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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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train de caresser la fière tête du dieu-faucon Horus quand il entendit bâiller. Presque aussitôt l’escalier grinça sous le pas pesant d’un homme qui vient de se réveiller, puis ce fut la porte de la cuisine qui grinça à son tour. Contrairement à ce qu’il pensait, La Tronchère était là mais il avait dû faire une longue grasse matinée. Il est vrai qu’il s’était couché fort tard.
    Un sourire qui ressemblait à une grimace détendit le visage fatigué d’Adalbert qui mit la main à sa poche et tira son revolver : le petit déjeuner du voleur aurait du mal à passer… Pourtant, avant d’entrer dans la cuisine, il eut une autre idée : il alla à la fenêtre et arracha les cordons de tirage des doubles rideaux, les passa à son cou pour avoir les mains libres et reprit son chemin, s’arrêtant un instant pour écouter. Le bruit du moulin à café le renseigna sur ce que faisait La Tronchère. Alors il fit son entrée :
    — J’espère que vous avez prévu large, mon cher confrère, fit-il aimablement. J’en prendrais bien une tasse !
    La gueule noire de l’arme braquée démentait la bénignité des paroles et Fructueux La Tronchère accusa le coup : il émit une sorte de hoquet, leva des bras tremblants, écarta les genoux dans un réflexe machinal et laissa tomber le moulin dont le contenu se répandit sur le carrelage.
    — Quel maladroit ! soupira Adalbert qui ajouta après un coup d’œil au paquet de café ouvert. Mais je crois qu’il n’y a pas à regretter : cette marque de café ne vaut pas grand-chose ! Et maintenant, cher ami, veuillez vous lever en gardant les bras en l’air et allez vous mettre face à ce grand placard.
    L’autre obéit sans protester : visiblement il mourait de peur mais il trouva cependant la force de bafouiller
    — Qu’est-ce… qu’est-ce que vous… me voulez ?
    — Te mettre hors d’état de nuire, après quoi réglerons nos comptes…
    Il palpa d’une main rapide le corps rondelet mais musclé de La Tronchère, qui était un faux gros trapu, explora les poches d’une attendrissante robe de chambre verte imprimée d’oiseaux roses, posa son revolver et, en quelques gestes prompts, saucissonna solidement sa capture qu’il ramena ensuite s’asseoir sur sa chaise. Puis, parodiant le baron Scarpia au second acte de la  Tosca  :
    — Et maintenant causons d’amitié pure ! Je croyais vous avoir accordé une semaine pour me rapporter ce que vous m’avez volé. Or je m’aperçois que vous n’en preniez pas le chemin : mes biens décorent encore votre salon. Pas tous, d’ailleurs ! Il en manque…
    — Il y en a là-haut, dans ma chambre, fit La Tronchère de mauvaise grâce. Et puis j’ai vendu deux ou trois pièces.
    — Quoi ! Non seulement tu m’as pillé, s’écria Adalbert, renonçant définitivement à toute formule le politesse, mais en plus tu as osé vendre une partie de ton larcin ? Moi qui croyais que tu avais agi par pur amour de l’art ! C’est impardonnable !
    — Oh, ce n’était pas de gaieté de cœur, mais je ne suis pas riche, moi ! Il faut que je vive et avec vous à mes trousses personne ne m’aurait employé !
    Il oubliait peu à peu sa peur sous l’influence d’une colère qui finit par exploser :
    — Et puis, après tout, je n’ai fait que prendre ce que vous aviez déjà volé ! Alors qu’allez-vous faire de moi ? Me livrer à la police ? Vous aurez du mal à expliquer votre position. Me tuer ?…
    — Je ne suis pas un assassin… mais en ton honneur je pourrais peut-être me forcer, puis creuser un trou dans ton jardin. Je manie la pelle et la pioche comme un dieu !
    — Vous n’allez pas faire ça ? Je n’ai tué personne…
    — C’est vrai, concéda Adalbert. Mais avant de décider ce que je vais faire de toi, il faut que j’effectue un tour là-haut. Voir ce qui s’y trouve.
    Remettant le revolver dans sa poche, il grimpa l’escalier en quelques enjambées, explora deux chambres qui n’avaient à lui offrir qu’un mobilier sans intérêt, puis une troisième qui était celle du maître si l’on en jugeait par le lit en désordre. Il n’y avait à cet endroit que deux objets, mais admirables : deux têtes de femme en bois polychrome de la XII e  dynastie où paraissaient encore des traces de peinture et qu’Adalbert aimait particulièrement. Posées sur des sellettes, elles faisaient face au lit, encadrant de leur splendeur une fenêtre qui n’en

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