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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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s’il pouvait lui dire un mot. Mais alors qu’il s’avançait, ébloui par la cabine qu’il découvrait, l’Académicien oublia à la seconde où il entrait le motif de sa visite.
    — Quelle merveille ! dit-il, époustouflé.
    Béatrice eut un temps de réflexion avant de comprendre qu’il parlait du salon. Effectivement, l’appartement Provence offrait une vue sur le Sundeck et l’océan, grâce à un pan entièrement vitré.
    — Quel spectacle !
    L’Académicien n’avait pu s’empêcher d’écarter les voilages blancs de la baie vitrée.
    — Et quelle tempête ! Le commandant me disait en partant à la timonerie qu’il n’en avait jamais connu de pareille sur l’Atlantique Nord. Il avait l’air pressé d’en découdre. Ah, ces marins ! Ils ne sont pas tout à fait comme nous, plus ça tangue, plus ils sont contents !
    Un paquet de mer s’écrasa sur le pont et vint éclabousser les vitres de la baie. L’Académicien fit un bond en arrière.
    — Quelle tempête, grands dieux ! Nous allons être engloutis !
    Vue de cet endroit confortable et élégant, la tempête qui sévissait à l’extérieur était encore plus effroyable qu’elle ne l’était sur la terrasse. Les eaux semblaient jaillir de derrière le paquebot, prêtes à engloutir le salon et ses occupants. Puis elles retombaient en éclatant contre l’acier du pont, ruisselaient et, enfin, disparaissaient jusqu’à ce qu’une autre vague arrive. C’était une scène apocalyptique. On entendait le grondement terrible de l’océan et le sifflement des vents violents. Le navire se soulevait.
    — Eh bien ! fit l’Académicien, impressionné, en laissant retomber les rideaux sur la baie vitrée, heureusement que nous avons un état-major de première, parce que sinon je ne dormirais pas tranquille.
    Tout en parlant, il se promenait dans la pièce, aussi à l’aise que s’il était chez lui.
    — Mais, vous n’aviez jamais visité ce salon ? dit Béatrice légèrement agacée de voir qu’il semblait avoir complètement oublié qu’il était venu pour s’excuser des dîners ratés et pour prendre des nouvelles de Sophie.
    — Non, je n’y étais jamais entré.
    — Pourtant, c’est bien à vous qu’on doit d’être ici, non ?
    — Oui, mais ce n’est pas moi qui y logeais. C’est une star et elle ne m’y avait pas invité. Elle est comme vous, elle préfère les beaux jeunes hommes aux lunettes noires.
    Il souriait, moqueur, mais Béatrice n’avait vraiment pas le coeur à rire. Cette soirée l’avait épuisée. Accaparé par sa curiosité, l’Académicien n’avait pas conscience de son agacement et continuait à regarder autour de lui. Il aimait les décors, c’était plus fort que lui, chaque fois qu’il entrait quelque part il s’attardait. Le France était un concentré de cette nouvelle gamme de coloris à la mode et si particuliers. Murs et moquette traités dans un jaune ocre et or, voire un peu moutarde, canapé et fauteuils vert olive aux fins piètements de métal en biais, tapis de laine rectangulaire beige aux motifs bruns et noirs, vases de métal aimantés avec bouquets d’oeillets rouges et blancs et d’anémones assorties, le salon Provence décoré par Moulin était un must et un concentré de ces nouveaux goûts. Nostalgique des temps passés, l’Académicien avait beau tenter de comprendre cette beauté, il ne s’y faisait toujours pas.
    — Ça alors ! s’exclama-t-il comme s’il avait enfin trouvé ce qu’il cherchait depuis longtemps, Brayer ! Brayer est ici. Je ne le savais pas.
    Béatrice ne comprit pas qu’il parlait de la toile  du peintre en vogue, Yves Brayer. Ses connaissances en art étant limitées, elle crut qu’il avait vu quelqu’un.
    — Non, dit-elle, surprise, il n’y a personne ici à part Sophie et moi.
    Fort heureusement pour elle, il ne l’entendit pas dirigea vers sa découverte accrochée au mur. Passionné d’art, il aurait laissé en plan l’interlocuteur le plus glorieux pour une peinture. L’Académicien était un homme courtois, mais, l’âge avançant, il avait développé des manies de vieux garçon. Oubliant Béatrice, il s’approcha de la grande toile de près de deux mètres de long sur quatre-vingts centimètres de large qui représentait un mas dans la garrigue. Brayer était un peintre coté et l’oeuvre avait été signalée comme un achat majeur du France. Il voulait vérifier.
    De l’autre côté de la cloison,

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