Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
pieds de Yajibei. Pour cette fois,
laissez-moi partir. Je vous promets de ne pas recommencer.
    Yajibei secoua la tête.
    — Non. Tu auras ce que tu
mérites.
    Ushi, ainsi nommé d’après le signe
du zodiaque sous lequel il était né, pratique assez répandue chez les paysans,
revint avec deux ouvriers du chantier proche du pont.
    — Là-bas, dit-il en désignant
le milieu d’un terrain vague.
    Quand les ouvriers eurent planté
dans le sol un lourd poteau, l’un d’eux demanda :
    — Ça suffira ?
    — Parfait, dit Yajibei.
Maintenant, attachez-le au poteau, et clouez une planche au-dessus de sa tête.
    Cela fait, Yajibei emprunta un
pinceau et un encrier à un charpentier, et inscrivit sur la planche :
« Cet homme est un voleur. Jusqu’à ces derniers temps, il travaillait pour
moi, mais il a commis un délit pour lequel il doit être puni. Il doit être attaché
ici, exposé à la pluie et au soleil, durant sept jours et sept nuits. Par ordre
de Yajibei de Bakurōchō. »
    — ... Merci, dit-il en
rendant l’encrier. Et maintenant, si ce n’est pas trop vous demander,
donnez-lui quelque chose à manger de temps en temps. Juste assez pour
l’empêcher de mourir de faim. N’importe quel reste de votre déjeuner fera
l’affaire.
    Les deux ouvriers, ainsi que
d’autres qui s’étaient rassemblés entre-temps, donnèrent leur assentiment.
Certains d’entre eux promirent de veiller à ce que le voleur fût ridiculisé de
la belle manière. Les samouraïs n’étaient pas seuls à redouter l’exposition en
public de leurs méfaits ou de leurs faiblesses. A l’époque, même pour les
bourgeois ordinaires, être objet de risée constituait le pire de tous les
châtiments.
    Punir les malfaiteurs sans
recourir à la Justice était une pratique solidement établie. En un temps où les
guerriers se trouvaient trop occupés à guerroyer pour maintenir l’ordre, les
bourgeois, dans l’intérêt de leur propre sécurité, avaient pris sur eux de
régler leur compte aux scélérats. Bien qu’Edo possédât maintenant un magistrat
officiel, et que l’on fût en train d’élaborer un système au sein duquel des
citoyens éminents de chaque quartier jouaient le rôle de représentants du
gouvernement, il y avait encore des exemples de justice sommaire. Dans un état
de choses resté un peu chaotique, les autorités ne voyaient guère l’utilité
d’intervenir.
    — Ushi, dit Yajibei, va
reporter à la vieille dame sa bourse. Quel dommage qu’il faille que ce soit
arrivé à une personne de son âge ! Il semble qu’elle soit toute seule.
Qu’est devenu son kimono ?
    — Elle dit l’avoir lavé et
suspendu à sécher.
    — Va le lui chercher, et puis
amène-la. Autant la ramener avec nous à la maison. A quoi bon punir le voleur,
si nous devons la laisser ici, à la merci d’un autre bandit ?
    Quelques instants plus tard,
Yajibei s’éloignait à grands pas. Ushi le suivait de près, le kimono sur le
bras, Osugi sur le dos.
    Ils arrivèrent bientôt à
Nihombashi, le « Pont du Japon », à partir duquel on mesurait
maintenant toutes les distances au long des routes qui partaient d’Edo. Des
piles de pierre soutenaient l’arche de bois ; le pont n’ayant été
construit qu’environ un an plus tôt, les parapets conservaient un aspect neuf.
Des bateaux venus de Kamakura et d’Odawara se trouvaient amarrés le long d’une
des berges. Sur l’autre se tenait le marché au poisson de la ville.
    — Oh ! que j’ai mal au
côté ! s’exclama Osugi avec un violent gémissement.
    Les marchands de poisson levèrent
les yeux pour voir ce qui se passait. Se donner en spectacle n’était pas du
goût de Yajibei. Se retournant pour jeter un coup d’œil à Osugi, il lui
dit :
    — Nous arrivons bientôt.
Prenez patience. Votre vie n’est pas en danger.
    Osugi appuya la tête sur le dos
d’Ushi, et devint sage comme une image.
    Au centre de la ville, commerçants
et artisans voisinaient. Il y avait le quartier des forgerons, celui des
fabricants de lances, d’autres pour les teinturiers, les tisseurs de tatamis,
et ainsi de suite. La maison de Yajibei se distinguait de celles des autres
charpentiers en ce que la façade du toit était à moitié couverte de
tuiles ; toutes les autres maisons avaient des toits de planches. Jusqu’à
un incendie survenu deux ans plus tôt, presque tous les toits avaient été
couverts de chaume. Yajibei devait à son toit ce qui passait pour être

Weitere Kostenlose Bücher