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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Courant comme le
vent, il parvint à rester sur des voies secondaires, bien à l’écart de la route
de Daizō.
    Ce fut avec une expression de
parfaite innocence qu’il grimpa les marches de l’auberge et rentra dans leur
chambre. Il était dans un jour de chance ; Sukeichi, affalé contre la
malle laquée, seul, dormait comme une masse. Un mince filet de salive lui
coulait sur le menton.
    — Dis donc, Sukeichi, tu vas
attraper froid, là.
    Exprès, Jōtarō le secoua
pour le réveiller.
    — Ah ! c’est toi ?
bâilla Sukeichi en se frottant les yeux. Qu’est-ce que tu fabriquais dehors,
aussi tard, sans en avoir averti le maître ?
    — Tu es fou ? Je suis
rentré depuis des heures. Si tu n’avais pas dormi, tu le saurais.
    — N’essaie pas de me tromper.
Je sais bien que tu es sorti avec cette bonne femme du Sumiya. Si tu cours déjà
après les putains, je n’ose penser à ce que tu feras quand tu seras grand.
    A cet instant, Daizō ouvrit
le shoji.
    — Me revoilà, dit-il
simplement.
     
    Il fallait partir de bonne heure
pour arriver à Edo avant la nuit. Jinnai mit en route sa troupe, où Akemi avait
retrouvé sa place, bien avant l’aube. Mais Daizō, Sukeichi et
Jōtarō prirent le temps de déjeuner, et ne furent prêts à partir
qu’une fois le soleil assez haut dans le ciel.
    Daizō marchait en tête, comme
d’habitude, mais Jōtarō traînait en arrière avec Sukeichi, ce qui
était inhabituel. Daizō finit par s’arrêter pour demander :
    — Qu’est-ce que tu as, ce
matin ?
    — Plaît-il ?
    Jōtarō faisait de son
mieux pour paraître désinvolte.
    — Il y a quelque chose qui ne
va pas ?
    — Non, rien du tout. Pourquoi
me demandez-vous ça ?
    — Tu as l’air de mauvaise
humeur. Ça ne te ressemble pas.
    — Ça n’est rien, monsieur.
Seulement, je réfléchissais. Si je reste avec vous, je ne sais pas si je
retrouverai jamais mon maître. J’aimerais le rechercher seul, si vous n’y voyez
pas d’inconvénient.
    Sans hésiter un seul instant, Daizō
répliqua :
    — J’y vois un
inconvénient !
    Jōtarō l’avait rejoint
et s’apprêtait à lui prendre le bras ; mais il retira sa main pour
demander nerveusement :
    — Lequel ?
    — Reposons-nous ici un
moment, dit Daizō en s’asseyant sur la plaine herbeuse qui faisait la
célébrité de la province de Musashi.
    Une fois assis, il fit signe à
Sukeichi de continuer d’avancer.
    — Mais je dois retrouver mon
maître... le plus tôt possible, plaidait Jōtarō.
    — Je te l’ai dit, tu ne
partiras pas seul.
    Avec une expression de grande
sévérité, Daizō porta sa pipe en céramique à ses lèvres et tira une
bouffée.
    — ... A partir d’aujourd’hui,
tu es mon fils.
    Il avait l’air sérieux.
Jōtarō avala sa salive, mais alors, Daizō se mit à rire et le
garçon, croyant que tout cela n’était qu’une plaisanterie, répondit :
    — Impossible. Je ne veux pas
être votre fils.
    — Quoi ?
    — Vous êtes un marchand. Je
veux être un samouraï.
    — Je suis sûr que tu
t’apercevras que Daizō de Narai n’est pas un bourgeois ordinaire, sans
honneur ni ancêtres. Deviens mon fils adoptif, et je ferai de toi un véritable
samouraï.
    Jōtarō, consterné, se
rendait compte qu’il pensait ce qu’il disait.
    — Puis-je demander pourquoi
vous avez décidé ça aussi brusquement ? demanda le garçon.
    Soudain, Daizō l’empoigna et
l’attira contre lui. La bouche à l’oreille du garçon, il chuchota :
    — Tu m’as vu, hein, espèce de
petit gredin ?
    — Vu ?
    — Oui ; tu regardais,
n’est-ce pas ?
    — Je ne sais pas de quoi vous
parlez. Je regardais quoi ?
    — Ce que j’ai fait la nuit
dernière.
    Jōtarō tâchait de toutes
ses forces de garder son calme.
    — ... Pourquoi as-tu fait
ça ?
    Les défenses du garçon étaient
bien près de s’effondrer.
    — ... Pourquoi fourrais-tu le
nez dans mes affaires personnelles ?
    — Pardon ! éclata
Jōtarō. Je regrette vraiment. Je ne le dirai à personne !
    — Parle plus bas. Je ne te
punirai pas mais, en retour, tu vas devenir mon fils adoptif. Si tu refuses, tu
ne me laisses d’autre choix que de te tuer. Allons, ne m’y force pas. Je te
considère comme un bon garçon très digne d’être aimé.
    Pour la première fois de sa vie,
Jōtarō commença d’éprouver une véritable frayeur.
    — Pardon ! répéta-t-il
ardemment. Ne me tuez pas. Je ne veux pas mourir !
    Comme une alouette

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