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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vers eux en traînant une valise.
    — Qui est-ce ? demanda Morosini en constatant que personne ne faisait mine de le débarrasser de son encombrant bagage.
    — Un célèbre astrologue de Bombay, Shandri Patel. Veuillez m’excuser un instant, s’il vous plaît !
    Il s’écarta, appela d’un claquement de doigts deux soldats que les voyageurs n’avaient pas remarqués et leur désigna le nouveau venu. Ils allèrent vers lui, prirent la valise puis l’empoignèrent chacun par un bras pour l’entraîner, sans s’occuper de ses protestations, vers une voiture militaire qui stationnait non loin d’une imposante Rolls Royce.
    — Où l’emmène-t-on ? demanda Morosini sans cacher sa surprise.
    — En prison, voyons ! répondit l’officier comme si c’était la chose la plus naturelle.
    — Et il est venu se faire enfermer de son plein gré ? fit Adalbert qui se souvenait d’avoir vu au wagon-restaurant ce petit homme rondelet et olivâtre qui semblait tellement satisfait de lui-même et jouait au grand seigneur.
    — Il est venu parce que Son Altesse l’a invité.
    — Si c’est ainsi que Son Altesse reçoit, fit Aldo qui tournait déjà les talons pour remonter dans le train.
    — Non, Excellence ! Le cas de cet homme est très différent. S’il est venu c’est parce que ce n’est pas un bon astrologue.
    — À quoi voyez-vous cela ?
    — Moi je ne vois rien. Le maharadjah, lui, pense. Ce n’est pas un bon astrologue parce qu’il aurait dû lire dans les astres qu’on le jetterait en prison à son arrivée. Veuillez me suivre, Messieurs !
    — Eh bien, souffla Adalbert tandis qu’on lui emboîtait le pas, je crois que nous pourrions avoir des surprises… Ça commence bien !
    — La seule chose à faire, c’est de ne pas traîner ici, fit Aldo même jeu. Je vais essayer de régler l’affaire dans la journée et on repart.
    — On aura du mal. Il t’a annoncé une chasse au tigre, ne l’oublie pas !
    — Je déteste la chasse quelle qu’elle soit !
    On rejoignit la longue voiture dont la carrosserie argentée brillait doucement dans l’obscurité qu’éclairait à peine un mince croissant de lune. Un serviteur en ouvrit la portière armoriée devant Morosini, qui s’effaça aussitôt pour laisser monter son ami. C’était sans doute un accroc au protocole puisque celui-ci apparemment n’était pas classé hôte d’honneur, mais le Vénitien était bien décidé à faire admettre ses propres règles. L’aide de camp ne pipa pas, se contentant de déglutir avec un effort visible. Aldo eut pitié de lui :
    — Votre maître me fait l’honneur de m’appeler son frère, expliqua-t-il avec son sourire le plus désarmant. Je saurai lui faire comprendre que ce grand honneur n’efface pas mes plus anciennes amitiés.
    Et il rejoignit Adalbert sur les coussins qui, comme tout l’intérieur de la voiture, étaient recouverts en peau de tigre… Ce qui ne parut pas l’enchanter. Le plus redoutable des félins semblait être le symbole même d’un État dont le prince en avait les yeux et peut-être les instincts féroces. L’incident de la gare était assez révélateur d’un humour froid et cruel. « Sortir de là au plus tôt ! » pensa-t-il. Restait à savoir si ce serait facile. Un vague pressentiment lui soufflait que lui et Adalbert, en dépit du confort raffiné de la somptueuse voiture occidentale, venaient de pénétrer dans un temps reculé où les choses dépendaient du bon plaisir d’un seul homme. Adalbert devait en penser autant car Morosini entendit soudain :
    — De toute façon, on ne lambinera pas ici au delà de la date fixée pour le départ pour Kapurthala.
    — On dirait que tu n’es pas tranquille toi non plus ?
    Adalbert fit la grimace :
    — L’atmosphère n’est guère propice à la franche sérénité. Ce type aime un peu trop les tigres. J’ai tendance à en voir partout maintenant. Il y en a même un peint sur les portières, soutenant avec un taureau le blason du seigneur. Lequel se compose d’ailleurs d’un katar, le redoutable poignard hindou, sur champ d’azur. Pas rassurant, tout ça !
    — Je te l’accorde, mais peut-être ne faut-il pas s’attacher trop aux apparences ? Comme dans tous les États de l’Inde depuis que le roi d’Angleterre en est l’empereur, il doit bien exister ici un quelconque résident britannique ? Oh, regarde comme c’est beau !
    Oubliant ses craintes imprécises, Aldo venait de

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