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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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spéciale d’« hôtes » ; leur statut dépendait de facteurs
tels que leur adresse aux armes. Soutenant l’organisation hiérarchique il
existait un code d’étiquette, d’origine incertaine, mais strictement appliqué.
    A un certain moment, Yajibei, se
disant qu’Osugi risquait de s’ennuyer, lui proposa de prendre soin des plus
jeunes hommes. Depuis lors, ses journées avaient été pleinement occupées à
coudre, réparer, laver pour les kobun , dont le laisser-aller lui donnait
beaucoup de travail.
    Malgré tout leur manque d’usage,
les kobun reconnaissaient la qualité lorsqu’ils la voyaient. Ils
admiraient à la fois les habitudes spartiates de la vieille femme et
l’efficience avec laquelle elle accomplissait ses corvées. « C’est une
vraie dame de samouraï, avaient-ils coutume de déclarer. La Maison de Hon’iden
doit être d’un très bon sang. »
    L’hôte inattendu d’Osugi la
traitait avec considération ; il lui avait même construit un logis séparé
sur le terrain vague, derrière sa maison. Chaque fois qu’il était chez lui, il
allait matin et soir lui présenter ses respects. Comme un de ses subordonnés
lui demandait pourquoi il manifestait pareille déférence envers une inconnue,
Yajibei avoua qu’il s’était fort mal conduit envers ses propres père et mère
alors qu’ils vivaient encore. « A mon âge, disait-il, j’ai le sentiment
d’avoir des devoirs filiaux envers tous les gens âgés. »
    Le printemps vint, les fleurs de
pruniers sauvages tombèrent, mais la ville même n’avait encore presque pas de
fleurs de cerisier. Hormis quelques arbres dans les collines peu loties de
l’Ouest, il n’y avait que les jeunes arbres plantés par les bouddhistes le long
de la route qui menait au Sensōji, à Asakusa. Le bruit courait que cette
année ils étaient en boutons, et fleuriraient pour la première fois. Un jour,
Yajibei entra dans la chambre d’Osugi et lui dit :
    — Je vais au Sensōji. Cela
vous ferait-il plaisir de m’accompagner ?
    — Grand plaisir. Ce temple
est consacré à Kanzeon, et je crois beaucoup en ses pouvoirs. Elle est la même
bodhisattva que la Kannon que je priais au Kiyomizudera, à Kyoto.
    A Yajibei et Osugi se joignirent
deux des kobun , Jūrō et Koroku. Jūrō portait le
surnom de « Natte de roseau » pour des raisons ignorées de tous, mais
il était aisé de comprendre pourquoi l’on surnommait Koroku l’« Acolyte ».
C’était un petit homme épais à la face remarquablement bénigne, si l’on négligeait
les trois vilaines cicatrices de son front, témoignages d’une propension aux
rixes de rues.
    D’abord, ils gagnèrent le fossé de
Kyōbashi, où l’on trouvait des bateaux à louer. Après que Koroku les eut
menés avec habileté du fossé à la rivière Sumida, Yajibei ordonna que l’on
sortît les déjeuners portatifs.
    — Si je vais au temple
aujourd’hui, expliqua-t-il, c’est pour célébrer l’anniversaire du décès de ma
mère. En réalité, je devrais retourner dans mon pays m’incliner sur sa
tombe ; mais c’est trop loin ; aussi, je me contente d’aller au Sensōji
faire une donation. Mais ne considérez ça que comme un pique-nique.
    Par-dessus le bord du bateau, il
rinça une coupe à saké, et l’offrit à Osugi.
    — C’est très bien de votre
part de vous rappeler votre mère, dit-elle en acceptant la coupe et en se
demandant avec émotion si Matahachi en userait de même après sa disparition.
Pourtant, est-il convenable de boire du saké le jour anniversaire du décès de
votre pauvre mère ?
    — Mon Dieu, j’aime mieux ça
que de célébrer une cérémonie pompeuse. En tout cas, je crois en Bouddha ;
pour des rustres ignorants tels que moi, c’est là tout ce qui compte. Vous connaissez
le dicton, n’est-ce pas ? « Qui a la foi n’a pas besoin de
science. »
    Osugi, s’inclinant, se mit en
devoir de vider plusieurs coupes. Au bout d’un moment, elle observa :
    — Voilà des siècles que je
n’avais pas autant bu. J’ai l’impression de planer.
    — Finissez donc votre coupe,
insista Yajibei. Ce saké est bon, n’est-ce pas ? N’ayez pas peur de l’eau.
Nous sommes là pour prendre soin de vous.
    La rivière, qui coulait vers le
sud à partir de la ville de Sumida, était large et calme. Du côté de Shimōsa,
la rive orientale située face à Edo, se dressait une forêt luxuriante. Des
racines d’arbres qui s’avançaient dans l’eau formaient

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