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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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parois étaient faites de nattes de
roseaux maintenues par des bandes de bambou, mais une banderole proclamait
qu’il s’agissait d’un bain public. Osugi tendit une pièce en cuivre, et entra
laver son kimono. Après l’avoir nettoyé de son mieux, elle emprunta une perche
à sécher, et étendit le vêtement contre la paroi de la baraque. En
sous-vêtement, une robe de bain légère drapée sur le dos, elle s’accroupit dans
l’ombre de l’établissement et regarda la route d’un œil absent.
    De l’autre côté de la rue, une
demi-douzaine d’hommes, debout en cercle, marchandaient d’une voix assez forte
pour permettre à Osugi d’entendre ce qu’ils disaient.
    — Ça fait combien de pieds
carrés ? Si le prix est raisonnable, je m’y intéresserai peut-être.
    — Il y a deux tiers d’arpent.
Le prix, je l’ai déjà indiqué. Impossible de faire moins.
    — C’est trop. Vous devez bien
vous en rendre compte vous-même.
    — Pas du tout. Combler un
terrain coûte fort cher. Et n’oubliez pas qu’il n’y en a plus de disponible,
par ici.
    — Oh ! il doit bien y en
avoir. On comble partout.
    — Déjà vendu. Les gens s’arrachent
le terrain tel quel, marécage compris. Vous ne trouverez pas trois cents pieds
carrés à vendre. Bien sûr, si vous acceptez de vous éloigner beaucoup vers la
rivière Sumida, vous trouverez peut-être quelque chose de meilleur marché.
    — Vous me garantissez qu’il y
a deux tiers d’arpent ?
    — Vous n’avez pas besoin de
ma parole. Prenez une corde et mesurez vous-même.
    Osugi n’en revenait pas ; le
chiffre cité pour cent pieds carrés aurait suffi pour des dizaines d’arpents de
bonne terre à riz. Pourtant, à peu près la même conversation se répétait dans
la ville entière, car de nombreux marchands spéculaient sur les terrains. Osugi
était aussi perplexe. « Pourquoi veut-on de la terre ici ? Elle ne
vaut rien pour le riz, et l’on ne peut appeler cet endroit une ville. »
    De l’autre côté de la rue, le
marché finit par se conclure sur un claquement de mains rituel, destiné à
porter chance à toutes les parties concernées. Comme elle regardait, désœuvrée,
les ombres s’éloigner, Osugi sentit une main au dos de son obi.
    — Au voleur !
cria-t-elle en tâchant de saisir le poignet du malfaiteur, mais sa bourse était
déjà partie et le voleur déjà dans la rue. Au voleur ! cria-t-elle à
nouveau.
    Elle s’élança aux trousses de
l’homme, et parvint à s’agripper à sa taille.
    — ... Au secours ! Au
voleur !
    Le malfaiteur se débattit, la
frappa plusieurs fois au visage sans pouvoir desserrer son étreinte.
    — Lâche-moi donc, vieille
vache ! vociféra-t-il en lui lançant des coups de pied dans les côtes.
    Avec un violent gémissement, Osugi
tomba mais elle avait dégainé son petit sabre et taillada la cheville de
l’homme.
    — Ououou !
    Le sang jaillissait de la
blessure. L’homme fit quelques pas en boitant puis s’affala par terre. Alertés
par le vacarme, les marchands de terrain se retournèrent, et l’un d’eux
s’exclama :
    — Dites donc, ça ne serait
pas ce bon à rien de Kōshu ?
    Celui qui parlait ainsi était
Hangawara Yajibei, maître d’une équipe nombreuse d’ouvriers du bâtiment.
    — Il lui ressemble, fit l’un
de ses compagnons. Qu’est-ce qu’il a dans la main ? On dirait une bourse.
    — C’est ma foi vrai ! Et
quelqu’un vient de crier au voleur. Regardez ! Il y a une vieille femme
effondrée par terre. Allez donc voir ce qu’elle a. Je m’occuperai de lui.
    Déjà le voleur, s’étant relevé,
prenait la fuite ; mais Yajibei le rattrapa et le fit retomber d’une tape,
comme il eût écrasé une sauterelle. Rejoignant son patron, l’assistant
rapporta :
    — Exactement ce que nous
pensions. Il a volé la bourse de la vieille dame.
    — Je la tiens. Comment va la
vieille dame ?
    — Pas de blessure grave. Elle
s’était évanouie, mais elle est revenue à elle en criant à l’assassin.
    — Elle est encore assise
là-bas. Ne peut-elle se relever ?
    — Je crains bien que non. Il
lui a donné des coups de pied dans les côtes.
    — Espèce de vaurien !
    Foudroyant toujours du regard le
voleur, Yajibei ordonna à son subordonné :
    — ... Ushi, dresse un poteau.
    Ces mots firent trembler le voleur
comme si on lui appuyait la pointe d’un couteau contre la gorge.
    — Non, pas ça !
supplia-t-il, rampant dans la boue aux

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