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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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manière de clore la discussion était des plus correctes, pourtant le commissaire y trouva quelque chose d’agressif. Il faillit envoyer l’officier sur les roses. Il ne supportait pas cette barrière que dressait Vercors entre lui et les autres.
    — Effectivement, vous ne pouvez rien m’apporter, reprit-il, du moins pas pour l’instant. On fait le point entre nous pour essayer de débloquer discrètement l’affaire avant que je sois obligé d’en faire part officiellement au commandant à la réunion de l’état-major. Tant qu’il n’est pas au courant, on peut régler la chose. Il le faut, mais si ça va jusque-là, on se reverra pour signer le rapport, puisque je signalerai votre présence. Et il ne faudrait pas qu’il y ait d’autres nuits comme celle-ci, on est sur un navire civilisé.
    L’officier ne répondit rien et partit. Le commissaire grommela quelque invective et reporta son agacement sur la secrétaire en rejoignant son bureau :
    — Je vous avais demandé d’appeler le syndicat et de me faire venir Francis ! Où ça en est ?
    — C’est fait, répondit-elle, imperturbable. Il m’a dit que si vous vouliez le voir, son bureau était ouvert. La dernière fois il s’est déplacé, cette fois c’est à vous. Il dit qu’il est très occupé.
    Le commissaire prit une longue inspiration pour calmer ses nerfs. Pour la énième fois de sa vie, il constatait que gérer des êtres humains, avec leurs états dame, c’était l’enfer. Il se demandait souvent pourquoi il avait choisi un métier pareil et rêvait d’avoir à s’occuper de machines inertes dépourvues de sentiments. Et, sur ces pensées qui ne le menaient à rien, entre autres parce qu’en fait il aimait ses hommes, il sortit rejoindre Francis au bureau du syndicat.

 
    37
    Épuisée de ses vaines déambulations à la recherche de l’officier, Sophie se souvint subitement de leur rencontre dans ce petit salon privé où elle s’était endormie, et où il lui avait confié aimer venir trouver le calme. Après de longues recherches dans ces coursives qui n’en finissaient pas, elle retrouva le salon et en ouvrit la porte, le coeur battant, espérant le trouver dans un large fauteuil, endormi peut-être, jambes allongées sur le tapis de laine jaune d’or.
    Hélas, il n’y était pas.
    Le petit salon était désert et, comme la première fois, il était plongé dans une totale obscurité. Elle trouva l’interrupteur et attendit que les néons sous le plafond de verre dépoli l’éclairent en douceur. Sur les murs, les panneaux de laque rouge et la flamme jaune étaient aussi mystérieux et apaisants que la première fois. Elle s’apprêtait à s’installer dans un fauteuil pour rêver à l’officier, espérant peut-être qu’il arrive, quand elle entendit des voix derrière la porte. Instinctivement et sans trop savoir pourquoi, comme si elle était en faute, elle éteignit et se cacha derrière le seul endroit possible. Un large et épais rideau qui faisait office de cache-porte quand on le tirait.
    Une femme entra la première. Elle alluma et fit rapidement passer Andrei et Gérard, puis elle referma la porte à clé derrière eux.
    — Pourquoi tu fermes à clé ? demanda sèchement Andrei. Ce n’est pas bon de faire ça, on n’a rien à cacher.
    Et pourquoi tu nous as amenés ici ? Je n’aime pas cet endroit. Il n’est pas fait pour nous, on n’a rien à y faire. On peut parler ailleurs.
    — Ah oui ! Et où ? Tu peux me le dire, toi qui es si malin ? répliqua-t-elle, vexée. Aux toilettes éventuellement, sinon, pour être vraiment seuls, moi je ne vois pas.
    — Ne vous disputez pas, ce n’est pas le moment ! intervint Gérard pour calmer le jeu. C’est très bien, soeurette, tu ne pouvais pas trouver mieux. Mais tu es sûre que personne ne vient ici ?
    — Oui, j’en suis sûre. C’est un salon qui doit servir pour des réunions privées. Normalement, il devrait toujours être fermé à clé, mais les filles du ménage le laissent ouvert pour ne pas avoir à aller chercher et ramener la clé à chaque fois. Je l’ai prise en douce pour qu’on s’enferme, au cas où. Ici on peut parler en paix, on ne sera pas interrompus toutes les deux minutes.
    Sophie avait reconnu la voix de Chantal et, derrière son rideau, elle entendait parfaitement toute la conversation. Très gênée de se retrouver dans cette position indiscrète et peu flatteuse, elle ne savait plus quoi faire. Sortir de

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