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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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simple ? Vous autres aristocrates, il vous faut toujours des noms à tiroirs…
    — Je connais bien celui-là.
    — Bon. Peu importe. Vous avez ce qu’on vous a demandé ?
    — Oui.
    — Tout y est ?
    — Tout.
    — Bien. Alors maintenant écoutez ! Vous allez rentrer à votre hôtel et y rester sans bouger jusqu’à ce soir. À neuf heures, vous sortirez sous les arcades de la rue de Rivoli en vous arrêtant au coin de la rue Rouget-de-l’Isle. Une voiture viendra vous prendre mais jusque-là vous ne communiquerez avec personne. Compris ?
    — Si par personne vous entendez la police, soyez tranquille.
    — Pas seulement ! Nous savons que vous connaissez du monde à Paris. Alors ne faites pas l’imbécile. Votre mari pourrait en pâtir : le moindre suspect à l’horizon et il ne revoit pas la lumière du jour.
    — Comment va-t-il ?
    — Comme on peut aller quand on est enchaîné au fond d’un trou avec un pain de quatre livres et un seau d’eau tous les deux jours. Il était temps que vous arriviez d’ailleurs, car on allait diminuer ses provisions de moitié. Vous allez le trouver changé !
    De nouveau le ricanement pénible. Les doigts de la jeune femme se crispèrent sur l’appareil au point de blanchir aux jointures.
    — C’est tout ce que vous avez à me dire ?
    — Non. Comment êtes-vous habillée ? On a une belle photo de vous en robe du soir mais je suppose que vous ne vous baladez pas avec des kilomètres de satin blanc et une fortune en émeraudes ?
    — Je porte un tailleur gris sous un cache-poussière, un chapeau de feutre gris… et des lunettes !
    — Parfait. À ce soir… et tenez-vous tranquille hein ?
    — Comme si j’avais le choix…
    Elle raccrocha, paya sa communication et repris à pas lents le chemin de l’hôtel. Revenue dans sa chambre, elle s’adossa un instant à la porte refermée en laissant tomber la serviette et s’efforça de respirer à fond pour essayer de calmer les battements désordonnés de son cœur. Puis elle arracha son chapeau et se jeta sur le lit où elle éclata en sanglots désespérés. La tension subie depuis qu’elle avait reçu l’affreuse lettre était devenue intolérable, mais jusqu’à présent le bienfait des larmes lui avait été refusé. Or, si vaillante qu’elle fût, il y avait tout de même une limite à la résistance de Lisa Morosini…
    Elle pleura longtemps mais, peu à peu, les sanglots, si douloureux au début, s’apaisèrent et l’épouse d’Aldo finit par sombrer dans un sommeil dont elle avait le plus grand besoin…
     
    L’après-midi était avancé quand elle s’éveilla. Il y avait une éternité qu’elle n’avait aussi bien dormi et il lui fallut un moment pour réaliser où elle se trouvait, avant que la notion de ce qui s’était passé et de ce qui allait advenir ne lui revienne. Des jours de colère aboutissant à des jours d’angoisse pour en arriver à ce voyage dont elle ne savait trop comment il se terminerait…
    La colère était venue quand, à Vienne, elle avait reçu ces lettres indignées de son cousin Gaspard Grindel qui dirigeait la succursale parisienne de la banque Kledermann. Il avait vu Aldo souper en tête à tête chez Maxim’s avec une ravissante créature, repartie d’ailleurs avant lui, mais qu’il avait suivie et chez qui, par la suite, il s’était rendu plusieurs fois. La première épître l’avait agacée bien qu’elle se fût refusé à lui attacher trop d’importance : elle savait que Gaspard, en bon Suisse, n’aimait guère celui qu’il appelait l’« Italien », mais c’était un homme honnête qui ne se serait pas amusé à affabuler. Du coup Lisa avait accepté cette invitation chez les Colloredo, puis le séjour inattendu à Rudolfskrone, afin d’exciter un peu la jalousie de son époux tout en l’incitant discrètement à la rejoindre. Mais il n’en avait rien fait, se cramponnant à cette histoire de meurtre dans lequel il était témoin… ce qui, selon Gaspard, ne justifiait nullement qu’il prolonge à ce point son séjour. Et puis il y avait eu cette abominable coupure de journal : la belle comtesse avait été assassinée, tenant dans sa main une lettre passionnée. Aldo était en fuite, accusé du meurtre pour lequel, malheureusement, il y avait un témoin…
    À sa petite-fille, M me  von Adlerstein avait affirmé aussitôt que c’était impossible. Un coup monté, peut-être, une affreuse machination, mais Aldo

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