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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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encore au souvenir de cette passagère apparue dans la nuit et de cette bulle d’or. Il se demandait ce qui se serait passé si elle ne s’était pas retournée juste au moment où il avait décidé d’aller ouvrir la porte et de la prendre dans ses bras. De la serrer fort tout contre lui et de faire glisser la pluie sur son déshabillé de soie blanche.
    De n’avoir pu le faire, il ressentait une grande frustration. Et, en ce moment même, il n’avait qu’une envie, partir à sa recherche.
    — Dites-moi, Vercors. Qu’est-ce qui s’est passé cette nuit sur la terrasse ?
    L’officier n’avait pas entendu arriver le commissaire. Pourtant il répondit aussi clairement que s’il était justement en train de se poser la même question. Il avait acquis une aisance redoutable dans l’art de passer du monde des pensées intérieures à celui du réel. Il pratiquait l’exercice en quasi-permanence.
    — Ce qui s’est passé ? Rien que de très banal, commissaire. Deux hommes prêts à en découdre, dont l’un très éméché. J’ai réglé le problème au plus vite. C’est tout.
    — Ah bon ! fit le commissaire, pensif. Mais... ces hommes, ils voulaient quoi ?
    Pierre Vercors n’aimait pas qu’on le prenne pour un imbécile.
    — Vous devez le savoir puisque vous êtes au courant de ce qui s’est passé.
    — Au courant, c’est vite dit. Je sais juste qu’un photographe a eu une altercation avec un officier et un homme en bleu de travail. Il s’en est vanté en petit comité, sans donner de détails, et ça nous est revenu. Mais je n’en sais pas plus. Le photographe a tenté de minimiser quand je suis allé le voir. Il a même nié que ça a eu lieu.
    — Vous voyez, ça n’était pas grave.
    — Oui, enfin, sans doute, puisque vous le dites. Mais vous savez ce que le gars des machines faisait là ?
    — Non. Ils étaient visiblement en conflit.
    — Heureusement que vous passiez par là. Ça ne doit pas être facile de calmer un homme excité qui a bu. D’ailleurs... comment vous y êtes-vous pris ?
    Le commissaire cherchait la faille, mais l’officier n’avait rien à cacher.
    — Je m’y suis pris rapidement. C’était la seule chose à faire pour que ça n’aille pas plus loin.
    Le commissaire comprit-il ce que signifiait ce « rapidement » ? En tout cas, il n’insista pas.
    — Je vous remercie d’avoir réglé le problème de façon aussi discrète, Vercors. Personne ne s’est aperçu de rien et la tempête nous a bien servis, avec en plus la musique et le bruit qu’il y avait dans le bar. Ce matin, le photographe dort, il digère le Champagne. Le barman est prié d’être plus vigilant avec lui ce soir.
    — Donc, tout est en ordre.
    — Pas vraiment. Mon problème c’est l’autre. Il s’appelle Andrei. Ça fait deux soirs de suite qu’il est sur des affaires de dérapage.
    — Personnellement, je ne l’ai pas vu déraper, comme vous dites.
    — Peut-être, mais ça fait deux fois qu’on le trouve sur des lieux où il n’a rien à faire. C’est trop, et ça ne me dit rien qui vaille. La discipline est sévère, on ne peut sous aucun prétexte tolérer deux écarts pareils. Il risque fort d’être débarqué.
    L’officier ne répondit rien et manifesta un très léger signe d’impatience. Il voulait retourner à ses pensées et estimait que les problèmes de gestion du personnel ne le concernaient pas.
    — L’embêtant, continua le commissaire qui n’en avait pas fini et paraissait très ennuyé, c’est qu’un autre ouvrier des machines, un dénommé Gérard, est venu me voir. Il a avoué que c’est lui qui a taché la moquette de son sang et effrayé le malade.
    Cette fois Pierre Vercors ne voyait pas où le commissaire voulait en venir.
    — Et alors ?
    — Alors, ça ne nous arrange pas. Les deux sont amis et celui-là est syndiqué, très apprécié de tous. Le syndicat va se croire obligé de le défendre.
    — Jusque-là, rien que de très habituel.
    — Justement ! répliqua le commissaire, agacé. Il faut sortir des habitudes. Pas question de commencer la vie du France par un conflit. Personne n’en a envie, les syndicats pas plus que nous. Or, je ne peux pas en sanctionner un et pas l’autre. Ils nous ont bien eus, à la bordée, pour protéger cet Andrei. Faire bloc, rien de tel pour nous empêcher d’agir.
    — C’est de votre ressort. Je m’occupe du navire, pas des hommes. Je ne peux rien vous apporter.
    Cette

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