Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
une magnifique
forêt primitive de grands arbres anciens mais le temple de Kanzeon avait l’air
minable, et quand la rivière débordait, l’eau montait à travers bois jusqu’au
péristyle. Même à d’autres moments, de petits affluents inondaient le terrain.
    — Soyez le bienvenu. Content
de vous revoir.
    Levant des yeux surpris, Osugi vit
un prêtre agenouillé sur le toit.
    — Alors, on travaille sur le
toit ? demanda aimablement Yajibei.
    — Il faut bien, à cause des
oiseaux. Plus je le répare, et plus ils en volent le chaume pour faire leurs
nids. Ça prend toujours l’eau quelque part. Mettez-vous à l’aise. Je descends
tout de suite.
    Yajibei et Osugi prirent des
cierges votifs, et pénétrèrent dans l’intérieur sombre. « Pas étonnant que
ça prenne l’eau », se dit-elle en regardant les trous qui étoilaient le
plafond.
    Elle s’agenouilla à côté de
Yajibei, sortit son chapelet, et, les yeux rêveurs, psalmodia le Vœu de
Kanzeon, extrait du Sutra du Lotus :
     
    Tu
résideras dans l’air, comme le soleil.
    Et
si de mauvais hommes te poursuivent
    Et
te font tomber de la Montagne de Diamant,
    Médite
sur la puissance de Kanzeon,
    Et
tu ne perdras pas un cheveu de ta tête.
    Et
si des bandits te cernent
    Et
te menacent de leurs sabres,
    Si
tu médites sur la puissance de Kanzeon
    Les
bandits te prendront en pitié.
    Et
si le roi te condamne à mort,
    Et
que le sabre soit sur le point de te décapiter,
    Médite
sur la puissance de Kanzeon.
    Le
sabre volera en éclats.
     
    Au début, elle récitait
doucement ; mais à mesure qu’elle oubliait la présence de Yajibei, Jūrō
et Koroku, sa voix s’élevait et devenait retentissante ; son visage
prenait une expression d’extase.
     
    Les
quatre-vingt-quatre mille êtres sensibles
    Se
mirent à aspirer dans leur cœur
    A anuttara-sanmyak-sambodhi ,
    La
sagesse insurpassée des Bouddhas.
     
    Le chapelet tremblant entre les
doigts, Osugi passa sans transition de sa psalmodie à une prière
personnelle :
     
    Gloire
à Kanzeon, universellement honorée !
    Gloire
à la Bodhisattva d’infinie miséricorde et d’infinie
    [compassion !
    Considère
d’un œil favorable l’unique vœu de la vieille
    [femme que je suis.
    Fais
que j’abatte Musashi, et très bientôt !
    Fais
que je l’abatte !
    Fais
que je l’abatte !
     
    Baissant brusquement la voix, elle
s’inclina jusqu’à terre.
    — ... Et fais de Matahachi un
bon garçon. Assure la prospérité de la Maison de Hon’iden !
    Après cette longue prière, il y
eut un moment de silence avant que le prêtre les invitât à prendre le thé
dehors. Yajibei et ses deux cadets, qui s’étaient protocolairement agenouillés
durant toute l’invocation, se relevèrent en frictionnant leurs jambes
courbaturées, et sortirent sur le péristyle.
    — Maintenant, je peux boire
du saké ? demanda Jūrō, anxieux.
    L’autorisation accordée, il courut
chez le prêtre préparer leur déjeuner sur le péristyle. Le temps pour les
autres de le rejoindre, il sirotait son saké d’une main, et de l’autre faisait
griller le poisson qu’ils avaient acheté.
    — Qu’est-ce que ça peut
faire, qu’il n’y ait pas de fleurs de cerisier ? commenta-t-il. Ça
ressemble tout de même à un pique-nique avec vue sur les fleurs.
    Yajibei tendit au prêtre une
offrande, délicatement enveloppée dans du papier, et lui dit de la consacrer
aux réparations du toit. Ce faisant, il remarqua une rangée de plaques de bois
où se trouvaient inscrits des noms de donateurs, avec les sommes qu’ils avaient
offertes. Presque toutes ces dernières étaient à peu près les mêmes que celle
de Yajibei, quelques-unes moindres, mais l’une contrastait nettement :
« Dix pièces d’or, Daizō de Narai, province de Shinano. » Se
tournant vers le prêtre, Yajibei fit observer avec une certaine méfiance :
    — C’est peut-être mal élevé
de le dire, mais dix pièces d’or sont une somme considérable. Ce Daizō de
Narai est si riche que cela ?
    — A la vérité, je n’en sais
rien. Il est apparu soudainement un beau jour, vers la fin de l’année dernière,
en disant que c’était une honte que le plus célèbre temple de la région de Kanto
fût en aussi piètre état. Il m’a déclaré que l’argent devrait servir à l’achat
de bois de charpente.
    — Un homme admirable, à ce
qu’il semble.
    — Il a donné aussi trois
pièces d’or au sanctuaire de Yushima,

Weitere Kostenlose Bücher