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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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captive, il se
débattait timidement dans les bras de Daizō, craignant que s’il luttait
davantage la main de la mort ne s’abattit aussitôt sur lui. Bien que le garçon
se crût dans un étau, Daizō ne le tenait pas du tout serré. En réalité,
lorsqu’il attira sur ses genoux le garçon, il le touchait presque avec
tendresse.
    — Alors, tu seras mon fils,
n’est-ce pas ?
    Son menton piquant grattait la
joue de Jōtarō. Bien qu’il n’eût pu s’en rendre compte, ce qui
enchaînait Jōtarō, c’était une odeur d’homme adulte. Il ressemblait à
un petit enfant sur les genoux de Daizō, incapable de résister, incapable
même de parler.
    — ... A toi de décider. Veux-tu
me laisser t’adopter, ou veux-tu mourir ? Réponds-moi tout de suite !
    Le garçon poussa un gémissement et
fondit en larmes. Il s’essuya la figure avec ses doigts salés, si bien que des
petites flaques boueuses se formèrent de part et d’autre de son nez.
    — ... Pourquoi
pleures-tu ? Tu as de la chance d’avoir une occasion pareille. Je te
garantis que grâce à moi tu seras un grand samouraï.
    — Mais...
    — Mais quoi ?
    — Vous êtes... vous êtes...
    — Oui ?
    — Je ne peux pas le dire.
    — Accouche. Parle. Un homme doit
exprimer sa pensée avec simplicité et clarté.
    — Vous êtes... eh bien, votre
métier, c’est de voler.
    Sans les mains qui reposaient
légèrement sur lui, Jōtarō se fût enfui comme une gazelle. Mais le
giron de Daizō était une fosse profonde, dont les parois l’immobilisaient.
    — Ha ! ha ! gloussa
Daizō en lui donnant par jeu une claque dans le dos. C’est donc là tout ce
qui t’inquiète ?
    — Ou-ou-i.
    Le rire secoua les fortes épaules
de l’homme.
    — Je pourrais bien être du
genre à voler le pays tout entier, mais je ne suis pas un simple cambrioleur ou
voleur de grand chemin. Regarde Ieyasu, Hideyoshi ou Nobunaga : ce sont
tous des guerriers qui ont volé ou tenté de voler la nation tout entière, tu ne
crois pas ? Reste seulement avec moi, et un de ces jours tu comprendras.
    — Alors, vous n’êtes pas un
voleur ?
    — Je ne me soucie pas d’un
métier qui rapporte aussi peu.
    Et, relevant le garçon, il
ajouta :
    — ... Maintenant, cesse de
pleurnicher, et remettons-nous en route. A partir de cet instant, tu es mon
fils. Je serai pour toi un bon père. De ton côté, jamais tu ne souffleras mot à
personne de ce que tu crois avoir vu cette nuit. Sinon, je te tords le cou.
    Jōtarō le croyait.
     
     
     
     
Les pionniers
     
    Le jour proche de la fin du
cinquième mois où Osugi arriva à Edo, il faisait une chaleur humide,
étouffante, comme ce n’était le cas que lorsque la saison des pluies
n’apportait pas de pluie. Cela faisait près de deux mois qu’elle avait quitté
Kyoto ; dans l’intervalle, elle avait voyagé sans se presser, en prenant
le temps de dorloter ses douleurs et ses maux, ou de visiter sanctuaires et
temples.
    Sa première impression de la
capitale du shōgun fut mauvaise. « Pourquoi construire des maisons
dans un pareil marécage ? se dit-elle avec dédain. L’on n’a même pas
encore arraché les mauvaises herbes et les joncs. »
    En raison de l’exceptionnelle
sécheresse, un voile de poussière couvrait la grand-route de Takanawa, aux
arbres nouvellement plantés, aux bornes récemment dressées. Le tronçon qui
allait de Shioiri à Nihombashi fourmillait de chars à bœufs chargés de pierres
ou de bois de charpente. Tout le long du chemin, les maisons poussaient comme
des champignons.
    — Miséricorde !
s’étrangla Osugi en levant des yeux irrités sur une bâtisse inachevée.
    De l’argile humide, tombée d’une
truelle de plâtrier, venait d’atterrir accidentellement sur son kimono. Les
ouvriers éclatèrent de rire.
    — ... Quelle audace, que de
jeter de la boue sur les gens pour ensuite leur rire au nez ! Vous devriez
être à genoux, pour demander pardon !
    Là-bas, à Miyamoto, quelques
paroles acérées, sorties de sa bouche, eussent fait trembler ses fermiers ou
tous les autres villageois. C’est à peine si ces ouvriers, entre les milliers
de nouveaux venus du pays entier, levèrent les yeux de leur travail.
    — Qu’est-ce que raconte la
vieille sorcière ? demanda un ouvrier.
    Osugi, furieuse, s’écria :
    — Qui a dit ça ?
Comment, toi...
    Plus elle écumait, plus ils
riaient. Des badauds s’attroupèrent, se demandant l’un à l’autre pourquoi

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