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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’un des absurdes fauteuils Louis XVI. Un verre embué contenant un liquide transparent qui ne devait pas être de l’eau était posé à côté. Elle s’en empara aussitôt et le vida d’un trait :
    — C’est une mauvaise habitude de boire seule ! remarqua doucement Morosini. Cela donne en général de tristes résultats.
    — Vous en voulez ?
    Se retournant sur son lit de coussins, elle pécha derrière elle une bouteille de vodka, ordonna à son visiteur d’aller se chercher un verre dans un cabaret posé sur une table et le remplit avant d’en faire autant pour le sien :
    — Cul sec ! intima-t-elle en joignant le geste à la parole avant de jeter le verre et de se laisser aller dans ses coussins avec un étirement plein de lassitude et de grâce.
    — Alors ? Qu’avez-vous à me dire ?
    Aldo ne répondit pas immédiatement. Il la regardait en pensant que c’était une bonne chose d’être marié – et marié à Lisa ! – parce que cette femme était diablement séduisante avec ses grands yeux pâles embrumés par l’alcool et cet allongement de son corps qui en accusait le galbe et laissait voir à la limite de la peau, une jambe ravissante dans un bas de fine soie noire.
    — Eh bien, soupira-t-elle. Vous ne dites rien ?
    Elle le tentait délibérément et en d’autres temps il eût peut-être cédé. Faire l’amour est une excellente façon d’oublier un moment ses soucis mais quelque chose lui disait qu’avec cette femme ceux-ci pourraient s’en trouver aggravés. Et puis le respectable père d’Antonio et d’Amelia ne se roulait pas par terre – même avec des coussins ! – en compagnie d’une belle inconnue douteuse !
    — Je me posais une question, répondit-il enfin, mais le mieux est que je vous la pose à vous : pourquoi avez-vous tellement peur du marquis d’Agalar ?
    L’effet fut magique : aussitôt la sirène retrouva la terre ferme et tous ses dangers. Elle pâlit et ses doigts minces s’entrelacèrent, se serrèrent, bien qu’elle essayât de donner le change :
    — Pourquoi pensez-vous que j’en ai peur ? Et d’où le connaissez-vous ?
    — Je ne le connais pas, fit paisiblement Aldo, mais vous allez y remédier. Quant à en avoir peur : dites-moi donc pourquoi vous avez simulé une quinte de toux dès l’instant où il a pénétré dans le restaurant.
    — C’était une vraie quinte de toux !
    — Opportune, alors ? Elle s’est arrêtée pile quand vous êtes sortie. Vous avez confié votre serviette à la dame-pipi et vous avez réclamé un taxi que vous êtes allée attendre dans la rue. Vrai ou faux ?
    — Vrai…
    Elle admettait en ne disant rien de plus. Assise à présent dans ses coussins elle jouait nerveusement avec l’un de ses bracelets. Aldo s’assit près d’elle mais sur le tapis et en tailleur. Il prit, dans son étui d’or, une cigarette qu’il alluma et plaça d’autorité entre les lèvres de la jeune femme avant de se servir.
    — Si vous me disiez la vérité, Tania ? Il me semble que cela vous ferait du bien. Qui est ce type d’abord ?
    Elle tira quelques bouffées avec une sorte d’avidité puis soupira :
    — Mon amant jusqu’à ces temps derniers. Et aussi mon ami. Du moins je le croyais…
    — Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
    Elle raconta alors sa rencontre avec José d’Agalar à l’une des grandes soirées de Paris organisées au bénéfice du Comité de secours aux réfugiés russes. Un ami commun les avait présentés et, pendant des semaines, ils ne s’étaient plus quittés. Agalar se disait passionnément amoureux et il avait faite sienne la quête de son amie à la recherche des bijoux envolés.
    — J’étais tellement heureuse ! exhala la jeune femme. Il m’en a retrouvé deux. Pas les plus importants, bien sûr, mais c’était déjà un début. Et il a réussi à les avoir pour un prix vraiment doux…
    — Parce qu’il vous les a fait payer ?
    — Quoi qu’on en dise, il n’a guère de fortune. C’est sa famille qui est très riche. Quant à moi, il était normal que je dédommage un peu les innocents possesseurs de ces bijoux volés. Et puis je l’aimais à un point que vous n’imaginez pas. Je songeais même à l’épouser quand il m’a fait comprendre qu’il n’y tenait pas, préférant rester célibataire pour ne pas offenser les siens qui lui tenaient en réserve une fiancée quasi princière…
    — Première blessure ? fit

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