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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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de la réponse, l’Académicien ne put retenir une grimace de contrariété. Visiblement, Béatrice ne décolérait pas.
    Sophie soupira. Elle n’avait aucune envie de ces crispations et eut une idée qu’elle jugea lumineuse.
    — Je viendrais volontiers écouter le concert dès que nous aurons terminé nos courses, dit-elle en prenant son air le plus aimable. Mais, savez-vous ce qui nous ferait encore un plus grand plaisir ?
    Soulagé de trouver une porte de sortie, l’Académicien s’empressa :
    — Demandez, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir.
    — Faites-nous inviter à la table du commandant pour le dîner de ce soir.
    Le visage de l’Académicien se figea et celui de Béatrice s’éclaira. Comment n’y avait-elle pas pensé ? Sophie était ravie de son initiative.
    — C’est-à-dire... bafouilla l’Académicien, pris de court, ce serait avec... grand plaisir, seulement... ce n’est pas si simple. Cela me semble même impossible, autant vous l’avouer. Hier, c’était un tour de force. Je vous avais fait inviter, mais, je ne sais pour quelle raison, le maître d’hôtel a changé ses plans à la toute dernière minute. Impossible de savoir pourquoi. Je ne vous cacherai pas que ça m’a semblé bizarre et je crains que cette fois encore...
    La sonnerie du quatrième étage l’interrompit et les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, précipitant les deux amies sur le palier.
    — Je suis sûre que vous y arriverez ! lança Sophie, malicieuse.
    L’Académicien allait ouvrir la bouche pour lui faire part de ses réticences, mais les portes de l’ascenseur se refermèrent sur son visage stupéfait et il disparut, aspiré vers les hauteurs.
    — Génial ! s’exclama Béatrice, ravie. Quelle excellente idée tu as eu de lui demander ça !
    — N’est ce pas ? Maintenant il va se sentir obligé de nous l’obtenir, et cette fois, crois-moi, on va les descendre, les escaliers de la salle Chambord !
    Regonflées par la perspective de dîner enfin à la table la plus en vue du France, elles entrèrent dans la boutique des Galeries Lafayette avec la ferme intention de s’offrir quelque chose et d’aller ensuite se faire coiffer.
    — Ça va coûter cher, se disait Sophie intérieurement, mais je peux bien me payer ça. Je l’ai bien mérité.
    Chaque fois qu’elle dérogeait à l’ancestrale règle d’économie enseignée par sa mère pour s’octroyer quelques excès, Sophie faisait appel à sa propre évaluation du mérite.
    Sacs de cuir graine en crocodile de couleur fauve, robes, pantalons et foulards aériens, la boutique des Galeries Lafayette dégageait un parfum raffiné. Des bouquets de fleurs étaient posés sur des guéridons de métal et des vendeuses à la voix douce et aux mains impeccables officiaient derrière de longs présentoirs aux plateaux de verre. Un peu impressionnées par cette atmosphère de luxe froid, Béatrice et Sophie surmontèrent leur trouble, et, cependant que Béatrice se faisait montrer les sacs, Sophie demanda à essayer un foulard. La vendeuse fit glisser de sous le présentoir de verre un plateau garni de grands carrés soigneusement plies et, d’un geste sûr, en tira un de soie bleu marine de marque Hermès. Elle le déplia et le passa autour du visage de Sophie puis le noua élégamment dans sa nuque.
    — Il vous va à merveille, fit-elle alors en se reculant pour juger de l’effet. Quelle classe cela vous donne ! On dirait cette actrice brune dont on parle beaucoup et qui a tant d’allure. Anouk Aimée ! Vous la connaissez ? Tenez, regardez-vous là dans le miroir.
    La vendeuse ne pouvait pas deviner à quel point sa comparaison tombait juste par rapport à Sophie. Aussi quand elle posa sur le comptoir un miroir cerclé de métal doré pour qu’elle y admire son reflet, elle fut agréablement surprise de la rapidité de la réponse.
    — C’est vrai, on dirait qu’il est fait pour moi, dit Sophie, qui, pour parfaire la ressemblance avec l’actrice, mit ses lunettes noires et tourna la tête en tous sens pour juger de l’effet sous tous les angles. Je le prends. Quel est son prix ?
    — Mille francs, mademoiselle.
    Mille francs ! Sophie crut avoir mal compris mais n’osa reformuler sa demande.
    — C’est une folie, lui glissa Béatrice à l’oreille en lui montrant le sac en vachette qu’elle venait de choisir. Regarde, moi j’ai été raisonnable.
    Délaissant le crocodile vu les tarifs exorbitants qu’on

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