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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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une spécialiste des potins, et la façon de les obtenir comptait bien moins que la satisfaction qu’elle retirait d’en avoir connaissance.
    — Et qu’est-ce qu’ils disaient ? Claudine raconta :
    — « Ton Andrei est un faux jeton, disait Francis il cache des choses pas claires. Que Gérard se fasse avoir comme ton père, ça ne m’étonne pas, c’est un gentil. Mais toi, je ne t’aurais pas crue si naïve. » Et là, tu connais Chantal quand elle est en colère. Elle devient toute blanche. Elle lui a répondu que, s’il continuait à la harceler comme ça, elle ne viendrait plus aux réunions du syndicat. Et après, elle a ajouté : « J’ai le droit d’aimer qui je veux et ça ne te regarde pas » !
    — Tu es sûre qu’elle a dit ça ?
    — Sûre. Mot pour mot.
    — Tu as peut-être mal entendu ou mal interprété.
    — Non. C’était bien clair. Francis a été si surpris qu’il n’a plus rien dit, et moi, comme il ne se passait plus rien, je suis entrée dans le bureau. Chantal est partie et j’ai bien vu que Francis en avait pris un coup.
    Cette fois, c’était au tour de Michèle de ne rien comprendre. Pourquoi Chantal avait-elle avoué ça à Francis ? Elle aurait bien voulu en savoir plus tout de suite, mais Claudine s’était attaquée au sauté de veau et ce n’était plus le moment de l’interrompre. De toute façon, se dit Michèle en attrapant la corbeille du pain, elle connaîtrait le fin mot de l’histoire. Et elle se promit d’en parler directement à Chantal.

 
    25
    La journée passa à toute vitesse. Sophie voulait aller partout et entraînait Béatrice d’un pont à l’autre, de haut en bas, de bâbord à tribord, au pas de charge. Elles visitèrent tout ce qu’elles purent, fumoirs, bibliothèques, salons de lecture et d’écriture, salle de sport. Sophie n’en revenait pas. Comment tout cela pouvait-il tenir sur un bateau ? Comment pouvait-il y avoir tant de salles de spectacle, de salons et de bars, de restaurants et de commerces ? Elles étaient si épuisées à force de monter, descendre et aller de gauche à droite qu’elles furent les premières à aller s’asseoir dans la grande salle à manger Versailles. Elles déjeunèrent de façon copieuse et furent tellement gourmandes que, deux heures plus tard, elles étaient toujours à table. Quand, enfin, elles se décidèrent à se lever, leur estomac était si lourd qu’elles n’avaient plus la force de courir. D’un commun accord, elles décidèrent de se rendre tranquillement aux Galeries Lafayette. La célèbre enseigne avait ouvert sur le France un espace de mode luxueux et, dans l’interminable série de vitrines richement éclairées qui couvraient toute la longueur d’une coursive, elles avaient eu l’occasion de repérer quelques babioles dans leurs moyens.
    — Je n’ai besoin de rien, dit Sophie, mais je veux absolument acheter quelque chose. Ça fera un souvenir de ma première traversée.
    — Oui, tu as bien raison, je vais faire pareil. Un petit sac ou un twin-set bleu, comme l’océan, ça sera génial !
    Rieuses et excitées comme si elles allaient faire quelque chose d’extraordinaire, les deux jeunes femmes se dirigèrent vers les ascenseurs dont les portes s’ouvrirent sur l’Académicien, juste quand elles arrivaient.
    — Décidément, grinça Béatrice, impossible de vous éviter, vous êtes partout.
    — Je suis incontournable ! répondit-il sans s’émouvoir de son ton désagréable. (Puis, cérémonieusement, il ajouta :) Mesdemoiselles ! À quel étage puis-je vous conduire ?
    — Aux boutiques, dit Sophie en réfléchissant, je crois qu’elles sont... au quatrième.
    — Ah, ah ! Vous courez déjà à la rue du Faubourg Saint-Honoré, c’est bien féminin, ça, d’aller faire les boutiques sur un bateau !
    Agacée, Béatrice se hâta d’appuyer sur le bouton du quatrième, devançant le doigt que l’Académicien s’apprêtait à y poser. Elle était loin d’avoir digéré la scène du petit déjeuner.
    Soucieux de garder intacte sa réputation de fair-play, l’Académicien, qui s’en voulait de son indélicatesse matinale, chercha à se faire pardonner.
    — Puis-je vous inviter à prendre une collation au salon Debussy, on y donne tout à l’heure un concert : Jeux d’eau. Il y aura Roland Dor au piano, ce devrait être une excellente interprétation.
    — Non, désolées. Nous avons beaucoup à faire. Surpris par le cinglant

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