivés
mais peu étaient repartis. Toutes les auberges regorgeaient de monde, et les
chevaux s’alignaient devant, côte à côte, attachés aux poteaux.
    L’ordre édicté par le château
déclarait :
     
    Le treizième jour de ce mois, à huit heures du matin,
à Funashima dans le détroit de Nagato de Buzen, Sasaki Kojirō Ganryū,
un samouraï de ce fief, disputera sur l’ordre de Sa Seigneurie un combat avec
Miyamoto Musashi Masana, rōnin de la province de Mimasaka.
    Il est formellement interdit aux partisans de l’un et
l’autre homme d’épée de se porter à son aide ou de s’avancer sur les eaux qui
séparent la côte de Funashima. Jusqu’à dix heures, au matin du treize, aucun
bateau de promeneurs, de voyageurs et de pêcheurs ne sera autorisé à pénétrer
dans le détroit.
    Quatrième mois [1612].
     
    Cette annonce fut placardée bien
en vue à tous les principaux carrefours, quais et lieux de rassemblement.
    — Le treize ? C’est bien
après-demain ?
    — Des gens de partout
voudront voir le combat pour

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